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MARIE — IMMACULEE CONCEPTION

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Tous ces facteurs en supposent eux-mêmes un nuire, qui avait précédé : la Tradition vivante des Pores dont l’enseignement, moins explicite à mesure (fu’on remonte davantage le cours des siècles, est comparable à une esquisse et à des semailles, « si qua antiquitus in/ormata s(."/et Patrum (ides sévit ». La bulle donne les principales manifestations, comme nous l’avons fait pour les temps postépliésiens. Dans les siècles plus reculés nulle doctrine explicite sur la Conception de Marie, de l’aveu des rédactexus du Silioge degli argomenti, op. cit., t. II, p. ^8 : (( Non est dilBtendura inter Patres ceterosque scriptores, qui velustioribus Eeclesiæ aetatilms vixere, nondum repertos qui apeitis vcrbis allirmaverint beatissimam Virginem sine originali peccato esse conceplam. » Il faut se contenter de ce que les consulleurs appellent des indices et comme des vestiges,

« quædam indicia et quasi vestigia ».

Entre cette Tradition active elle dépôt primitif de la révélation divine, quelle connexion poser ? La réponse à cette question formera la conclusion de notre élude.

4. Conclusion : comment l’Immaculée Conception a été révélée. — Parmi les théologiens de la Commission préparatoire, quelques-uns recoururent à une, Tradition objective, datant des Apôtres et suliisant à elle seule pour entraîner une délinition. La plupart n’allèrent pas si loin ; ils jugèrent seulement que la Tradition active se présentait dans des conditions qui garantissaient une connexion objective entre la vérité transmise et le dépôt primitif ; ce qui se vérifie soit que la Tradition active se relie à une Tradition orale primitive, soit qu’elle représente l’expression d’une vérité Implicitement contenue dans les <u’acles divins, interprétés sous la lumière de la foi et de la doctrine catlioli(]ue. Rien de tranché làdessus : l’Immaculée Conception nous est simplement proposée « comme une doctrine qui, au jugement des Pères, est consignée dans les saintes Lettres et qu’ils ont eux-mêmes transmise en de nombreux et graves témoignages. » Dans la formule de délinition, rien n’a été dit sur la valeur respective des preuves alléguées ni sur les rapports de dépendance mutuelle qu’elles peuvent avoir ; bien plus, aucune preuve n’a été spécifiée. Seuls quelques passages de la bulle, celui-ci par exemple : Patres Ecclesiæque scriplores cæleslilms edocti eloqiiiis docuere, etc., confirment ce qu’on a déjà vu (le la volonté formelle de ne pas disjoindre l’Ecri-Uire et la Tradition active.

Sansvouloli- trancher ce que l’Eglise n’a point tranché, contentons-nous de dire que l’hypothèse d’une tradition orale primitive, formelle, complètement distincte ouindépendante des saintes Lettres, est sujette à de graves dillicultés : sans compter ce qu’elle a d’invérifiable et oe qu’elle semble avoir d’arbitraire, on ne s’explique guère alors ni l’absence de témoignages formels pendant tant de siècles, ni les controverses si vives qui ont existé jilus tard, soit en Occident, soit en Orient. Reste que le privilège mariai ait son fondement dernier dans la sainte Ecriture, Gen., lii, 15 et Luc., i, 28, ^2, interprétés par la tradition active, mis en parallèle et éclairés l’un par l’autre, peut-être à l’aide de doniiées primitives sur le rôle de Marie comme nouvelle Eve.

La vérité plus générale où le privilège est contenu, semble être la notion de Mère de Dieu, non pas la notion abstraite qui énonce simplement le rapport de génération physique, mais la notion concrète de Mûrie Mère de Dieu, telle que celle-ci nous apparaît dans la révélation prise intégralement, c’est-à-dire Marie traitée vraiment en mère par son divin Fils et constituée, dans l’œuvre de la

