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MOÏSE ET JOSUE

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s’opposer au passage des émigrants(i^ » m., xx, 14-21) et les contraindre à contourner le pays (^JVum., xx, 21, 22 ; XXI, 4 [cî.Jucl., xi, 17, 18] ; cf.Deut., 11, 1-8, 29, uneprésenlation de l’incident, légèrement dittorente). Autour de ce noyau stable toutefois, gravitent des tribus qui, tout en s’y rattachant par des liens plus ou moins lâches, n’ont pas encore renoncé à la vie nomade (Geii., xxxvi, lô-ig, 40-43).

133. — e) Parmi les immigrants étrangers à la race patriarcale, ceux qui attirent d’abord l’attention sont les Cananéens. On remarquera la situation qui leur est faite ilans la table ethuograpliique de Cen., x. Cette table, personne ne l’ignore, relève et souligne des afBnités ethniques et géographiques, aussi souvent, sinon plus, qu’elle ne signale des parentés propreuient dites. Or, malgré des atlinités de langue, de type et d’usages, les Cananéens sont nettement détachés des Sémites ; ce sont des descendants de Cham (Gen., x. 6). Toutefois ce qui est plus frappant encore, c’est l’énorme progéniture qui est mise au compte de Canaan ; laissant de côté les peuples qui n’intéressent pas notre sujet, nous voyons groupés autour de lui les Héthéens, les Jébuséens, les Amorrhéens, les Gergésoens, les Hévéens (Gen., x, 16, 17), c’est à-dire, exception faite des Phérézéens, la totalité des noms qui figurent dans les listes des habitants de la Terre Promise. C’est dire qu’au moment où cette table ethnologique a été rédigée, les Cananéens dominaient en cette région tous les autres groupes nationaux, soit que ceux-ci appartinssent à la même race, soit qu’ils fussent d’origine différente. Pour la même raison, le nom de Cananéen suflît, en nombre de contextes, à désigner tous les habitants de la Gisjordane (Ex., xiii, 1 1 ; / « <L, i, 3, 9, 10, 1- ;), et c’est en ce sens qu’on peut dire(yH(L, i, y) que les Cananéens habitaient la montagne, le riégéb (cf. I, 17), la Sepliélah, et, d’une façon plus concrète encore, la région d’Hébron(/i(rf., i, 10 ; cf. A’urn., xiv, 25 ; [toutefois, dans un texte parallèle à ce dernier passage, Deut., i, 44, l’Amorrhéen est substitué au Cananéen et à l’Amalécite] ; xxi, i, 3). Quand il ne les remplace pas tous, ce nom ne manque jamais de figurer dans les listes de peuples (Gen., xv, 21 ; E.I., xxiii, ïi, 28 ; XXXIV, ii ; Deut., vii, i ; xx, 17 ; Jos., IX, 1 ; XII, 8 ; XXIV, 11), souvent en premièie place(£’jr., ui, 8, 17 ; xiii, 5 ; xxxiii, 2 ; Jos., iii, 10 ; vu, 9 ; XI, 3 ; Jud., i, 4, 5). Mais il faut faire attention aux textes qui précisent la situation de ces Cananéens par rapport aux autres éléments de la population. On les voit d’abord, au temps d’Abraham, dans la région de Sichem (GeH., XII, 6 ; cf. xxxiv, 30), dans celle de Béthel et de Haï (Gen., xiii, 7), d’une manière plus générale, dans tout le pays où séjourne le patriarche (Gen., xxiv, 3, 37, [il n’y a pas à tirer de conséquences de Gen., l, 11, le seul texte, d’ailleurs diiUcile à interpréter, qui paraisse les signaler eu Transjordane]). Us semblent, par conséquent, couvrir à cette date à peu près tout le pays. On dirait qu’au temps de l’occupation leur domaine s’est déjà un peu rétréci. On nous les montre spécialement sur la cote méditerranéenne et dans la vallée du Jourdain ou’Arâb^àk (Num., xiii, 29 [Vulg. 30] ; cf. Deiit., i, 7 [ ?|et/os., V, i, pour la côie ; Dent., xi, 30 pour la’ardhdh). Il est d’ailleurs surtout question, à l’époque de Josué, de la partie septentrionale de la côte, au Nord d’Ekron (Jus, xiii, 3 ; cf. Jud., iii, 3), ou encore, depuis ( ?) M^’ârâh qui est aux Sidoniens jusqu’à Apliec (dans la plaine de Saron ; /os., XIII, 4). Nous trouvons aussi les Cananéens à Gézer à la lisière de la plaine de Saron (Jos., xvi, 10 ; cf. Jud., I, 29), sur la côte de Dor (Taniûra) au Sud du Carmel, dans la plaine d’Esdrelon et dans celle de Bethsan [Jos., xvii, 11, 12, 13, 16, 18 [ ?] ; ci. Jud.,

