Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/426

Cette page n’a pas encore été corrigée

839

MOÏSE ET JOSUE

840

ne peut les frapper ou les maudire sans encourir la peine de mort (xxi, 15, i ;). — h) Tel le sentiment de délicatesse en matière de moralité proprementdite. Certains crimes contre nature sont châtiés avec la dernière rigueur (xxn, 18 [19]). La vierge est l’objet d’une protection toute particulière. La séduction apparaît comme une forme d’adultère ; elle entraîne le mariat’e et le paiement du moliar. La jeune tille toutefois est la propriété de son père ; s’il refuse de la donner au séducteur, celui-ci n’en doit pas moins, à raison du dommage causé, payer le moliar ou prix d’achat (xxii, 15, 16 [16, 17I). A noter encore la mesure prise (xx, 26) en vue d’assurer la parfaite décence dans l’exercice du culte.

370. — Tels sont les traits principaux qui signalent le premier des codes qui sollicitent notre attention. On ne saurait en méconnaître la beauté. Il faut toutefois remarquer le point faible que seul le christianisme ell’acera. Le prochain se confond avec l’Israélite. Il n’est pas question de devoirs envers l'étranger, en dehors du cas où celui-ci veut séjourner dans le pays et prendre sa part de la vie nationale igér). Le Code de l’alliance est étroitement nationaliste.

30 Code deutéronomique

271. — Sur les idées des criti<iues touchant la composition du Deutéronome, i’id. siipr., 38, 39.

Deux remarques préliminaires auront leur utilité. — a) Il est de toute évidence d’abord que le Code deutéronomique prévoit un état de la société Israélite notablement en progrès sur celui que suppose le Code de l’alliance. La vie politique et civile y apparaît dans le plein épanouissement qu’elle atteignit aux jours les plus brillants de la monarchie Israélite ; les rapports familiaux et sociaux se ressentent, par leurs caractères et leur multiplicité, du progrès général. La vie religieuse, à son tour, est soumise à un ensemble de règles, de prévisions, de précautions, qui témoignent d’une organisation plus avancée. On n’oubliera pas que, d’après ses données les plus fondamentales, le Deuléronome ne devait pas entrer en vigueur avant l'époque de Salomon et l'érection du grand Temple. — b) Nous sommes abondamment renseignés sur l’esprit de ce nouveau code. D’une part, les énoncés sont moins succincts, moins arides que ceux du Code de l’alliance et les considérations destinées à en presser l’exécution se mêlent souvent à l’exposé même des ordonnances. D’autre part, les homélies qui précèdent et qui suivent le code proprement dit n’ont d’autre fin que de mettre en relief le sens des préceptes et les motifs de les observer. Or, même au regard des critiques qui les regardent comme d’une date postérieui-e à la législation, ces discours développent avec une réelle fidélité les points de vue de l’auteur des lois. Nous pouvons donc nous appuyer sur ces homélies aussi bien que sur les énoncés eux-mêmes.

278. — A. lioia religieuses- — « ) La principale préoccupation du législateur est la pureté de la religion. — « ) Elle s’exprime en fonction des circonstances dans lesquelles se déroulera la vie d’Israël, d’une manière plus spéciale, en fonction des relations que le développement de sa vie nationale lui créera avec les autres peuples. Dès son arrivée en Canaan, il vivra avec les nations qu’il ne réussira pas à totalement expulser. Plus tard il aura des rapports avec les Cananéens de Phénicie, avec les Syriens de Damas, avec les Assyriens et les Babyloniens. Ces fréquentations ne seront pas sans danger quand elles seront pacifiques, et il faudra redouter la contagion du relâchement religieux. Le péril sera bien plus grand lorsque avec ces étrangers Israël

