Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/312

Cette page n’a pas encore été corrigée

611

MODERNISME

612

dclerrniné la forme du gouvernement, en donnant l’autorité sociale non pas à la multitude, mais à un collège apostolique tiré par lui de la multitude, et, dans ce collège, à un seul, Pierre, qui en est le chef. L’Eglise ne peut donc changer sa constitution, qui est de droit divin ; un tel cbangenient serait un fait illégitime qui ne pourrait être légitimé par aucune prescription ; on ne prescrit pas contre Dieu. — Voir le Cône, du Vatican, sess. iv, cap. 2.

Prop. 55 : « Jamais.Simon Pierre n’a même soupçonné que le Christ lui eùl assigné la primauté dans l’E< ; llse 11.

Nous n’avons pas à faire ici l’exégèse des paroles du Christ promettant et donnant à Pierre la primauté (Mattii., XVI ; Jkan, xxi) ; paroles que viennent conlirmer tant de faits convergents de l’histoire évangélique et apostolique. Nier que le Christ, en s’adressant à Pierre, lui ait donné la primauté, est une hérésie condamnée au Concile du Vatican, sess. IV, cap. i. Après cela, de quel front un catholique viendrait-il nous dire que jamais Pierre n’a su ce qu’il était ? (Voir article Pieuke.)

Prop. 56 : « Ce n’est pas par une disposition de lu divine Providence, mais par des conditions purement politiques, que l’Eglise romaine a été mise à la tête de toutes les Eglises. »

Pierre a reçu du Christ un pouvoir de chef suprême, cpii doit, jusqu'à la un du monde, servir à l’unité et à la stabilité de l’Eglise entière ; mais Pierre doit mourir : quel sera le mode de transmission de ce pouvoir à un successeur ? La combinaison la meilleure et la plus simple, parce qu’elle dispensait d’une élection de plus et désignait plus nettement le successeur de Pierre, c'était que cette primauté fût annexée à l’une des Eglises alors fondées, qui deviendrait ainsi mère et maîtresse de tdutes les autres. Or, nous voyons par les textes des Pères que cette annexion a eu lieu, et en faveur de l’Eglise de Rome.

Ici donc, pas d'évolution lente à trave ; » les hasards de la fortune, comme lorsqu’une nation prend l’hégémonie sur les autres, mais dès le commencement de l’Eglise une décision de droit a été portée en faveur de Rome ; pas d’origine purement politique, mais un fait d’ordre religieux lui transmet le divin pouvoir de Pierre. —.utre question si vous demandiez, antérieurement à cette transmission, quelles raisons de convenance ont pu incliner à choisir plutôt Rome. Ici ont pu intervenir la grandeur de cette ville, sa facilité de communication avec tous les points du monde connu, eu un mot des circonstances politiques, mais en tant que facilitant son rôle religieux : saint Léo.n l’a dit, et le SaintOffice n’a garde de le nier, il l’indique même par cette restriction : « purement politiques », mère politicis.

Dernière question ; Pierre a-t-il eu une révélation, un précepte divin de transmettre à Rome sa primauté, ou bien, sous l’action ordinaire de la Providence qui dirige les événements, a-t-il lui-même choisi eu pleine liberté? Les théologiens sont partagés, et l’Eglise n’a jamais détini ce point. En employant les mots vagues ex divinæ Providentiae ordinatione, que nous trouvons déjà dans les Pères, le Saint-Oflice a évité d’aborder cette question.

3° Pouvoir de sanctification. Sacrements. —

Les propositions condamnées sont rangées dans l’ordre classique : sacrements en général, puis baptême, conlirmation, eucharistie, pénitence, extrêmeonction, ordre et mariage.

Dans ce vaste sujet, nous ne pouvons insister que sur la tendance générale et les procédés du modernisme.

Partant d’un système préconçu d'évolutionnisme, il lui plail que nos sacrements, dans leur essence même, soient le résultat d’une évolution lente et graduelle. Aussi, dans la doctrine sacranicntaire, il attaquera surtout ce point : l’institution des sacrements par le Christ lui-même.

Prop. 40 : Les sacrements sont nés de ce que les apôtres et leurs.successeurs, sous la poussée des circonstances et des événements, ont interprété une idée et une intention du Christ. »

On ne nie pas que le « principe sacramentel » ait été admis et posé par le Christ lui-même. Mais en quoi fait-on consister ce principe ? En ce que Jésus n’a pas entendu fonder « une religion sans culte ». {Autour d’un petit livre, p. a56.) Mais ce culte, il l’a laissé établir par son Eglise ; c’est elle qui a institué les divers sacrements, suivant l’appel des circonstances, à telle lin et en tel nombre ciu’elle a voulu.

Pour nous catholiques, nous nous en tenons à la définition formelle de Trente (session vu", can. i), que les sept sacrements « ont été tous institués par J.-C. » : délinition reproduite encore par le Concile dans les autres sessions où il passe en revue chaque sacrement en particulier. — Pour qu’on puisse dire ainsi du Christ qu’il a institué chacun des sept sacrements, il faut qu’il ait eu l’idée et l’intention de chacun de ces moyens de salut ou qu’il ait lui-même assigné à chacun la lin particulière qui le spécifie, et qu’il ait pour chacun attaché à un rite la production de la grâce. — Est-il nécessaire que dans tous les sacrements ce rite, ce signe sensible, ait été par lui désigné avec la dernière précision ? On ne nous oblige nullement à le croire. De nombreux théologiens pensent, depuis fort longtemps, que le Christ aurait laissé son Eglise choisir, par exemple dans la Pénitence, les paroles qui ex])riineraient la rémission des péchés, dans l’Ordre, le rite qui exprimerait lu traiisniission du pouvoir sacré, attachant par avance la grâce au rite que choisirait l’Eglise. Il n’en aurait pas moins institué lui-même les sept sacrements.

Le modernisme se heurte aux définitions de Trente ; il s’efforcera de les éluder.

D’abord il prétend que le point de vue de l’histoire et celui de la foi y sont confondus, que le Concile ne peut définir l’histoire : comme si le dépôt de la foi ne contenait pas des faits historiques que nous devons croire comme très réellement arrivés, tels que, dans les Symboles, la naissance et la passion du Sauveur ! comme si l’infaillibilité de l’Eglise ne s'étendait pas à tout ce qui est dans le dépôt de la foi ! comme si, en délinissant quelque cho ; e, elle ne définissait pas implicitement quelle a le droit de le déUnirI

Puis il représentera les Pères de Trente comftie arriérés dans la connaissance des origines chrétiennes :

Prop. 39 : <i Les opinions que se faisaient les Pères de Trente sur l’origine des Sacrements, et qui ont sans doute influencé leurs canons dogmatiques, sont fort éloignées de celles qui à juste titre régnent aujourd’hui parmi les critiques et les historiens du clirisiianisme. n

Par ces critiques et ces historiens, on entend des protestants libéraux, ou des catholiques à leur remorque. Qu’ils soient très éloignés des idées qu’on avait à Trente, rien de plus naturel : mais qu’ils le soient à juste titre, merilo, c’est ce qui est ici condamné. — Ce n’est pas que nous donnions à toutes les « opinions sur l’origine des sacrements ii, que les Pères de Trente avaient pu puiser dans leur milieu, la même certitude, la même valeur, qu'à leurs canons dogmatiques. Ceux-ci, parle seul fait que Dieu a permis qu’ils fussent définis, sont garantis par