I, 27, 28). Ils sont dans les contrées les plus fertiles du pays et ils y sont si fortement implantés que tout d’abord les Israélites ne pourront pas les en chasser. On les voit de nouveau dans la Galilée, pays plus accidenté sans doute, mais non moins prospère ; ils sont dans les districts qu’occuperont plus tard les tribus de Zabulon (Jud., 1, 30), Aser (Jud., I, 31, 32) et Ncphtali [Jud., 1, 33). Toutefois, quelle que soit leur force et la richesse de leur territoire, on a l’impression d’un commencement d’affaiblissement. Non seulement la contrée qu’ils occupent n’est pas continue ; non seulement il y a des enclaves qui sont aux mains d’autres groupes ethniques ; mais il semble que, sur ces groupes et ces enclaves, les Cananéens ne sont plus en mesure, au moment où arrivent les Hébreux, de faire prévaloir leur autorité.

134. — /) Entre ces groupes, déjà secondaires, il faut surtout prendre en considération les Amorrhéens et les Héthéens. Ues Amorrhéens il est d’abord question à propos de l’expédition de Chodorlahomor. Le roi élamite les rencontre à Has’sôn-Tâmâr (Gen., xiv, 7) ; c’est au retour de Cadès et après qu’il a frappé les Amalécites du désert et du négéh ; c’est donc dans la montagne de Juda (cf. xiv, 13, qui les met en relation avec Hébron ; xv, 16, qui parait témoigner dans le même sens). L’épisode des espions nous ramène dans la même région (Num., xiii, 29 [Vulg. 30]) ; de même le récit de la tentative faite par les Israélites pour entrer en Terre Promise vers le Sud, malgré la défense de Mo’ise (Deut., i, 7, 19, 20, 27 ; cf. Num., xiv, 39-45, où n Amalécite » et « Cananéen » ont sans doute remplacé » Amorrhéen). En ce dernier contexte d’ailleurs, ces ennemis apparaissent redoutables et, quand la bénédiction divine lui manque, capables d’iniliger un désastre à Israël. D’autre part, la portion que Jacob a prise aux Amorrhéens avec son épée et son arc et que, sur le point de mourir, il donne à Joseph (Gen., xlviii, 22 ; allusion possible à Gen., xxxiii, 19 ou xxxiv, ou à une autre tradition concernant les mêmes faits) semble nous conduire à Sichem. Aussi bien, les textes ne manquent pas qui signalent ce peuple comme habitant d’une manière générale la montagne de Cisjordane [Jos., V, i [par opposition aux Cananéens qui sont sur la côte] ; vii, 7 ; x, 6, 12 ; xiii, 4 ; xxiv, 15, 18 ; cf. Jud., VI, 10 ; I Sam., vii, 14 ; dans Jud., i, 36 môri’fi] est sûrement à remplacer par dômiy]). Une autre série d’épisodes nous signale un royaume amorrhéen en Transjordane, au nord de l’Arnon et du pays de Moab, entre ie Jourdain et la bande de territoire ammonite. C’est le royaume de Sélion, dont la capitale est Hésebon (Hésbàn) et que les fils d’Israël devront conquérir pour aborder au Jourdain (Num., XXI, 13, 21, 32 [cf. vers. 24] ; xxii, 1, 2 ; xxxii, 33, 39 ; Deut., I, 4 ; II. 24 ; ’U) 2 ; IV, 46 ; XXXI, 4 ; Jos., xii, 2 ; xiii, 10, 21 ; etc. [cf. Deut., iii, 8 ; iv, 47 ; Jos., II, 10 ; IX, 10]). De toutes ces données une impression se dégage. Au moment de la conquètg, il y a longtemps que les Amorrhéens ont pied en Canaan et ils sont encore singulièrement forts. Dans la Cisjordane du Sud, ils sont capables de tenir tête à Isr.iél ; dans la Transjordane, ils se croient assez puissants pour le braver. Mais ce n’est pas sans raison qu’on nous les montre à peu près constamment confinés dans la montagne. Ils ont été exclus par les Cananéens de la partie la plus convoitée du territoire, de toutes les plaines. C’est une première marque de leur affaiblissement. D’autre part, on peut croire que l’influence cananéenne n’a pas été étrangère au mouvement qui, à une date sans doute assez récente, les a portés en Transjordane pour s’y tailler