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MOÏSE ET JOSUÉ

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disparu des textes. Les stations suivantes sont : TItubéera {, itm., xi, i-3, E [ ?|), Qlhrolh-Hatlaava (iVuni., XI, 4-34 ; surtout J [ ?]), Ilaséroth (Num., xi, 35, J), désert de Paran (Niim., xii, 16 [Vulg. xiii, i], J [ ?]), où l’on se trouve à Cadès (/V » m., xiii, 26 [Vulg., i^], E L’?] ; cf. XX, i".’, E [ ?]). — II) Pour cette partie de l’itinéraire, le Deatéronume (D-) nous fournit un renseignement. Il y a onze jours depuis l’Horeb, par le chemin de la montagne de Séir, jusqu’à Cadès-Barné (Dent., i, 2) ; c’est en traversant un désert vaste et affreux que, parti d’Horeb, on se dirige vers la montagne des Amorrhéens et Cadès-Barné (Dcul., I, 19). — c) Au cours des récils, le Code sacerdotal ne renferme que deux indications : désert de Paran (IVum., xiii, 3 [Vulg, 4]), désert de Sin (A’» H^., xx, t^’^). Mais il nous fournit d’amples détails dans le catalogue de Ntim., xxxiii. Malbeureusemenl cette liste a subi des bouleversements. Les vers. 16-35 signalent dix-neuf stations entre le Sinaï et Asiongaber ; on va ensuite d’Asiongaber à Cadès en une étape (vers. 36). Or le site général d’Asiongaber est connu ; c’est aux environs d’Aqaba, au fond du golfe élanitique, d’où il est impossible d’aller d’une traite à Cadès. D’autre part, le Deuléronome (Diitt., 1, 2, 19 ; 11, 1-8 ; D^) présente très nettement l’ordre Sinaï-Cadès- Asiongaber. On remarquera enlln que, tandis que P fait moui’ir Aaron au mont Hor (Num., xxxiii, 38), D^ le fait mourir à Moséra (Deut., X, 6). On peut penser que les deux traditions ne présentaient pas de variantes fondamentales ; Hor et Mosérali seront donc deux points très rapprochés l’un de l’autre, loin d’être très distants comme le catalogue le suppose. Ces diverses considérations doivent entrer en ligne de compte pour un essai de restitution du texte. Le plus souvent on adopte l’ordre suivant : Num., xxxni, 30^, départ de Hesraona ; 36’% désert de Sin, qui est Cadès ; 3^, départ de Cadès, mont Hor ; 38-40 (mort d’Aaron ; un trait de l’épisode du roi d’Arad) ; 4’^. départ du mont Hor ; 30, Moséroth (= : Moséra de D’-'). Que si cette restitution est fondée, on n’a plus « jue quatorze stations entre le Sinaï et Cadès, et l’on peut songer à un itinéraire assez direct.

189. — d) Lidentilication de Cadès est ferme (cf. 131, Ç). Les Hébreux devaient faire un long séjour dans l’oasis et les déserts environnants. Dans le Deuiérunome, oii^are d’abord de longs jours (Z>e « <., I, 34-46 ; II, )> puis de quarante ans (Dent., 11, ’j), dont trenle-luiit employés à contourner le mont Séii (netit., II, 14 ; cf. vers. i). Déjà JE connaît ces quarante ans, au cours desquels les Israélites feront paître leurs troupeaux dans le désert (Num., xiv, 33, E [ ?]). Le Code sacerdotal mentionne à son tour les quarante ans (Num., xiv, 34) passés dans le désert de Paran (A’/(m., xiii, i-3 [Vulg. 2-41, 26* [27=’]), dont le désert de Sin, où se trouve Cadès (Num., xx, i, 22 ; xxxiii, 36) n’est distinct (Num.,.xiii, 31 [Vulg. 22]) que comme une région qui porte un nom spécial. Chaque document présente ainsi des variantes de détail, mais la donnée générale est constante : les Hébreux demeurent longtemps autour de Cadès.

