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MOÏSE ET JOSUE

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conséquent, pour r^/ovivie.l’Horebqui, d’après nombre de critiques, est identique au Sinaï de J, sera l’endroit vers lequel les Israélites s’achemineront au sortir de l’Eyyple. Sans doute, E retiendra Cadès que lui impose" la tradition. Mais Cadès n’aura plus qu’une importance secondaire ; ce sera simplement l’endroit d’où l’on monte en Palestine. C’est cette intrusion de la montag-ne de Dieu avant Cadès qui a été le point de départ de tous les remaniements opérés dans les données de J’, l’occasion des doublets. U faut, dans ces bouleversements, voir une œuvre progressive, commencée par E, puis continuée d’abord par le rédacteur de JE. L’auteur du Code sacerdotal aurait encore renchéri en deux manières. D’abord par la multiplication des détours et des stations qui conduisent d’Egypte à Cadès en passant par le Sinaï (c’est le nom qu’il garde pour la montagne divine). Ensuite par la substitution au nom de Cadès d’expressions plus vagues, désert de Paran, désert de Sin (cf. pour l’identilication de ces termes, Num., XXXIII, 36 ; Num., xxvii, 12-14 = Deut., xxxii, 48-51) ; il se pourrait que des préoccupations d’orthodoxie l’eussent porté à diminuer l’importance du sanctuaire du négéb (Welluausen’, Weill’-). —’0 L^i localisation de Cadès ne présente plus aucune diflicullé ; l’identilication avec l’oasis de’Ain Qadeis, d’une manière plus générale avec toutes les oasis qui se groupent en cette région, est aujourd’hui reconnue unanimement. Si, même considérées dans leur ensemble, elles sont absolument insuflisantes pour assurer le ravitaillement de deux millions d’émigrés, on peut dire qu’elles permettent d’envisager le séjour prolongé d’un campement déjà considérable.

176. — ( Mais où se trouve le Sinaï ? Notons d’ubord que beaucoup de Cl itiques admettent l’identité réelle, supposée pur E, del’Horeb avec le Sinaï de J’-, l’identité de l’un et de l’autre avec le Sinaï de P. Ils ue se préoccupent, en conséquence, que de lu localisation du Sinaï. D’aucuns, nous lavons dit, le placent sur la cûle orientale du wâcli el-’Araba, ou du golfe élaidtique : Bkke^ qui, en 1878, l’identifiait avec leDjéht’l en-A’ur ; Wellhausen*, qui d’hilleurs n’attache qu’une importance secondaire à cette localisation ; Moore’, qui plus tard aura des hésitations ; Bæntsch ^, etc. Telle sera l’opinion de plusieurs de ceux qui traiteront le Sinaï comme un volcan et verront dans les récits de VExode la description d’une éruption ; telles sont, avec des nuances diverses, les théories de lï. Gunkfl", H. Gi ; kssman ! < * et Ed. Meyeu^. — j) La théorie de Von Gall’" est plus complexe. Le Sinaï de J serait distinct de l’IIoreb de E et du Sinaï de P. Dans Ex., xiii, 17, 18, le récit élohiste conduit évidemment les Israélites vers le Sud, sur la côte orientale du golfe de Suez ; l’Horeb est donc dans le massif méridional de la péninsule. De son côté, le récit sacerdotal reprend la même marche pour conduire le peuple à son Sinaï (IVum, , x.vxiii, 10, 11). En revanche, le Sinaï de J est à l’Est du golfe élanîtique. Ces divergence » s’expliquent sans doute parce que, d’une part, les jiadianites, avec lesquels le Sinaï est en relation, avaient leur berceau et centre principal à l’Est d’Ayaba

1. Cf. J. Welluausen, Prolcgomena…, p. 370.

2. Cf. M. WniLL, Le séjour…, -p. 109.

3. Cf. C. T. Beke, Origines biblicæ or Researchet on Primcval Uistorij, 1834 ; Mount Sin ai a Volcano, 1873 ; Discovery of ilie Irue Moiuit Sinaï. 1873 : Discoueries of Sinai in Arabia and of Madta71, ’ih~&.

4. Cf. J. Wellhausem, l’rolegomena…, ^. 359, note 1. .5. Cf. Rev. George F. Moohe, A critical and excgeii’cal Commentary on Jtidgfs^ 1895, p. 140, 179. G. Cf. lIugoBAEXTSCH, A’xodus…, p. 138-140.

7. Cf., au sujet de H. Gv.nkel, Deutichc Literatwzeitung, 1903. p. 3058.

8. Cf. H. GuESSMAXN, Mose und leine Zeit, 1913, p. 192 ST., 409 sv.

9. Cf. Ed. Meteb, Die hræliten…, p. 60, 69-70.

10. Cf. Von Gall, Aliisrælilische KuUstàiten (dans Beihefle zur Zeiiaclu ift fiir die alltestameniliehe Wissemchaft], p. 1-37.

