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MOÏSE ET JOSUÉ

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ses paroles (cf. Jos., xxiv, 26), dont un fragment semble représenté par Deut., xxvi, 16-xxvii, 26'. C’est cette tkorah, augmentée de l'écrU de Samuel, qui fut retrouvée par Helcias sous Josias. Non seulement cette thorah, mais tous les écrits de l'âge mosaïque étaient, à l'époque d’Esdras, réunis en un seul Pentaîeuqiie, qui prit souvent dans la suite le nom de Tkorah. Le PerUaieuque n’est pas sorti tel que nous l’avons du calame de Moïse, mais il est dû à la fusion de plusieurs écrits mosaïques. Ces écrits n'étaient pas parvenus à ceux qui les combinèrent dans un état d’intégrité parfaite ; ils étaient plus ou moins détigurcs, mutilés et restaurés. Notre texte du Peniateuque est un texte rétabli au prix d’un labeur considérable et très ardu. Ce travail a été accompli ou par Ksdras, ou par les Juifs exilés en Babylonie, ou même avant la destruction de Jérusalem. Se plaçant ensuite en présence des documents chers aux critiques (P, J, E), l’auteur fait les remarques suivantes. Il est légitime de distinguer dans Ex., i, i-IJeut., i, 3 + XXXI, 14-xxxiv, 12 (ce que le R. P. appelle le /W^er hipariitus) une source P, avant tout législative. Les lois auraient été écrites ou dictées au jour le jour par Moise, puis réunies en un corps ; rien d’aillem-s n’empêche que des lois nouvelles aient été ajoutées dans la suite, qui, fidèles à l’esprit des institutions primitives, pouvaient être couvertes par la formule Dieu dit â.Voise. Quant aux péricopes historiques de P, dont le P. de Hummelauer semble réduire le nombre, elles auraient pu être composées plus à loisir après les événements. Le Deutéronome mosaïque (D ; vid supr.) présuppose le document légal P ; il présup[)Ose pareillement les récits d'£ : x.-Aum., que la critique attribue à JE. Si, d’autre part, on admet que Moïse a eu recours, pour la rédaction des sections historiques, à des secrétaires, rien n’empêche de reconnaître l’existence des deux documents J et E, fondus ensuite dans l’unité composite JE. Bref, le P. de Hummelauer se rallie au thème JEPD des anciens critiques. Mais, à ses yeux, les documents historiques J, E (parties de P) remontent à Moïse. Il en est de même des éléments fondamentaux des législations (P et D) ; mais celles-ci ont pu recevoir, au cours des siècles, de notables accroissements (cf. p. 61, 9^, 107, 145-152).

IX. La décision de la Commission Biblique

70. — Ces hypothèses et controverses ne pouvaient manquer d’attirer l’attention des autorités ecclésiastiques et de provoquer leurs décisions. Fondée en 1902, la Commission Biblique publia un décret sur la question, le 37 juin 1906. Nous en donnons le texte avec la traduction de M. Mangenot (V Authenticité mosaïque du Pentateuque, p. 5 sv.).

Propositis sequentîbus dubiis Consilium Pontificium pro studiis de re biblica provehendis respondendum censuit prout sequilur :

I. Utrum argumenta a criticis congesta ad inipugnandam nutkentiam Mosaicam Bacrorum Lîbroruni, qui PentateucLi nomine designantur, tanti sinlponderis ut, posthabitis quampluribus testimoniis utriusque Testamenti col La Commission Pontificale, chargée de promouvoir les études bibliques, a pensé deroir répondre comme il suit aux doutes suivants qui lui étaient proposés :

ï. Les arguments accumulés par les critiques pour attuquerrauthenticité mosaïque des Livres saints désignés sous le nom de Pentateuque, ont-ils tant de poids que, sans teuir compte des très nombreux témoignages des deux Testa 1. Le p. de Hummelauer attribue aussi à Moïse le premier discours Deui.j i, i-iv, 13) ainsi que Deut., ïxix, l

(Vulg. 2)-xxxi, 13.

lective sumptis, perpétua consensione populiJudaici, Ecclesiæ quoque constanti traditione nec non indiciïs internis quæ ex ipso texlu eruuntur, jus tribuant alBrmandi hos libros non Moysen habere auctorêm, sed ex foDtibus maxima ex parte aetate Mosaica posterioribus esse confectos ? Resp. Négative.

