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moïse et JOSUE

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Esdras vient dans la plaine. Dieu lui ordonne d’ouvrir la boucbe et de boire ce qui va lui être présenté : c’est une coupe d’eau couleur de feu. A mesure qu’il l’absorbe, Esdras sent la sagesse croître en son cœur ; en même temps, les scribes sont remplis d’intelligence. Quarante jours et ipiarante nuits durant, sans s’interromjire durant la nuit sinon pour leur repas, ils écrivent sous la dictée d’Esdras. Le travail aboutit à la reconstitution de quatre-vingt-quatorze livres, dont vingt-quatre représentent les écrits canoniques, accessibles aux dig^nes et aux indignes, dont les soixante-dix autres doivent être réservés aux sages. U’après cette légende, Esdras aurait été favorisé d’un véritable don d’inspiration pour rétablir les anciennes Ecritures.

S. — 2") Le crédit dont l’apocryphe a joui dans l’antiquité elirélienne a fait prendre ce récit en considération par plusieurs Pères de l’Eglise.

Parlant de l’inspiration des Septante et voulant prévenir l'élonnemenl de ses lecteurs, saint Irénée allègue ce qui se passa au temps d’Arlaxerxès. Les Ecritures avaient été détruites durant l’exil ; mais, | quand les Juifs furent revenus dans leur pays, Dieu | inspira à Esdras, prêtre de la tribu de Lévi, de rappeler toutes les paroles des prophètes anciens et de rétablir pour le i>euple la Lui qui avait été donnée par Moise'. Chîment D’Ai-KXAKnniE parle à peu près dans les mêmes termes^. Dans son commentaire sur les Psaumes, Origène déclarait qu’Esdras les avait rappelésaveclesaulresEerilures'.Apropos des Lieux Saints, saint Basile mentionne la plaine où, sur l’ordre de Dieu, Esdras rétablit toutes les Ecritures inspirées^. Saint Jean Chkysostomk voit dans cette inspiration d’Esdras pour le rétalilissement des Ecritures brûlées pendant l’exil, une des preuves de la bienveillance et de la bonté divines ; on remarquera d’ailleurs que, d’après ce grand Docteur, Esdras se i servit pour son œuvre de ce qui restait (à-i /ci'^kvwv) des livres anciens'. Plus tard le souvenir nous apparaît un peu déformé dans le Pskui>o-Athanasr : Par suite de la négligence du peuple et de la longue durée de l’exil, les Ecritures avaient été perdues ; mais

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Hærrsi’s. tih. Ill, cap. xxi, 2 ; P. G.. VU, ' 948, 949).

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3. "Htoi 'E^Spv. x « £ zv-ùzv. ixlT’y. TÛv vXj.Oi'> Vpv.'^orj v.TTOy.-jyi^cyrJiavTo ; [Selecta in Psalmos, Ex Commeniarlls in P$almos : P. G.. XI ! , 1075).

4. 'E>Tv.ûOv. z6 TlîSi’Zv h Ut v.'jv.yr^prtiv. ; , 'E^S/jaç, TTaya ; t « 5 $zir.vvJ7zojt ^i^^j^j-j^ r/507TK'///aTt Oizù ilr, p£u^yTo (Epistolarum Classis I, Epistola Lit, ^, Ad Cliilonem discipulum auum : P. C, WXII, 3571.

5. Ky.t èp&.Ts i/.-jtii^vj^ î-jy, p.d9r, 'rï t5û 0£OÛ t/ : v y.^y.To-j fùyyOpoiTt’y.v' 'Evirvf’jffe tw fxow.y.pi'ù} MûjUTsf, t « ? tt/kzk ; È/.d^.X’i'E, xv~17yev v.ùtôj T£77y.pK/, ovry, r, p-épy.i irri toO op’jUi, y.y.i "nccMV TOff « JTaç iTépy.^^ S17TS ^'i’j-JVA ri/'j 'jô^o-j. Mfrà 5e TK’jra 7ïp5pï ; 'T « 4 ETtsy.'yE ^'jpiv. -ny.do’vTyi Stt’jy.. 'Etï-^/Se TTo'/E/y.îi, kviï/ov ttkvtkç, xariyoiy.v, iveTzp/)76-rt7y.v y.i /3£'/3/C£. 'Eté^w 7Ta/£y £i : v5^£ 6y.ufiK77ôj £véTry£u7£v, oJ7T£ aÙT « ; kxO=70y.t^ zù "E75py. /r/ûJ, y.y.l kt.ô /££, ia>&]v 7jVT£0f, vvA éT : oir, ie [In Epislolnm ad Ucbræos, cap. v,

! lomil. VIII, 4 ; P. G., LXIII, 74).

Esdras les avait soigneusement gardées avec lui (xy.S’iy.tjzrn) et il put les rendre au peuide'. Autre déformation chez LÉONCE DE Byzance : Quand Esdras revint à Jérusalem il constata que tous les livres avaient été brûlés pendant l’exil, mais on rapporte qu’il les récrivit de ménioiie-.

