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MOÏSE ET JOSUE

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Ire part, loin qu’il s’agisse d’une action come, réalisée sous la conduite de Josuc, c’est

d’aut

mune

chaque tribu, associée tout au plus à une triliu voisine, qui poursuit ses propres lins, sans pouvoir la plupart du temps aboutir à un résultat complet.

208. — C. Appréciation. — Ici encore il importe de faire la part du vrai et du faux en ces tliéories. — a) Il nous paraît incontestaljle que les textes, dans leur disposition et état actuels, bloquent en leurs assertions globales, à côté de résultais acquis au temps de Josué, des progrès réalises à des dates postérieures, parfois beaucoup plus tardives. C’est iléjà le cas, semble-t-il, pour plusieurs résumés de la lin de la première partie du livre qui nous occupe (./os., X, ! iO-lii ; XI, 16-23 ; peut-être une part de xii). On pourrait dire sans doute que l’auteur, un continuateur de D’^, tient compte, ce faisant, des droits acquis sur tout le pays en vertu des victoires de Josué et aussi, peut-être surtout, des promesses divines. On pourrait dire aussi qu’écrivant à une date notablement postérieure aux événements, ce reviseur a rattaché à la première conquête des résultats qui en étaient vraiment la suite, mais n’avaient été réalisés que beaucoup plus tard. Il faudrait faire des remarques semblables à propos des récits de la prise d’Hébron et de Debir (Jos., x, SG-Sg). — h) A plus forte raison convient-il de les renouveler et de les accentuer en présence des données de P touchant le partage de la Terre Promise. Non que P ail inventé l’histoire. Dès le It mps de Josué, il y eut, sous une forme ou sous une autre, un partage de Canaan : chaque tribu se trouva fixée sur le point du territoire vers lequel elle dirigerait ses convoitises. Mais à ce cadre, sans doute très élémentaire, P et ses continuateurs ont donné d’extraordinaires développements. Ils en ont fait comme la base d’une géographie de la Palestine et de sa division entre les divers clans, tels qu’ils se présentaient à leur époque. C’est ce qui explique, par exemple, que des villes — notamment celles de Philistie (Jos., xv, 4>-17. même 33-40) — sont attribuées à Juda, qui certainement ne lui appartenaient pas au temps de Josué ; que d’autres, v. g. Béthel (Jos., xviii, 22 ; cf. Jiid., 1, 22-26) et Jérusalem Jos., xviii, 28 ; cf. (Jud., I, 21 et II Sinn., v, 6-9) sont mises au compte de Benjamin qui, d’après des textes très authentiques, ne lui revinrent que dans la suite. On pourrait se figurer ces catalogues comme autant de listes, rattachées à la conquête, des localités qui peu à peu s’ajoutèrent au territoire de chaque tribu. — c) On est invité, semble-t-il, à considérer les événements sous cet angle par le rédacteur lui-même. Utilisant les dounées de P, il a éprouvé le besoin de les tempérer par des insertions beaucoup plus sobres, empruntées au Yah^iste.

209. — d) Ces constatations n’empècljent pas de retenir le fond des récits du livre de Josué. On peut ramener à quatre les données de premier plan. La première concerne l’action conquérante de Josué lui-même, dirigeant l’invasion à la tête des tribus réunies. Il importe toutefois de bien préciser la nature de ces expéditions. Elles revêtent surtout, pourrait-on dire, le caractère de raids et de razzias ; le récit le marque avec toute la précision désirable. Le lieu de séjour, le campement est etdemeure à Galgala (Jos., iv-v). C’est de là que l’on part à la conquête de Jéricho. Sans doute, on ne dit pas que l’on y revienne aussitôt après la prise de la ville. Il est très admissible que les Israélites se soient hâtés de profiter de ce premier succès pour faire de suite une poussée dans la montagne (Jos., vii, 2) ; néanmoins l’épisode d’Achan (/os., vii, 13-23), où l’on parle du campement (vers. 21-23), pourrait peut-être permettre de penser qu’on est retourné à Galgala entre la victoire de

