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clergé, el au-dessus des simples fidèles (voir une oraison du Sacraracntaire grégorien, citée jiar Delkhayk, J.es Origines du culte des martyrs, p. 22, note 2, cl aussi le Teslanienl des quarante martyrs de Scbasle, éd. Bonwetscb, 1897, p. ^S). C’est parmi eux que celui-ci était recruté de préférence (Const. nposi., VIIl, xxxii) : la prærogativa martyrii (Teh-Ttn, UEN. Adv. Vtilentinianos, ir) leur donnait une sorte de droit au sacerdoce, droit pour lequel aucune difTérencc ne devait être faite entre les confesseurs d’origine libre ou de condition servile, et dont les Canons d’Hippolyte (vi, 43-^7) parlent « dans une forme qui parfois nous surprend » (A. d’Alfs, La rhéologie de saint Ilippolyte, ji. 6 ; cf. les observations deMgrDL’CHESNE, y>eHJ"i<meco71g^rè5 scientifique international des catholiques, cinquième section, Paris, 1891, p. 272).

Nombreux sont les confesseurs que les documents anciens nous montrent devenant évêques ou prêtres (voir EusÈBE, Hist. ceci., III, xx, 6 ; VI, 11, 4 ; viii, 7 ; V, xxviii, 11 ; VI, xLiii, 6, 20) : la correspondance de saint Gvprien en oll’re plusieurs exemples, dont le plus émouvant est celui de Numidicus. Il avait été laissé pour mort à la suite d’une émeute païenne, pendant laquelle il n’avait cessé d’exhorter ses frères à demeurer fermes dans la foi ; plusieurs chrétiens, parmi lesquels sa femme, furent lapidés ou brûlés vifs ; sa (illele retrouva sous les pierres ; ramené à la vie, il fut par Cyprien inscrit parmi les prêtres de Carthage : et nubiscum sedeat in clero, hac clarissima confessionis suæ illustris et virtutis ac pdei honore sublimis (F p. xl). Cyprien promut aussi à l’office de lecteur deux jeunes confesseurs que leur âge ne permettait pas d'élever au sacerdoce : il qualifie l’un d' illustris adolescens a Domino jam probatus (Ep. SXXI7I) et proclame l’autre clero nostro non humana su/fragatione sed divina dignativne conjunctas {Ep. xxxix) : tons deux recevront des émoluments supérieurs à ceux de leur charge et égaux à ceux des prêtres (Ep. xxxrx).

Le litre de cunfessor était inscrit sur la tombe de celui qui, ayant sxirvécu à la confession de sa foi, était demeuré fidèle jusqu'à la fin de sa vie : EVTICIVS I CONFESSOR | DEPOSITVS | KAL SEPTENBRIS IN PAGE ^, dit une épitaphe de Cornuto-Tarquinies. Une autre épitaphe, à Milan, est plus curieuse : un confessor et sa femme se préparent de leur vivant un tombeau, et, dans l’inscription

: ravée sur le sarcophage, parlent d’autres confesseurs

qui, déjà morts, partagent maintenant la gloire des martyrs : … ET A DOMINO CORON ATI SVNT BEATI I CONFESSORES CO.MITES MARTYRO-RVM I AURELIVS DIOGENE5 CONFESSOR ET | VALERIA FELICISSIMA BIBI IN DEO FECERVNT. Sur les deux inscrii)tions, voir le commentaire de 51. DE Rossi, Bull, di arch. crist., 1874, p. loi-iii. Toutes deux sont postérieures à la paix de l’Eglise, et se rapportent à des fidèles ayant confessé le Christ p ?ndant la dernière persécution. On remarque avec surprise que ces deux textes épigrapliiques sont les seuls qui nous conservent le souvenir de confcssores, si souvent cités, au contraire, dans les documents écrits.

Sur les confesseurs, P. Batiffol, Etudes d’histoire rf de théologie positive, I, Paris, 1902, p. I12-135 ; Allard, Histoire des persécutions, t. II, 3" éd., Paris, 1905, p. 362-376, 396 ; A. d’Alès, L'édit de Calliste, Paris, 1918, p. 297-349 ; P. DE Labriollb, Confesseurs et martyrs, dans Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétiennes, janvier 191 1, p. 50-54 ; J. Ernst, J)er Begriff von Martyrium bei Cyprinn, dans Historisches Jahrbuch, t. XXIV, 1918, p. 318353 ; H. Lbclercq, Confessor, dans Dict. d’arch.

chrétienne et de liturgie, fasc. XXXII, 1914, col. 25082515.

