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MOÏSE ET JOSUE

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données des homélies et des ordonnances sur la nature et les exigences du vrai Dieu el mr ses rapports avec Israël. Nous les avons syiilliétisées ailleuis (cl. }vw [Pbvpl, b], dans Oictioniiaire apologétique de la foi catholique, t. ii, col. 1577-1680). Ou noiera que, parlunUles attributs divins, nous avons relevé avec un soin spécial ce qui concernait la lionlé de Yaluveh. 273. — /3) Or c’est précisément celle insistance sur la bienveillance et la miséricorde divines qui contribuera à donner à la religion deuléronomique l’un de ses caractères les plus frappants. L’idée même du sentiment religieux continuera de s’exprimer toujours par la vieille formule qui tendait à montrer en Dieu un être terrible avant tout : 1a religion est la crainte de Yalmeli. Non que celle locution figure une seule fois dans le document que nous éludions ; mais très fréquemment l’on parle de craindre Yahweli et l’on indique les motifs qui juslilient cette attitude, les résultats bienfaisants qu’elle produit (Dent., iv,

I o ; v, 26 [Vulg. 2g] ; vi, 2, 13, 2^ ; viii, 6 ; x, 12, 20 ; XIII, 5 1 4 I, 1 2 1 1 1 1 ; xiv, 23 ; xxviii, 58). — /) Il n’est pas rare toutefois que les formules survivent aux idées qu’elles ont d’abord exprimées ; celles-ci en tout cas se modilienl fréquemment alors que les formules restent les mêmes. En fait, la religion du Deutéronoine n’est guère plus une crainte. La joie l’envahit de toutes parts (Dent., xii, 7, 12, 18 ; xvi, 11, i/(, 15). C’est qu’en ellel un sentiment nouveau l’a pénétrée, nn sentiment sur lequel le code revient avec une insistance exceptionnelle, i’rtmour de i alineli.Le préceple de cet amour accompagne celui de la crainte, coramepouren préciser la véritable nature (/* «  « (., x, 12) ; des effets analogues sont attribués à l’un et à l’autre (Deul., x, 13 ; xi, 13 ; xix, 9 ; xxx, 16, ig, 20). Mais l’amour est objet de commandements tout à fait spéciaux. Le principal est celui ci : « Ecoule, Israël : Yahweh notre Dieu est seul Yahweh. Tu aimeras Yahweli ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton àme, de toute ta force. « (Deut., vi, 5) ; c’est la formule de la plénitude de l’amour. — à) L’amour s’exprime envers le Dieu très bon par la reconnaissance (Z>eu(., vi, 20-25 ; VIII, 2, b, 17). Mais il doit surtout aboutir à des résultats eflectifs. Aussi le troisième élément que le législateur met à la base de la religion est le service de Yahweh (Deut., x, 12, 13).

II consistera dans une attitude de soumission, de dépendance, de déférence vis-à-vis du seul maître et du seul souverain ; il se traduira par le labeur au bénéûce de Yahweh, par l’observation de ses préceptes. — t) C’est ainsi que les sentiments dont le législateur veut voir la réalisation en l’àme des fidèles se trouvent admirablement synthétisés dans cet appel : « Et maintenant, Israël, que demande de toi Yahweh, ton Dieu, si ce n’est que tu le craignes en marchant dans toutes ses voies, en l’aimant et en le servant, en observant ses commandements et ses lois que je le prescris aujourd’hui pour que tu sois heureux ? » (Deut., x, 12).

S76. — e) De fait, ces sentiments pénètrent toute la pratique religieuse. — « ) La religion a sa place dans tous les détails de la vie de l’Israélite, qui doit se rendre perpétuellement digne d’appartenir à la nation sainte. Elle règle ses abstentions à la maison et aux champs (Deut., xiv, i ; xxii, 5, g, 10, 11, 12) ; elle a son rôle lors de la guérison de certaines maladies {Deut., XXIV, 8, 9) ; elle réglemente le régime alimentaire (/)e(j(., XIV, 3-21), les pratiques à accomplir lorsque, aux jours de fête, on veut manger la chair des animaux domestiques (/)eH^, XII, 16, 23, 2^, 25 ; xiv, 21 ; XV, 23). —, 5) Dans le Deutéronome, comme dans le Code de l’alliance, elle exige que le Adèle reconnaisse le souverain domaine de Dieu en lui faisant hommage de ses biens ; il continue de réclamer les

premiers-nés du troupeau (fleu/., xv, 19, 21 ; xvii, 1), les prémices de certains produits du sol (Z’('u(., xviii, 4) ; il demande de plus la dime du produit des semailles, du ra[>port des champs (Deut., xiv, 22), il provoque aux ollVandes spontanées (Deut., xii, 6, 17, 26, 27).