et parce que, d’autre part, un de leurs clans avait émigré au Sud de la péninsule. — A) D’autres auteurs toutefois ont tendance h rapprocher le Sinaï de Cadès. Ils font volontiers état de deux textes : Jud., v, 4, 5, qui met le séjour primitif de Vahweh (peut-être explicitement le Sinaï) en relation avec Séir d Èdom, dont on retient l’emplacement ii l’Ouest du w’âdi cl-’Araba : Veut., xxxiii, 2, qui met en corrélation le Sinaï, Séir, le mont Paran et Mérihath-Cadés (leçon du grec pour 2a.i). Déj^ Gkàtz’plaçait le Sinaï BU Djébcl’Arâif, au Sud de’Ain Qadeis. D’autres songeraient au massif de Séir ou d’Edom : Greenk-, Dill-MANN ^, S.MEND ^ ; SAycE^, qui d’ailleurs place assez étrannement le passage de la Mer Kouge au golfe d Aqaba ; WiNCKLEK^, qui adoptera ensuite une autre opinion ; MOOKE*. D’autres se contentent d’une situation générale près de Cadès, Holzingek^, Chetne^.

177. — l) Il faut noter la seconde théorie de WiNCklek’*^. Le Sinaï de 1 ancienne tradition est en rapport avec les Qénites du négéb ; Deut., xxxiii, 2, le met en relation avec Edom. Il est donc situé d’abord au Sud de Juda, mais à l’horizon visible de Juda ; dans la suite toutefois et à mesure que les perspectives se développeront, il reculera de plus en plus vers la partie méridionale de la jiéninsule. Dans cette conception du Sinaï qui se déplace, est plus ou moins implicitement renfermée l’idée d’une montagne irréelle et mythique. La pensée de Winckler év(due en ce sens et rattache à cette conception la distinction des deux sommets Uoreb et Sinaï. Le concept d’une montagne mythique est particulièrement cher îi Raymond Veili- ", qui raj)plique nu Sinaï de J, à l’Horeb de E. au Sinai de P. qui ne font qu’un. C’est le séjour principal du Dieu dont Cadès est le sanctuaire secondaire : dépendance exprimée, et dans la filiation du sacerdoce de Cadès (Moïse) par rapport à celui de Sinaï (prêtre de Madian ou du Sinai), cl par la ressemblance entre le mot t’néh, buisson (de Cadès), et le nom yahvviste et sacerdotal de la montagne [Sinai), Dès lors, il ne peut être question poui’le Sinai d’une localisation précise. Il est situé derrière Codés, en Séir, en Paran. Il n’est pas loin de Cadès et de la Palestine, puisqu’un dieu doit toujours être près do son peuple, il est derrière l’horizon immédiat d’Israël, à une distance idéale de trois jours, selon l’évaluation de J’-, que l’on trouve reproduite par E ( !  !) dans Num., x, , ’^ ; îa I- ; mais il est dans le désert où on ne pénètre pas. L’IIoreb de l’Elo/iiste, situé entre l’Egypte et Cadès, esttout aussi indéterminé et Weill n’admet pas qu’Ex., xiii, 1718 soit à entendre d’un voyage vers le Sud de la péninsule. En revanche, l’épisode de la victoire de Raphidim

1. Cf. H. Gkatz, Monalschrift fiir Geschichte und Wissenicltaft des Judenlhums, 1878, p. 327-360.

2. Ci. Baker Gkken, The Hebrew Migration from Egypt, 2 « éd., 1883, p. 138 sv., 170 sv.

3. Cf. DiLLMANN, Exodus, 1880 ; Exodus und Leidiicus, 3- éd., RïSSEL, 1899, p. 31.

4. Cf. R. Smend, /-e/irirucA der altteslamentliclien Religionsgeschichle, 2* éd., 1899, p. 35, note 2. Le Sinaï ; Horeb) est à l’Ouest du pays de Madian (situé à l’Est du golfe Elanilique), donc vers Séir.

5. Cf. A. H. Sayce, The early History of tke IJebrens, 1897, p. 188-189.

6. Cf. H. Wi.NCKLER, Das Nordarabische Land Musn in den Inscliriften und der Bibel, dans Altorientalische Fnrschungen, 1 (1893), p. 24-30, 337-338 ; — Musri, Meluhha, Ma’iii, dans Mitteilungen der Vorderasiatische Getellschaft. 1898, fasc. 1 et 4.

7. C’est du moins ce qui peut résulter de G. F. MooBE, Exodus, dans Encyclopædia Biblica, II, 1901, col. 1443 (voir surtout parag. v).

8. Cf. H. HoLziNGEB, Exodus (dans Kurzer Jland-Comnienlar zum Alten Testament, de Karl Makti), p. 65 66.

9. Cf. T K. C11EYNE, Moses, dans Encyclopædia Biblica, m, surtout col. 3208 (n" 5).

10. Cf. H. Wi.NCKLKH, Sinai’and Horeb, dans Encyclopædia Biblica, IV, col. 4629-4543, surtout col. 4638-4641 (n"’14-17). Au point de vue du concept mythique (astral, cosmologique), voir col. 4629-4633 (n"’1-6).

11. Cf. R. WtiLi.. Le séjour…, p. 36-40, 50-55, 77-80, 94-104, 109-114.

12 A cet endroit, E transcrit J- : « Ils partirent de la montagne de Dieu pour un chemin de trois jours… », mais il supprime le nom de Cadès, terme du retour du voyage au Sinaï, inséré par J- dans la tradition de J’.