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MOÏSE ET JOSUÉ

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sol. Beaucoup de critiques ont des vues très particulières sur l’entrée de ces tribus en leurs séjours.

19Q. a) Le point de départ de ces théories est le

fragment jahwiste A’uin., xxi, i-3. On y lit qu’Israël venait (ou entrait) par le cliemin d’Atharim et que le roi d’Arad, au iiégéb, voulut s’opposer à sa marche. L’entreprise échoua d’abord (vers.i) ; Israël fut vaincu et on lui fit des prisonniers. Israël lit alors vœu, pour le cas où Yahweh lui accorderait le succès, de dévouer les villes à l’anathème (vers. 2). De fait, après la victoire, on extermina les villes et leurs habitants (vers. 3) et on appela l’endroit Hormah (Anathème). Le chemin d'.tharim est inconnu, mais le négéb et Arad (aujourd’hui Tell Arad, à 80 km. 1/2 au Nord-Nord-Est de Cadès, à 30 km. au Sud d’Hébron) sont des quantités précises. Il s’agit, eu conséquence, d’une tentative faite par Israël en vue de pénétrer par le Midi dans la montagne d’Hébron. Le contexte général place cet essai après la station du mont Hor ; mais le lien du récit avec ce qui l’entoure est assez làclie.

197. — h) Cet épisode ne doit pas être traité isolément. Il faut, en premier lieu, en rapprocher le récit de.Yiim., xiv, 40-45, que les critiques attribuent volontiers dans son ensemble à JE. Il s’agit d’une tentative analogue à la précédente, mais qui aurait pris place presque aussitôt après l’arrivée à Cadès et le retour des espions. Accomplie malgré Moïse et en dehors du secours divin, elle eut une issue fatale ; l’Amalécite et le Cananéen qui habitaient la montagne taillèrent en pièces les enfants d’Israël et les poursuivirent jusqu'à Horma (même nom que xxi, 3). — c) U faut encore établir le rapprochement avec Jud., I, 1-17, qui, dans ses lignes générales, est traité comme provenant du Valut iste. C’est après la mort de Josuéel, d’après le contexte d’ensemble, on est dans la plaine du Jourdain. Les enfants d’Israël sont réunis et consultent Yahweh pour savoir quelle tribu montera la première à la conquête du territoire qu’elle doit occuper (Jud., i, i). Juda est désigné ; il s’adjoint Siméon (vers. 2, 3). Montant vers les batteurs, il remporte un premier succès sur Adonibésec, sans doute dans les environs de Jérusalem (vers. 4-7 [le vers 8 serait additionnel ; cf. vers. 21 et II ^(lHi., V, 6-9]). De Jérusalem on descend vers le Midi (vers. 9). Juda, ou plus exactement Caleb (les CaléiDites ; cf. Jos., XIV, 6-15 ; xv, 13-ig) s’emparent d’Hébron et de Dabir (ed-Dùhariyé (?] ; vers io-15). Avec les flla de Juda, les Cinéens-Qênites montent aussi de la Ville des Palmiers vers le désert de Juda qui est au négéb d’Arad (vers. 16) ; dans leurs luttes contre les Cananéens, Juda et Siméon arrivent jusqu'à Séphaath (vraisemblablement6"e/>a17a, à 35 km. au Xord-Nord-Est de Cadès, à 60 km. au Sud-Ouest d’Arad) ; ils les taillent en pièces, détruisent la ville et lui donnent le nom de Horma (vers.17 ; cf. -Vh/ »., XIV, 45 ; XXI, 3).

198. — d) Si l’on se contente de lire les textes tels qu’ils se présentent, il semble qu’on est en présence de trois faits distincts : tentative de tout le peuple, dès l’arrivée à Cadès, en vue d’entrer en Palestine par le Midi, issue fatale ; tentative renouvelée par tout le peuple après la station de Hor et aboutissant, après une période d’angoisse, à une victoire, dont d’ailleurs on ne prolite pas ; occupation de la montagne d’Hébron et du négéb par les tribus de Juda et de Siméon venues de Jéricho avec les Calébiles et les Cinéens.