— /) L’exécution de nombre de ces prescriptions et de ces conseils aura lieu au sanctuaire national, autour duquel les [irètics de la tribu de Lévi exerceront leurs multiples fonctions (fleiU., xvii, 9-13, 18 ; xviii, 5 ; XXI, 5 ; xxvi, 3) ; la Loi nous donne une haute idée de ces hommes qui n’ont ni part ni héritage avec Israël, dont Yahweh est le seul héritage {Deut., XVIII, I, 2 [cf. X, 9 ; xii, 12 ; XIV, 27, 29]). Ils ont sans doute pour auxiliaires les prophètes (Deut.,

XVIII, 9-22), probablement plus nombreux autour du Temple que dans le reste du pays. Les pèlerinages seront donc fréquents à Jérusalem ; mais c’est aux trois grandes fêles de Pâques, de la Pentecôte et des Tabernacles, sur lesquelles le Code deutéronomique fournit des détails étrangers au Code de l’alliance {Deut., xvi). qu’ils entraîneront dans leur mouvement la plus grande partie de la population.

877. — S) En ces manifestations du culte, un vif sentimentde joie et de bonheur se fera jour, inspiré [lar l’amour de Dieu. Il s’exprimera dans la participation aux rites saints, au cours desquels on se rappellera les bienfaits que Dieu a multipliés en faveur de son peuple (cf. Deut., xxvi, 5-io), davantage encore peut-être dans les repas sacrés et les fêtes qui en seront le complément. L’àme Israélite sera toute pleine du sentiment exprimé par le psalmisle :

« Yahweh n’a pas agi de même envers les autres

nations ! i> (P5.CXLV11, 20). ^ £)Mais l’amour de Dieu dilate les cœurs. Sous le regard de celui dans lequel on s’accoutume déjà à voir un père (cf. Deut., xxxii, 6), on s’habitue aussi à considérer comme des frères tous ceux qui participent à ses libéralités. Les pèlerinages ne groupent souvent que des familles ; mais, à côté des parents et des enfants, on voit les serviteurs et les servantes, puis le lévite pauvre du village, el encore l’étranger, la veuve et l’orphelin qui habitent au milieu d’eux (/>e((7., xii, 12, 18 ; xiv, 27 ; XVI, II, i^). Aux jours des grandes panégyries, c’est la nation tout entière qui se prend à dire : Qu’il est doux, qu’il est agréable pour des frères de se trouver ensemble I » (Ps. cxxxiii, i).

878. — B. Lois sociales et politiques. — a) Lorsque, dans le domaine de la religion révélée, un progrès est une fois réalisé, on ne constate jamais de retour en arrière. Tout comme dans le Code de l’alliance, on trouvera dans le Deutéronome un sens très vif de la justice. — ^) Le respect de la vie humaine est encore garanti parla loi du laVion (Deut.,

XIX, 16-21 ; Ii-13). Que si l’homicide ne peut être vengé parce que, par exemple, le meurtrier est introuvable, on a le sentiment que le crime pèse sur la société comme un mal redoutable ; il ne faut pas moins d’une cérémonie solennelle pour ôter le sang innocent du milieu d’Israël (Deut., xxi, 1-9). — /3) Le respect de la propriété inspire les ordonnances concernant les bornes et limites des champs (Deut., XIX, ili), l’usage des poids justes et des balances exactes (Deut., xxv, 13-iC) ; il inspire, en même temps que les recommandations faites aux juges (Deut., XVI, 18-20), l’institution du tribunal à double instance (Œu^, xvii, 8-13)> les prescriptions concernant le nombre et la sincérité des témoins (Deut., xvii,

2-7 ; XIX, l5-2l).

879. — Ij) Ce serait toutefois méconnaître la note dominante des ordonnances deutéronomiques que d’insister outre mesure sur la justice. Leur caractère propre est dans ces attentions humanitaires qui doivent adoucir les rapports des hommes