Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/446

Cette page n’a pas encore été corrigée

879

MONISME

880

VI. Monisme matérialiste et biologique. — Succé dané actuel de V ancien malérialisme, il prétend absorber dans la biologie la science et la philosophie,

A. Le monisme liæckélien, dont son fondateur prétend faire une sorte de religion nouvelle, n’est fondé, comme système philosophique, que sur des affirmations sans preuves, déjà réfutées à l’article Matérialisme.

B. La théorie de Le Dantec est une tentative clairement avouée de réduire la vie, la sensation et la pensée à un mécanisme quantitatif ; mais l’auteur, se bornant à affirmer son « transformisme philosophique », n’a expliqué l’origine ni de la matière elle-même et du mouvement, ni de l’organisme, ni de la conscience, ni surtout de la personnalité.

C. Bref exposé de systèmes moins connus, spécialement : 1) en Allemagne, a) Strauss, b) Noire, c) Dûhring : — 2) en France, a) Lapouge, Soury, Pioger ; b) Charles Lemaire et ses atomes animés ; c) Clémence Royer et le dynamisme atomique ; U) Conta et sa théorie de l’ondulation universelle.

D. Conclusion : le monisme biologique, loin d’expliquer le monde, n’e.rplique pas même la vie.

VII. Monisme natubaliste. — Il fait de l’esprit et de la matière le double aspect d’une même réalité. En germe dans certains des systè/nes précédemment discutés, il se présente aujourd’hui sous plusieurs formes :

1) Telle qu’elle est formulée par quelques-uns (Patilhan, Lange, Verworn), l’interprétation du double aspect, prise à la lettre, aboutirait à la négation de toute réalité.

?) Chez plusieurs elle ne fait guère que voiler un matérialisme véritable.

3) D’ordinaire, elle aboutit à l’idéalisme ou au pampsycliisme. Ainsi entre autres : a) L’indistinct d’Ardigo, soumis à une différenciation croissante, mais dans lequel les déterminations sont purement subjectives, œuvre de l’esprit individuel réellement identifié avec l’indistinct lui-même : contradiction inhérente à la théorie, b) le mindstuirrfe Clifford, qui prétend conclure du parallélisme, par un raisonnement à forme mathématique sans valeur en l’espèce, que la réalité primitive est de nature psychique. —

c) t’évolutionnisme des idées-forces de Fouillée, monisme immanent et e.vpérimental, dans lequel l’évolution est expliquée par une « volonté de conscience » tendant sans cesse à se réaliser. Brève indication des objections principales soulevées par ce o volontarisme intellectualiste » ; vice dans la méthode employée ; échec dans la tentative de réduction à l’unité.

— De plus, l’auteur mérite la plupart des reproches adressés par lui au.r doctrines qu’il combat. —

d) Le naturalisme monisle de Gurau, sorte de pananimisme, dans lequel l’évolution est identifiée avec le progrès de la vie ; ici encore, le dualisme de la sensation et du mouvement n’est résolu qu’en apparence.

VIII. RÉFUTATION GKNÉhALE. — A. Le mouisme est une hypothèse gratuite et sans fondement. — a) Son postulat du progrès universel, n’étant ni évident a priori, « ! appuyé sur une induction légitime, n’a d’autre valeur que celui de l’unité de l’Etre, dont il est la conséquence. — 1)) Cette unité elle-même ne s’impose nullement à l’esprit : les données de la conscience et de la raison ne la suggèrent point et invitent seulementà conclure à l’harmonie universelle et à certaine unité logique. — c) De cette unité logique on ne peut inférer immédiatement l’unité ontologique, sans supposer admis le postulat, tout aussi gratuit, dusubjectivisme ou du relativisme.— d) On ne peut davantage ta conclure de la loi de l’évolution immanente, sans commettre une pétition de principe, — ni des données

de l’expérience, qui écartent cette interprétation.

— e) L’invraisemblance de l’hypothèse est confirmée par la diversité même des solutions proposées. — f) Impossible, d’autre part, de voir, avec une école contemporaine, dans la multiplicité des êtres, ou le <i morcelage », un pur postulat. — g) Impossible aussi d’expliquer le dualisme psychologique avec Roberty par « l’identité des concepts surabstraits », ou h) avec Durkheini par la sociologie et l’opposition du profane et du sacré. — Conclusion.

B.Le monisme est une hypothèse fausse et contradictoire. Ce n’est pas seulement une théorie dénuée de preuves et moins plausible que la doctrine d’un Dieu créateur. C’est encore, au seul regard de la raison, une hypothèse : i) évidemment fausse, puisqu’elle nie l’e.iislence de Dieu et la création, vérités victorieusement démontrées par la philosophie ; 2) intrinsèquement contradictoire ; a) par son concept d’un être en soi « l’état d’embryon : b) par la virtualité infinie qu’elle attribue à cet Etre embryonnaire ; c) par l’évolution qu’elle prête à l’Etre nécessaire ; d) par l’inexplicable différenciation de l’Un tout ; e) par le progrès purement immanent du monde. — Conclusion. Ces contradictions résultent toutes du postulat irrationnel fondamental d’un devenir absolu. Ainsi le monisme, en opposition radicale avec l’enseignement catholique, rompt en visière avec les premiers principes de la raison.

I. Origine du mot et ses signiâcations diverses. — Ce terme de monisme (de, « » ; , seul, unique), d’origine récente, ne date guère, en France du moins, que d’une quarantaine d’années : on le cLerclierait en vain dans le Dictionnaire philosophique de Franck, et Littré lui-même ne le relève que dans son supplément. lia joui au siècle dernier d’une fortune rapide, mais qui semble déjà décroître. Il sert d’ailleurs d’étiquette aux systèmes les plus divers, comme le constate le Vocabulaire technique de la philosophie (Bulletin de la Société française de philosophie, 1911, p. 167-160), qui conclut : « …Même en laissant de coté les applications secondaires, ce mot a reçu des sens très divergents. »

i) WoLFF, qui l’a créé, l’appliquait à la théorie métaphysique qui, par opposition au dualisme, ramène tous les êtres finis soit à la matière, soit à l’esprit. — C’est dans un sens analogue qu’il sert parfois, de nos jours, à a désigner la doctrine physique d’OsTWALD, pour qui il n’y a qu’une seule réalité subsistante, l’énergie, dont matière, gravitation, chaleur, électricité, pensée, ne sont que des modes ».

— Enfin, dans les pays de langue anglaise, le mot est souvent appliqué à la théorie dite du parallélisme psycho-physique, entendu comme une identification réelle des phénomènes matériels et mentaux.

Même en ce sens restreint, le monisme professe, ou du moins suppose nécessairement des aflirmationsincompatiblesavecune saine philosophie, puisqu’il nie la distinction essentielle et radicale de la matière et de la vie, du corps et de l’âme, du conscient et de l’inconscient (voir aux mots Ame, Idéalisme, Matérialisme). Mais, abstraction faite d’autres erreurs qui peuvent l’accompagner chez ses partisans et en tant qu’il se borne à l’interprétation unitaire du monde phénoménal, il n’exclut pas nécessairement l’existence de tout être supérieur à ce monde et ne réclame pas de ce fait une réfutation supplémentaire.

2) Cette dernière remarque s’applique, à plus forte raison, aux acceptions plus clroitçs encore et généralement plus vagues attribuées parfois au terme monisme : chez Paul Garus, par exemple, et aussi