6. — Parmi les Latins, Turtulmkn parle de la restauration des documents de la littérature juive par Esdras^. Le témoignage de saint Jékùme est particulièrement intéressant. C’est à jirojios d’une de ces formules (( jusqu'à ce jour » qui reviennent à plusieurs reprises dans le fentuiciiqae, notamment Veut., XXXIV, G. Le « jour)> en question doit être entendu du jour où l’histoire a été rédigée ; mais peu importe qu’on applique ce terme à l'éiioque de Moïse, auteur du l’eiitateuque, ou à celle d’Esdras, le restaurateur de cet ouvrage. Comme on le voit, le solitaire de Bethléem ne se refuse pas à admettre qu’Esdras ail introduit dans le Penlateuque, en le rétablissant, quelques modilications de détail '. Enfin saint Isidore de Skville parle d’Esdras comme du rénovateur et du second promulgateur (aller lator) de la Loi brûlée par les nations^.

7. — ij) li est intéressant de mettre en relief les principales idées qui se dégagent de ces textes. — n) On notera d’abord que ces’Pères ont émis leurs théories sans aucune préoccupation d’apologétique et de polémique ; on ne peut donc, en aucune manière, parler de concessions faites à des systèmes et à des opinions adverses. — h) Aucun d’eux ne songe à nier que le Penlateiif/ue soit l'œuvre de Moïse. — c) Ils admettent toutefois que, sous sa forme actuelle, le Pentateuque ne vient pas directement de lui. L’ouvrage du fondateur de la nation Israélite a subi de nombreuses vicissitudes au cours des siècles ; comme le reste des Ecritures, il a été détruit, brûlé durant l’exil. Pendant plus de cent ans, la tradition littéraire des cinq volumes a été purement et

1. 'IiTO/iEfrcf ôir.vÀ Toùzc Ttspi Tou "E78py., ÔTf, « nsio/j.ivav TùJ ^£/5/£'wv £^ £y./ji£/££V, ç Tûv Ày.fjiVy xKi Qlv. Tfi’J Tloïuypovtov y.lyjj.u. ytiisiav, aûri ; E^o^y^, j. £>>ox(/j.o ; w xy.l £Ùj ; uï ; ç, xài àvayws-ïjs, £'j ?ù/K5£ TTayrK y.y.6 ' ky.UTÔ-j, y.y.i /5£77Ôy Tzp-^rivîyy.e, xy.i Tzy.aiv éySéSotx£j y.vÀ 5Ùt&j^ Oiv.7fj]ÇzryA tv. (it^Mv. [Synopsis Scripturae Sarræ Liber XII^ Esdræ primas ci srcundus : P.G.jXXVIII, .'Î32). — A propos des Psaumes : yoûv 'EiÔ^k ; , 7u-jy.yy.yùv TOÙTOl/ç 7r « yra ; TOÙ ; T<y, p 'ïy.y.7z’jU z'. yr, p.éyo’Ji tpulfAO^JZ^ eti /m’v.v ajy£? » iK£ ^ij3).ov.{Lib. XIII, Psalteriùm Danidit ; P.G., X.VVIII, 332).

2. '0 51 'K78py.i 7-j-JZypy : py.ro zh-j 1-ny.JOÙov ySjz&iv' y.y.i é).Oùv e/i ZK ^lip070%p.v., xy.l ziip'^-j on Txy.yzoc zv. ^ijiM’y. ^o-eyy y.y.uôivzy., hvcyy. r, yjj.y.}/j)z17Ô/^7yjy y.Trè p.vviy.r, i 'jéyezy.i 7W/ypKéy.7dy.i zv. y.ji' jit^).iy.[Ue Sectis, Actio secundo, viii ; P. G., LXXXVI, 1212.)

3. Qui’madmodum et Hierosolyinis Babylonia expugnatione deletis, omne instrumentum judaicæ litteialuræ per Esdrani constat re.stauraium [De cultii foeminaj uni Lib. I, cap. III ; P. L. 1, 1308).

4. Item ill fine Deuteronomii : Et defuncliis est Mnyses servus IJi>iiiini in terra Moab per verbiim Domini, et sepelioriuit euoi in Gcth, prope (îomum Phe^or, et nemo scit sepiilcrum ejus nsque in dicm istum [Dent., xxxiv, Ti, sec. LXX). Certe liodierniis die s illius temporis aesti mandas est, quo liistoria ipsa contesta est. sive Moysen dicere volueris auctorem Penlaleticlii, sive Ezram ejusdem inslauratorf*m operis, non recuso [De perpétua virginitaie Deatæ MJiriæ advenus Uetvidium liber^ 7 ; P. L., XXIII, 190).

5. Artaxcrxes, an. Xt. Esdras incensam legem rénovai [Etymoloiiiarum lib. V, De legibus et temporibu.i, cap. XXXIX, De discretione tcmporuni, quinla ne Las : P.L., LXXXll, 22ti). — Esdras sacerdos Dji, qui a plei-isque Malachias, id est angélus Dei viicatur. Ilic sacræ scriptor extitit liistoriae, atque aller lator legis post Moysem, namque posl captivîtatem legem incensam ex gentibus renovavit (De orlu et obitu Patrum, cap. lx ; P. L., LXXXIII, 146).