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MARTYRE

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le croire. El d’ailleurs des histoires moins anciennes et aussi bien attestées ne sont-elles pas là pour nous apprendre qu’en cet ordre de choses tout est possible ? » (DucuESNE, Histoire ancienne de l’Eglise, l. II, p. 50)

/) L’iconographie antique du martyre est assez pauvre. Longtemps, par prudence, par charité, les chrétiens évitèrent de représenter des scènes de ce genre. Elles ont cependant laissé quelques traces dans les peintures ou les sculptures des temps de persécution ou de la période qui suivit ininicdiateuient. La décapitation de trois martyrs est représentée par une fresque de la (in du iv* siècle, dans la maison des saints Jean et Paul, sur le Celius (Germano di S. Stanislao, La casa celimontana dei SS. niartiri Giuvanie J’aolo, Rome, 189Î, ig. 4^, p. 320) ; celle de saint Achillée sur un chapiteau du 1 v" ou v’siècle, dans la basilique de Pétronille, au cimetière de l)omHile (lluU. di archentogia crist., 1875, p. 910 et pi. iv). L’exposition des chrétiens ad bestias est ùgurée par les images de Daniel dans la fosse aux lions, fréquentes dans les peintures des catacombes, sur les sarcophages et sur les verres chrétiens : quelquefois l’artiste a représenté le condamné, non dans une fosse, comme le personnage biblique, mais sur un tertre ou sur une estrade, à laquelle on accède par des plans inclinés, selon l’usage des amphithéâtres romains : ainsi dans une fresque de la lin du i"’siècle ou du commencement du second, au cimetière de Uomitille, et sur un verre grave (Bull, di arcli. crist., 1865, p.tfi ; r884-1885, pi. v-vi et p. 86-94 ; Bull, délia camniissione arclieologia comunale di Ronia, 1885, pi. v-viii, et p. 5462). On doit voir probablement aussi une allusion au martyre par le feu dans les fresques des catacombes et les bus-reliefs des sarcophages représentant les trois enfants hébreux dans la fournaise de liabylone ; une médaille de dévotion, du iv ou v° siècle, montre saint Laurent étendu sur le gril, et que le bourreau semble s’apprêter à retourner : l’empereur couronné de laurier, le sceptre à la main, assiste au supplice (fitill. di arch. crist., 1867, pp. 33, etpl., n" 8). Un reliquaire d’argent, du V siècle, publiéégalement par M. de Uossi, présente, en relief, l’image d’un martyr, de nom inconnu, à demi plongé dans un puits, au milieu des roseaux, et secouru par un ange.

D’autres représentations de martyrs ont disparu, mais sont attestées par des auteurs anciens. Le Liber Pontificalis cHe un bas-relief en argent, figurant le martyre de saint Laurent, mis au temps de Constantin par le pape Sylvestre dans la basilique du saint, sur la voie Tiburtine : il se peut que la médaille décrite plus haut en soit une reproduction (l.iber Pontificalis, Silvester, 24, éd. DuciiESNE, t. I, p. 181 et 197, note 84). Le poète Pnu-DENCE a vii, dans la catacombe de saint Hippolyte, surlamême voie, unepeinture représentant ce martyr traîné par des chevaux furieux, pendant que des chrétiens recueillent, sur son passage, les lambeaux de ses membres et les gouttes de son sang (Péri Steplianiin, xi, 128-1 62). Le même poète a vu dans la basilique d’Imola une peinture du martyre du maître d’école Cassien, livré à ses élèves païens qui le tuent avec leurs stylets (ibid., ix). Saint AsTiinius, évéque d’Amaséc à la Un du iV^ siècle, décrit la tapisseries qui ornaient le tombeau de sainte Eupbémie, dans son église de Chaiccdoine : les di^erses scènes de l’interrogatoire, de la torture par l’arrachement des dents, du supplice du feu, y étaient représentées(^narra(io inmartyrium præctarissimae martyris Euptiemiae, m) Saint GRÉGoinEDE Nazianzk 1 cite encore une représentation du martyre de saint 1

Théodore, peinte près de son tombeau, et figurée en mosaïque sur le pavé de son église, à Conslantinojile (Oralio de magno martyre J heodnro). L’auteur d’une homélie publiée parmi celles de saint 15asile (xvii), mais qui est peut-être de saint Jean Ghrysostome ou d’un disciple de celui-ci, invitait les peintres à prendre pour sujet le martyre de saint Barlaam : nous ignorons si cette invitation a été entendue.