7. Le culte des martyrs. — a) La sépulture. — On sait quels étaient le respect des premiers fidèles pour leurs défunts et le soin avec lequel ils assuraient à ceux-ci une sépulture honorable, à i)art des sépultures païennes. Les catacombes romaines et les cimetières chrétiens d’autres pays sont un témoignage monumental de leur piété envers ceux qui mouraient, selon le langage des inscriptions, in pace et in Christo. Combien cette piété devait être plus grande encore envers les martyrs, élevés, dit Ori-GÈNE (Exhort. ad mart., h), au-dessus de tous les justes à qui a manqué la gloire de verser leur sang pour la foi I

En principe, les lois romaines privaient de sépulture les condamnés à la peine capitale (Mommsen, Le Droit pénal romain, Irad. Duquesne, t, I, Paris, 1907, p. 338). Mais, en fait, elle leur était ordinairement accordée, si leurs proches ou leurs amis en faisaient la demande (Digeste, XLVIII, xxiv, i, 3). C’est ainsi queN.-S. Jésus-Christ put être détaché de la croix et mis dans le tombeaii. Il fallait des circonstances exceptionnelles (Dig, , XLVIII, ?.sjv, i) pour que la sépulture fvit refusée. Cela arriva plus d’une fois cependant pour les martyrs, aussi bien au second siècle (Eusèbh, Hist. eccL, V, i, 67-62) qu’au quatrième (ibid., VIII, vi, v ; De mart. Pal., ix, 9-1 1). Souvent des chrétiens durent enlever furtivement les restes vénérés, même au péril de leur propre vie. Mais très souvent aussi un tel dévouement — quelquefois récompensé lui-même par le marlyre — ne fut pas nécessaire, et l’autorité romaine rendit sans diflieulté les corps des suppliciés.

b) L’anniversaire. — Que l’inhumation du martyr ait eu lieu publiquement el « triomphalement », comme cela se fit pour saint Cyprien (Acia.S'. Cvpriani, v), ou qu’elle ait eu lieu d’une manière plus ou moins dissimulée, les chrétiens se réunissaient, quand ils le pouvaient, près de son tombeau, au jour anniversaire de sa mort ou de sa depositio. La plus ancienne mention de ces commémoration s liturgiques est dans la lettre des Smyrniotes sur le martyre de saint Poly carpe, en 155. Ceux-ci racontent qu'à l’instigation des Juifs, des notables de Smyrne obtinrent du proconsul que le corps du martyr (mort étouffé par les flammes, mais non consumé) fut refusé aux chrétiens : un centurion le lit réduire en cendres. « Nous pîimes cependant, disent-ils, recueillir ses ossements, plus précieux que toutes les pierreries et plus beaux que l’or le plus pur, et les déposer en un lieu convenable ; c’est là que le Seigneur nous permettra de nous réunir, comme nous le pourrons, en toute allégresse, et de célébrer l’anniversaire de son martyre, r^iv toO [j-Kprupiov e.ijToii 'n^i^jv-j -/vAOho’j, en souvenir de ceux qui ont déjà combattu et pour l’encouragement et la préparation, âïz/ ; 71V te xaX 'îTOi// « 7(av, de ceux qui doivent combattre phis tard. » (Martyrium Polycarpi, xviii)

On remarquera l’expression employée parla lettre des Smyrniotes : roi/ ixv.p-npiou kOtoO ii/i.épm /^zaiS/iov. Le jour du martyre est assimilé par eux à un jour de naissance. En latin le natale ou dies natalis d’un saint désigne toujours aussi l’anniversaire de sa mort ou de son martyre. C’est alors qu’il est vraiment né pour la vie éternelle. Saint Augustin a fait éloquemment ressortir ce qu’a de touchant et de noble l’adoption de ce mot avec cette signification par l’Eglise (Ep. xxii, xxix ; Confess., VI, 11 ; De mor. Eccl. cath., 1, 34). On en rencontre un exemple, qui est peut-être le seul, dans l’antiquité païenne ; SÉNK^>UE, sous la plume de qui se remarquent si