— e) Sans doute cette prolongation de séjour, contraire au but premier du voyage, ne s’explique que par un contretemps dont nous aurons à parler dans la suite. Mais Cadès était favorable à cet arrêt. Les tribus retournèrent un peu à la vie nomade et durent se dissocier à nouveau pour conduire leurs troupeaux dans les diverses directions de ces vastes solitudes où les lieux de pâture sont maigres et peu nombreux. Mais le système d’oasis, dont’Aïn Qadcis peut être regardé comme le centre, formaitun pointde ralliement très favorable. Aujourd’hui encore, il y a en toute cette région des champs

cultivés ; les ruines des temps byzantins attestent qu’avec plus de méthode, on arrivait jadis à de meilleurs résultats. A l’époque des Hébreux, des groupes pouvaient demeurer avec plus de fixité autour de ce centre, cultivant les terres arrosées, étendant artificiellement l’irrigation, s’aecoutumant à nouveau à la vie sédentaire, attirant en même temps leurs frères pour des rendez-vous plus ou moins réguliers.

190. — /) Aussi croyons-nous que Cadès a eu, dans la vie d’Israël au désert, une importance beaucoup plus considérable qu’on ne le dit d’ordinaire. Au Sinaï, le point de départ de la nouvelle vie nationale avait été posé sur des bases précises ; mais c’est à Cadès que l’on commença de vivre cette nouvelle vie. 11 était infaillible que la mise en pratique des principes posés et des mesures prises au pied des saintes montagnes n’eût pour conséquence la nécessité d’y introduire de nombreuses précisions. Le récit biblique l’indique lui-même pour quelques cas (iVum., xv ; xviii ; xix), mais il est fort probable qu’il faille songer à en augmenter le nombre. Ceux qui ont coordonné les divers codes qui se ratlachent à la péninsule sinaïtique n’avaient aucun intérèl à distinguer minutieusement ce qui avait été promulgué à la montagne de Dieu et ce qui avait été ajouté à Cadès. Rien n’empêche, par exemple, de penser que, dons le Code de l’alliance (Ex., xx-xxiii), à côté d éléments remontant au Sinaï, à côté d’additions plus récentes, il y ait un nombre assez notable de prescriptions portant le reflet d’une première adaptation à la vie semi-sédentaire et agricole que l’on menait à Cadès.

— ^’) Si nous ne nous faisons illusion, c’est à Cadès que l’unité nationale s’est puissamment alTermie. Dispersées pendant de longues périodes dans les ouadis du désert, les tribus venaient y reprendre conscience de leur unité. En même temps, d’autres clans se joignaient à Israël : celui des Cinéens-Qêniles (selon l’indication probable de Num., x, 2932, J ; cf. Jud., I, 16), celui des Génézéens-Qenizzites (cf. Jos., XIV, 6-15 ; xv, 13-19 ; Jud., i, 12-15), etc. — h) Le centre de ce commun rendez-vous était le sanctuaire. Le nom même de Cadès indique que le lieu de culte était fort ancien ; ses origines pouvaient être plus ou moins pures. Mais, à l’arrivée de Moïse, il devint le lieu de culte du seul Yaliweh ; le tabernacle portatif, placé sans doute près de la source et abritant l’arche, en fut l’élément principal. Là des interprètes de Yahweh faisaient valoir, avec une précisiontoujourscroissante, ses exigenceset ses volontés, les liens qui lui rattachaient tous les ûls de Jacob, la nécessité de maintenir ces liens pour perpétuer l’unité nationale. Le culte à son tour évoluait, notamment à l’occasion des grandes panégyries annuelles. Les droits du sacerdoce se trouvaient précisés, à mesure que les circonstances l’indiquaient et non sans quelques heurts et contestations (cf. Num., xvi ; xvii). En même temps, les essais de vie agricole entraînaient des adaptations nouvelles du droit alors assez généralement en vigueur dans le monde sémitique. Nous oserions presque employer cette formule à l’allure ecclésiastique : le séjour à Cadès fut comme le noviciat de la vie nationale dont la règle avait été promulguée au Sinaï’.

4° Vers les plaines de Moab

191. — Nous en avons fini avec les questions les plus délicates, on pourrait dire les plus scabreuses.

1. Cf. les commentaires et Fr. M.-J. L.46kange, Le Sinai biblique, duas Reçue Biblique, 1899, p. 369-3y2, surtout p. 372-378 ; — Ain Kedeis, dans Hevue Biblique, 1890, p. 440-451. Voir aussi : C. Léonard Woollet-T. E. Law-RENCP, The Wilderness of zin {.4rc/iæologlcal Report], Annual 1914-1915 du Palestine Exploration Fund.