réparation, nouvelle Eve, associée au nouvel Adam. C’est cette notion concrète de Marie Mère de Dieu, suflisamment indi({uée par la sainte Ecriture et corroborée par le sentiment de l’Eglise, qui est devenue pour les anciens Pères comme une valeur première dont ils ont exploité l’inépuisable contenu. Sous cet aspect, l’Immaculée Conception rentre, comme un détail, dans la sainteté ou les perfections propres à la Mère du Verbe incarné, telle qu’il Va voulue, et décemment voulue. C’est Marie sainte et pure, quand son âme sort des mains du Créateur et s’unit au corps qui devait porter l’Homme-Dieu ; sainte et pure alors comme en sa naissance, comme au jour de l’Annonciation, comme dans l’ineffable nuit de l’enfantement divin, comme dans toutes les circonstances de sa vie unique. Suivant la jusie réllexion de Scuekben, art. ICmpl’(i.ni(niK du Kirvlienle.mkon, 2’éd., t. IV, col. 462 ; « Pour bien apprécier la place de cette doctrine dans la Tradition, il ne faut pas la considérer comme une vérité isolée, mais comme faisant partie de l’idée générale que l’Eglise a toujours eue de la sainteté de Marie et de son rôle dans l’économie de la Rédemption. »

Bmi, ioGRAPHiE. — La synthèse des preuves de Plmmaculée Conception, déjà bien amorcée par les grands théologiens postérieurs au concile deTrente, par exemple Suarez, In 111"" (De mysteriis), disp. III, sect. V, se trouve, perfectionnée et complétée, surtout dupointde vue scripluraire et patristique, dans les cours de théologie plus récents. La plupart des auteurs touchent la question dans le /Je Verbo incarnalo : Schecben, Handlnicli der kalbolischen Dogmatik, t. III, p. 279, Fribourg-en-Brisgau, 1882 ; J. Pohle. Lehrhuck der Doi^matik, t. II, p. 267, 4" éd., Pnderborn, 1909 ; trad. angl. sous le titre de Mariology, par A. Preuss, Saint-Louis (Mo.), 1914, " L. Janssens, />e Deo Ihimine, II, p.30 ; G. Van Noort, De Deo Redemptore, sect. lii, 2" éd., Amsterdam, 191 o. D’autres rattachent la question au péché originel : Palmieri, Iraclatus de peccato originali et de Inimuculato B. V.Deiparæ Conceplu, 2" éd., Rome, igoi ; Ch. Pesch, De Deo créante et élevante, sect. iv, a 4- D’autres, formant de la Marialogie un traité distinct, y font naturellement rentrer l’Immaculée Conception : A. M. Lépicier, Tractatus de B. Virgine Muria Matre Hei, P. ii, c. 1, 3’éd., Paris, 1906 ; C. van Crombrugghe, Tractatus de B. Virgine Maria, c. m. Gand, igiS, Pour plus de développement, voir les ouvrages d’ensemble : G. Passaglia, De immaculato Deiparae semper Virginis Conceptu commentarius, Rome 1854 et Naples 1855 ; MgrMalou, évêque de Bruges, L’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie considérée comme dogme de foi, Bruxelles, 1857 ; Th. Harper, S. J., Peace through the Trnth, ° Série, 4° essai (réponse au D’Puse.y), Londres, 1866 ; Ed. Preuss (après sa conversion), Zum Lobe der unbefleckten Empfângnis von Einem der sie vormals gcldssert liai, Fribourg-en-Brlsgau, 1879 ; Hilaire de Paris, ord. Cap., Notre-Dame de Lourdes et V Immaculée Conception, Lyon, 1880 ; X. M. Le Bæhelet, L’Immaculée Conception : I. L’Orient ; U. L’Occident, Paris, 1902 ; Mgr UUathorne, The Immaculate Conception of the Mother of God, revised by Canon Iles, Westminster, 1904 ; J- B. Terrien, S. i., L’Immaculée Conce/ition, Paris, 1904 (extrait de La Mère de Dieu, t. I) ; L. Ivûsters, S. J., Maria, die unbefleckt Empfangene, liatisbonne, 1906 ; J. Mir y Noguera, S. J., La Inmarulada Concepcion, Madrid, i^o5.

Recueils d’ordre documentaire ou bibliographique : Pareri delV Episcopalo cattolico, di CapitoU,