199. — e) Toutefois la présence du nom de Horma dans les trois récits a souvent attiré l’attention des critiques et en a porté un certain nombre à n’y voir que la description de plusieurs phases du même

événement. Ceux qui attribuent à J les traits principaux de A’iim., xiv, 40-45 ' et Num. xxi, i-3, sont à peu près nécessairement amenés à conclure qu’il y a eu deux tentatives par le Sud, l’une aboutissant à un échec, l’autre Unissant par un succès ; Stbuernagel, qui attribue le premier texte à E, se rallie quand même à cet enchaînement des faits'*. — /") D’autres, tels que Babntscii, poussent plus loin l’analyse de Num., XIV, 39-45. Ils distinguent d’abord des restes d’un récit élohiste (39^, 40ab « /, 41"", 4^, 4'i, 45"'") qui se termine à la défaite de Horma. Les autres éléments sont de J ; il faut les rattacher à xxi, i, qui leur fournit une conclusion dans le même sens pessimiste que celle de VEloliiste. Les deux traditions placeraient ainsi la première tentative dès l’arrivée à Cadès. Seul toutefois le Yahwisie {?i’um., xxi, 2, 3) aurait gardé le souvenir d’une seconde entreprise couronnée de succès. Si l’on s’en tenait à Num., XXI, 2, 3, il semblerait que ce succès suivit l'échec d’assez près ; en tout cas, on pourrait croire que l’anathème des villes et de leurs habitants eut pour conséquence une installation dans le négéb. Mais déjà cette hypothèse se concilie assez dillicilement avec les malédictions prononcées contre les Israélites à l’exception de Caleb (I’um., xiv). Aussi Bæntscu se demande si la tradition n’aurait pas généralisé en faveur de tout Israël un succès remporté par les seuls Calébites-Cénézéens '. — g) Mais il y a Jud., i. Ici l'établissement est placé après la mort de Moïse et de Josué et c’est du Nord que Juda, Siméon, Calébites et Cinéens viennent dans la montagne d’Hébron et le négéb ; dans ce contexte, la victoire racontée A’um., xxi, 2, 3, n’aurait pas eu de résultat durable. Des critiques, il est vrai, attachant une grande importance ày » (/., i, 16, se sont demandé, à la suite de Stkuehnagel->, si la Ville des Palmiers (i’r hatt’mârîm), au lieu d'être identiliée avec Jéricho (comme dans Deut., xxxiv, 3 ; Jud., iii, 13 ; 11 Chron., xxviii, 15), ne devrait pas l'être avec Thamar du négéb (aujourd’hui Kurnub [?] ; cf. AcXLvii, 19 ; XXVIII, 28). Si c'était du négéb que Juda (Siméon) et les Cinéens fussent montés vers la Palestine et eussent pris le point de départ de la campagne qui aboutit à la victoire de Horma (Jud., i, 17), on pourrait aisément conclure que Jud., i, 16, 17 et Nuin, , XXI, 3, 3, se rapportent exactement au même fait. Mais le contexte de Jud., i, est tellement contraire à cette interprétation que Steuebnagel se borne à admettre la pénétration par le Sud pour quelques groupes seulement. D’autres préféreraient dire que l’occupation consécutive à la victoire racontée yum., XXI, 2, 3 fut transitoire ; Bæntscb convient que tel est bien le sens suggéré par le contexte, mais qu’il ne se laisse pas déduire du texte. Pour d’autres, tels que Wellhausen, le vœu dont pai’Ie JYum., xxi, 2, n’a vraiment été exécuté qu’après l’invasion par le Nord (cf. Jud., i, 17) ; mais

1. Cf. J. Estlin Cakpe.nter et G. HahfokdBattehsbt, The Uexaieucfï according lo tite Hevised Version arrangea in its constituent documents by metnbers of ihe Society of Hisiorical Theology, Oxford, edited wiiti Introduction, Noies, Marginal Références and Synoptical Tables ; t. II, Text and Notes, ad loc.

2. Cf. Cari Stelebsacel, ievriuc/i…, p. 167.

3. Cf. Steueknagel, Die Einwanderung der Itrælatiimme in Kanaan, 1901, p. 70 sv.

4. Cf. B. Bæmtscii, Exodus-Lei^iticus-Xumeri tibersetzt^ und erkliirt (dans Handhoninientar zum.ilten Testant fnt de W.Nowack", à propos de.Xum., xxt, 1-3. Cf. W. Nokack, Richier.Ruih ubersetzt und rrKUiri (dans Handhommrntar zum Alten TestamentdQ W. Nowack), à propos de Jud., i, 16, 17.

5. Cf. Cari Steuernagei., ievriucA…, p. 166-167.

G. Cf. Cari STBUEHi- « Ai, EL, Die Iiinianderung…, p. 73-77.