Voilà à peu près tout ce que l’on sait de l’iconographie antique du martyre : on le complétera utilement par l’étude de divers monuments de l’antiquité païenne représentant des supplices, surtout des scènes d’exposition aux bêtes, fréquentes sur les poteries, et pouvant servir d’illustration à certains Actes de martyrs, tant est parfaite la concordance des détails (voir Leclercq, Ad hestias, dans le Dict. d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. I, col 450462). Quant aux portraits de martyrs — saint Corneille, saint Cyprien, dans la catacombe de ^ lalliste, saint Tiburce, saint Gorgonius, saints Pierre et Marcellin, dans la catacombe éponynie de ces deux martj’rs, saint Sixte, dans celle de Prétextât, saints Abdon et Sennen, dans celle de Pontien, etc., — ils se rencontrent sur des [)eintures généralement de liasse époque, et, bien qu’offrant quelquefois des particularités de costume intéressantes, montrent des figures purement conventionnelles. On en doit dire autant de ceux qui sont donnés ])ar des basreliefs de sarcophages, des lampes de terre cuite, des médailles, des verres, bien qu’ils soient le plus souvent d’une époque meilleure : Calliste, Laurent, Vincent, Hippolyte, Sixte, Timolhée, Agnès, Genès, Abdon ; on n’y doit chercher aucune ressemblance : sauf peut-être pour Calliste, dont les traits, dans son portrait sur verre, semblent avoir quelque chose d’individuel (Bull, di arch. crist., 1866, p. 17, 33). Plus précieux encore, à ce point de vue, est un médaillon de bronze, conservé au musée chrétien de la Bibliothèque Vaticane, et que d’après son style M. de Rossi fait remonter au temps d’Alexandre Sévère ; il iiarait avoir conservé, d’après des souvenirs antiques, la physionomie devenue traditionnelle de saint Pierre et desaint Paul (fi » //, rfi rt7-c//. crist., 1864, p. 81-87 et pi., n° i). Quant aux statues, on en connaît une seule représentant un martyr : c’est celle du docteur saint Hippolyte, assis, les titres de ses ouvrages gravés sur les côtés de son siège : elle paraît appartenir au m" siècle, mais la tête est une restauration moderne. Sur cette statue, conservée au musée de Latran, voir A. d’Alks, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. III- VIII, xLii ; sur l’ensemble du sujet, voir Northcote et Brownlow, lioma sotterrariea, i<^ éd., t. H, Christian Art, Londres, 1879.

L’iconographie moderne des martj’rs des |)ersécutions romaines se résume dans les peintures de l’Eglise San Stéphane Rotondo et dans les curieuses planches (gravées par Tenipesta d’après les dessins de Giovanni de Guerra) du livre de l’oratorien Antoine Galloni, f)e sanctorum martyrum criiciatilius, Rome, iSgi ; Cologne, 1602 ; réimpression, Paris, 1904 : elles n’ont pas de valeur documentaire. Le livre de Galloni est, du reste, d’une grande érudition, et peut être consultéavee fruit ; mais son texte est emprunté à des sources mêlées, tantôt excellentes, tantôt légendaires. On me permettra de renvoyer aussi, pour une description détaillée des supplices, à mes Dix leçons sur le martyre, ch. viii, ]i. 273-808.

6. Les confesseurs. — a) Distinction entre le confesseur et le martyr. — Les chrétiens qui avaient attesté leur foi devant les juges, mais n’avaient pas encore souffert la mort pourelle, n’avaient pas droit