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MOÏSE ET JOSUE

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est certain, c’est qu’en présence de cette puissante cité et à cette heure décisive, les Israélites comptèrent moins sur les moyens humains que sur les promesses et les interventions de Yahveh. De là les rites qui se déroulèrent pendant sept jours. Ces processions, qui revêtaient peut-être le caractère d’une prise de possession du terrain au nom de la divinité et qui pouvaient laisser présager l’anathème, avaient vraisemblablement une double fin : impressionner et décourager l’ennemi qui, dans son vulgaire hénothéisme, ne songeait pas à nier l’existence et la puissance des dieux étrangers, moins encore celles de Yahweh, dont la renommée lui avait appris les exploits (cf. /os., II, 8-11). Davantage encore, attirer la bénédiction et la laveur divines. L’espoir de Josué et de ses vaillants ne fut pas déçu. Le septième jour, au moment où la cérémonie se terminait au milieu des clameurs des assiégeants, la muraille s’effondra et le peuple monta dans la ville, chacun devant soi. L’intervention divine était des plus claires.

Deuxième Section

La législation mosaïque

338. — Sous peine de prolonger outre mesure cette étude déjà si étendue, nous devons nous contenter d’un simple aperçu sur la question de la législation mosaïque. Aussi bien, le sujet n’est pas neuf ; bien des fois, même en ces derniers temps, les auteurs catholiques l’ont étudié ou repris. Il ne se prête pas d’ailleurs aux rajeunissements dont on peut rêver sur un autre terrain. Nous nous bornerons à traiter brièvement les trois points suivants.

I. Caractères généraux de la Loi mosaïque.

II. Caractères particuliers de chacun des c()d<-s qui la constituent.

lU. Développement de la Loi mosaïque.

I. — Caractères généraux de la Loi mosaïque 1 » Les Codes du Peatateuque

S39. — 1° Le premier code est le Décalogue luimême. — a) Il se présente à nous sous deux formes. Dans Ex., xx, 1-19, il paraît à première vue se rattacher au Code de l’alliance, qui le suit d’assez près. Il en est toutefois séparé par un extrait de récit ; il peut en conséquence être traité comme un élément distinct, comme un tout à pari. On le retrouve bien comme un tout à part (Deut., v, 6-18 ; Vulg. 6-21) dans les homélies préliminaires du iJeuléronome, — b) C’est dans ce dernier contexte que l’identification est établie avec précision entre le Décalogue et les paroles de Yahweh écrites par lui-même sur deux tables de pierre (Deut., y, 19 [22]). C’est même grâce à ce texte précis que l’on peut rapporter au Décalogue certaines indications de i’Exnde où il est question des préceptes écrits par Dieu svir des tables de pierre. Autrement Ex., xxiv, 12 et xxxi, 18 seraient plus naturellement appliqués aux législations qui séparent ces deux versets. D’autre part, Ex., XXXIV, I, li, 2'j, 28, ont, en eux-mêmes, toute apparence de se rapporter à la législation renfermée dans les versets 11-26 du même chapitre. — c) C’est aussi dans les homélies deutéronomiques (Deut., iv, 13 ; X, 4) que les préceptes A' Ex., xx, 1-17 sont explicitement désignées comme les « dix paroles » ; on y lit, en même temps, que ces paroles, écrites d’abord

fondations de la muraille cananéenne demeurent encore sur trois côtés. En revanche, du côté de l’Orient, elles sont détruites jusqu’au sol ; c’est sans doute que l’ennemi est arrivé de ce côté. D’autre part, le chaînage de bois de la forteresse, a de toutes parts, souffert de Tiacendie.

sur les premières tables, furent reproduites sur les deuxièmes. Remarque précieuse, car Ex., xxxiv, 28, laisserait croire, si on le lisait tout seul, que « les dix paroles » sont les dix articles de la petite législation qui précède. Ces incohérences de détail n’ont d’autre explication que les heurts produits par la juxtaposition des documents.

S40. — 2' Il faut en second lieu mentionner le Code de l’alliance (Ex., xx, 22-xxiii, 19). Indépendamment des préliminaires (Ex., xx, 18-21) et conclusions (Z^a :., xxiii, 20-xxiVj 8) qui l’encadrent, cette législation se présente avec des contours très précis. Le nom qu’on lui attribue troure son explication dans l’alliance qui, d’après Ex., xxiv, 3-8, paraît conclue sur la base des préceptes qu’il renferme. On remarquera (Ex., XXIV, 4) <l"e ce petit code est présenté comme écrit par Moïse. Mais c’est en même temps un ensemble de lois prescrites par Yahweh lui-même ; il est à noter que le titre auquel nous devons cette donnée (Ex., xxi, 1) sépare du corps de la législation le règlement (Ex., xx, 32-26) concernant les autels.

3° Au Sinaï se rattache encore le Petit code Yahiiiste (E-t., XXXIV, 11-26) ; il forme à son tour une série nettement délimitée. Nous l’avons déjà remarqué : le contexte qui les entoure immédiatement paraîtrait dire que ces préceptes furent les dix paroles gravées sur les nouvelles tables de pierre après l'épisode du veau d’or (Ex., xxxii) ; mais les allusions deutéronomiques mettent au point cette impression (cf. Deut., iv, 13 ; x, 4). Des critiques estiment qu'^j"., xxxiv, i, 4, 28, ne sont pas du même document que le reste du récit. Le petit Code de la rénoi’atlon de l alliance se présenterait, dans l’autre document et à l’instar du Code de l’alliance lui-même, comme écrit par Moise(Ex., xxxiv, 27).

4° C’est pareillement au Sinaï que se relient le plus grand nombre des prescriptions du Code sacerdotal (Ex., xxiv-15, -18 » ; XXV, i-xxxi, 17 ; xxxiv, 39-xL, 38 ; /.ev., i-xxvii ; Num., 11, i-34 ; iii, i-iv, 49 ; v, i-vi, 27 ; viii, i-x, 10). Mais, tandis que certains éléments (législation de la Pàque) remontent au dernier temps du séjour en Egypte (Ex., iii, 1-20, 43-49 ; xiii, i, 2), divers suppléments sont en relation soit avec Cadès (Num, XV, xviii, xix), soit avec les plaines de Moab (Num., XXVII, i-i I ; xxviii-xxx, xxxiii, 50-xxxvi, 13). La partie centrale de ce code est la Loi de sainteté (P des critiques : ier., xvii-xxvi) ; c’est par elle qu’il présente le plus de points de contact avec les autres lois. Le reste du code est en grande partie constitué par des législations d’ordre cultuel ; les suppléments de Cadès et de Moab toutefois se laissent répartir entre les deux séries d'éléments religieux et sociaux.

5° Reste le Deutéronome qui, au moins en son état actuel, se présente comme un code promulgué dans les plaines de Moab. La section proprement législative est confinée aux chap. xii-xxvi.

241. — 0° Tous ces codes se ressemblent par un certain nombre de points communs, intéressants ~ à souligner. On peut les grouper sous deux chefs en disant que la législation mosaïque se présente avec un double caractère : caractère religieux et caractère national.

2" Caractère religieux

242. — Il résulte à la fois des origines de la législation mosaïque et de son contenu.

I" Il résulte des origines de la législation mosaïque. — A. Sur ces origines, les principaux renseignements nous sont fournis pas les formules préliminaires aux diverses ordonnances. — a) Dans son premier contexte, le Décalogue est annoncé en