contractera des alliances ; l’union politique n’ira presque jamais sans compromis sur le terrain du culte. On comprend donc les sollicitudes de l’auteur du code que nous étudions. Avant tout il faut assui-er l’observation du plus rigoureux monothéisme. Dans ce but, toute alliance est interdite avec les Cananéens lors de l’entrée en Palestine ; il faut les exterminer, ils sont voués à l’anathème (Dent, , vii, at) 4). A plus forte raison faut-il faire la guerre à leurs emblèmes religieux et les anéantir (Dcut., vii, 5, 26 ; XII, 2, 3). Telle est la gravité de l’idolâtrie, qu’on doit en écarter à tout prix le danger. Nul doute que la faute elle-même sera châtiée avec la dernière sévérité. Le prophète qui voudrait y porter le peuple doit être mis à mort ; et aucun sentiment de pitié ne doit empêcher de sévir contre le frère, le fils, l'épouse, la fille qui inviterait un fils d’Israël à commettre une action aussi criminelle. Quanta la ville qui se sera laissé entraîner, elle est vouée à l’anathème (/'eut., un). Pas moins que la contagion des cultes cananéens, le législateur ne redoute celle des cultes sidéraux, chers à nombre de Sémites, aux Assyriens en particulier (Dent., IV, 19 ; V, 9-9 ; XVII, 2, 3). — fi) La pureté de la religion et la lutte contre l’idolâtrie entraînent l’interdiction d’introduire dans la culte de i’ahueh les emhlèmes et usages païens (Deut., XII, 4, 30, 31^). De là, la prohibition de certains rites cruels (Dent., xii. 31') ou simplement sus|iecta (Deut., XIV, i^, 2) ; la proscription de certaines institutionsau caractère honteusement immoral (/> « » /., xxiii, 18, ig[Vulg. 17. 18]) ; l’horreur pour tout ce qui relève de la superstition et de la magie (Deut., xviil, 9 li), l’exclusion des emblèmes qui figuraient à côté des autels païens (/>£(//., xvi, 21, 22).

273 — "/) Une si rigoureuse orthodoxie ne pouvait alors être maintenue que par une étroite vigilance. C’est en partie en vue de ce contrôle qu’est formulée la loi la plus fondamentale du Code deutéronomique, la loi de I unité df sanctuaire. Cette ordonnance avait, il est vrai, une autre raison d'être : à une date où il y avait autant de dieuxque d’autels, même quand plusieurs de ceux-ci se réclamaient du même vocable, il fallait à tout prix, pour rendre sensibles et efficaces les exigences du seul Dieu qui n’admît pas dérivai, concentrerles hommages quilui étaient rendus en un lieu unique, prolongation normale de l’unique tabernacle du désert. De là l’insistance du législateur.. l'époque à laquelle il se place lui-même, chacun fait ce que bon lui semble, parce que le peuple n’est pas encore arrivé au repos ni à lliéritage que Yalivveh, son Dieu, lui réserve ; chacun peut sacrifier à tel endroit qui lui plaît (l^eut., xii, 8, 9). Il n’en sera pas toujours de même. Un temps viendra où Israël possédera l’héritage que Yahweh lui destine. C’est alors que Yalnveh se choisira, dans l’une des tribus, un lieu pour y faire demeurer son nom (Deut., XII, 5, ii= ». 21^). C’est là et là seulement, qu’on lui présentera ses prémices et ses dîmes, ses sacrifices et ses offrandes, qu’on accomplira ses vœux (Deut., -^11, II, 14. 17, 18, 26, 27 ; ^'*'- ^^- 2^, 25 ; XV. 20' ; XVI, a ; 6, 7, 1 1, 15, 16 ; xviii, 6-8 ; xxvi, 2). Désormais il faudra bien se garder d’offrir des holocaustes dans les lieux qui, par leurs sites ou par leurs souvenirs, pourraient exercer sur les âmes quelque attrait spécial (Deut., XII, 13).

374. — //) Ce n’est pas assez d’avoir écarté du seul sancluaireles diverses influencesqui pourraient compromettre la pureté du culte. Pour que celui-ci ne dégénère pas en un vain formalisme, il faut préciser les settiments reiiçiieux qu’il doit exprimer. Le législateur deutoronomiste s’en est occupé. — a) Tout d’abord il faut éclairer les intelligences en déterminant l’objet de leur foi. De là les nombreuses