Jéricho et la campagne définitive contre Haï. En tout cas, on y revient après la bataille de Haï et c’est là que les envoyés des Gabaoniles rencontrent Josué {Jos., IX, 6) ; on y revient après la défaite des rois du Midi (^05., X, 43). S’il en est ainsi, on ne saurait dire que, d’aiircs le texte lui-même, les campagnes victorieuses de Josué aient pour conséquence une occupation immédiate. Ce n’est aflirmé nulle pari et, si même il n’est pas anticipé, le récit de Jos., viii, 30-35 n’entraîne pas nécessairement cette conclusion. 310. — e) Mais à défaut d’une occupation immédiate, la campagne glorieuse a pour conséquences des droits incontestables. Il se peut que les vainqueurs ne se sentissent pas de taille à se maintenir, après chaque combat, dans le territoire conquis ; il se peut qu’ils éprouvassent le besoin de se refaire pour de nouvelles luttes. Mais ces triomphes, parfois difficiles, avaient trop bien réalisé le but que l’on poursuivait avec la conviction de travailler à l’accomplissement des promesses divines, pour que l’on hésitât sur les résultats de tant d’ellorts. A Galgala, au retour de l’expédition contre les rois du Nord, on se regardait comme maître du pays envahi ; on étendait même cette prétention à toute cette terre de Canaan que Dieu avait promise aux pères et sur laquelle on avait pris pied d’une manièie si étonnante et si décisive. C’est cette conviction que consacrent des textes tels que ceux de Jos., x, 40-43 ; XI, 16-23.

gll. — f) Que s’il en est ainsi, il apparaît tout naturel qu’à Galgala on ait, d’une manière ou d’une autre, procédé à une répartition de ce territoire ; il fallait que chaque tribu sache vers quel point diriger ses entreprises en vue d’un établissement durable. Le texte de Jos., xiii, 1-7 paraît nous maintenir encore à Galgala ; en tout cas, c’est ce que fait Jud., i. D’autre part, Jns., xviii montre que l’opération s’achève à Silo. C’est dire qu’elle ne se fait pas d’un seul coup et de la façon méthodique que d’autres textes pourraient suggérer ; la même impression se dégage des réclamations que, d’après /os., XVII, 14 sv., font entendre les Joséphites. Pendant que Juda et Josepli, plus vite fixés sur leur sort, se dirigent, l’un vers la montagne du Midi, l’autre vers la montagne du centre (cf. Jos., xviii, 5), le reste des tribus est encore hésitant et incertain. Les deux documents que nous pouvons consulter sont, d’autre part, unanimes à dire que l’œuvre de répartition revêtit un caractère religieux ; ici l’on consulte Yalnvch (Jud., i, 1 ; J), là on tire au sort en la présence de Yahweh (/oA-., xiii, 6 ; xviii, 6). Rien en cela de surprenant pour qui se rappelle la compénétration de la vie civile et delà vie religieuse à ces époques lointaines. SIS — ^) C’est seulement après ces campagnes, après un séjour plus ou moins long à Galgala, puis à Silo, que chaque tribu se préoccupe d’une installation plus définitive. Les extraits du Yahaiste qui sont répartis dans le récit sacerdotal (Jos., xni-xix) le disent clairement. C’est alors qu’intervient l’action séparée de chaque tribu ou, comme dans le cas de Juda-Siméon, de Joseph^Epliraïm-Manassé, de tel ou lel groupe restreint de tribus. Elles s’acheminent chacune vers leur objectif, avec des succès divers qui sont exprimés dans les textes avec un juste sens des nuances. Juda monte d’abord (Jud., i, 2). Il conquiert la montagne du Sud (Jud., 1, 4-7, 9-17 », 19") elle néféh (Jud., i, 9). Ses succès sont limites dans la plaine (.furf., I, g, iS.ig) ; même il est obligé de céder une enclave importante aux Calébites {Jud., i, io-15, 20) et de laisser les Siméonites s’installer à ses dépens (/os., XIX, 1-9 ; cf. / » rf., I, 3). A son I tour, Joseph, ou le groupe Ephraim-Manassé non encore divisé, occupe de très bonne heure une portion