II. Utrum Mosaica authentia Pentateuchi talem necessario postulet redactionem totius operis, ut prorsus tenendum sil Moysen omnia et singula manu siia scripsisse vel amanuensibus dictasse ; an etiam eorum hypothesis permitti possit qui existimant eum opus ipsum a se sub divinæ inspira tioni s a fil a tu coneeptum alteri vel pluribus scribendum commisisse, ita tamen ut sensa sua tideliter redderent, nihil contra suam volunlatem scriberent, nihil omitterent ; ac tandem opus hac ratione conlectum, ab eodem Moyse principe inspiratoque auctore probatum, ipsiusmet nomine vulgaretur ?

Resp. Négative ad prima m partem, alHrmative ad secundam.

III. Utrum absquepræjudicio Mosaicæ authentiae Pentateuchi concedi possit Moysen ad suum conticiendum opus fontes adhi buisse, scripta videlicet documenta vel orales traditiones, ex quibus, secundum peculiarem scopum sibi propositum et sub divinæ inspirationis afflatu, nonnulla iiauserit eaque ad verbum vel quoad sententiam, contracta vel amplificata, ipsi operi inseruerit ?

Kesp. Aflirmative.

IV. Utrum, salvasubstantialiler Mosaica authentia et inlegrilate Pentateuchi, admitti possit tam longo sæculorum decursu nonnullas ei modificationes obvenisse, uti : additamenta post Moysi mortem e ab auctore Inspiiitta apposita, vel glossas et explicaliones textui interjectas. vocabula quædam et formas seruione antiquato in sermonem recentiorem translatas ; mendosas demum lectiones vilio amanupnsium adscribendas, de quibus fas sit ad normas artis criticæ disquirere et judicare ?

Resp. Affirmative, salvo Ecclesiæ judicio.

ments pris collectivement, du sentiment perpétuel du peuple juif^ de la tradition constante de l’Eglise et des indices internes qui sont tirés du texte luimême, ils donnent le droit d’atlirmer que ces livres n’ont pas Moïse pour auteur, mais qu ils ont été formés de documents pour la plus grande partie postérieurs à l'âge mosaïque. Rép. Non.

II. L’authenticité mosaïque du Pentateuque exiget-elle nécessairement la rédaction de l’ouvrage entier telle qu’ii faille tenir que Moïse a écrit de sa main ou dicté à des copistes tous et chacun des détails ; ou bien peut-on permettre l’hypothèse de ceux qui estiment qu’il a confié à un ou plusieurs secrétaires le soin d'écrire l'œuvre ellemême, conçue par lui sous le souffle de l’inspiration divine, de façon toutefois que ces secrétaires rendent fidèlement ses pensées, n'écrivent et n’omettent rien contrairement à sa volonté, et qu’enfin l’ouvrage ainsi composé, approuvé par Moïse son principal auteur inspiré, soit publié sous son propre nom ?

Rép. Non à la première partie, oui à la seconde.

lU. Peut-on, sans préjudicepour raulhenticité mosaïque du Pentateuque, concéder que Moïse, pour composer son œuvre, s’est servi de sources, documents écrits eu traditions orales, desquelles, conformément au but particulier qu il se l>roposait, et sous le souffle de l’inspiration divine, il a tiré plusieurs parties qu’il a insérées dans son œuvre propre, mot à mot ou quant au sens, résumées ou amplifiées ?

Rép. Oui.

IV, L’authenticité mosaïque et l’intégrité du Pentateuque étant sauvegardées quant à la substance, peuton admettre que dans un si long cours des siècles quelques modifications s’y soientproduites, comme par exemple des additions faites après la mort de Moïse mais par un auteurinspfré, ou des gloses et des explications insérées dans le texte ; certains mots et des formes de discours traduits d’un style veilli en un style plus moderne ; enfin des leçons fautives, dues à la maladresse des copistes, qu’il soit permis de lechercher et de fixer d’après les règles de la critique ?

Rép, Oui, sauf le jugement de l’Eglise.