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MARIE.

IMMACULÉE CONCEPTION

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dans Iteiiie Augustinienne, 1910, t. IX, p. 145 : Je discours de Démétrius Cydonés sur l’Annonciation et sa doctrine sur l’Immaculée Conception, dans J^chos d’Orient, igiij, t. XVII, p. 97 ; Georges Scholarios et l’Jmmaculée Conception, Ibid., sept.-oct. igiS, t. XVII, p. 527.

Sur la déviation postérieure : J. Gag^arin, Quatrième lettre à une Dame russe sur le dogme de l’Immaculée Conception. Paris, 1867 ; le même, J.’Eglise russe et l’Immaculée Conception. Paris, 1876 ; J. B. Baur, ord. cap., ’Avarzrjv ; zf, i S<ôxz-^.y.’/<v. : Tv ; ç’E/x/y ; Tt’a^ y-vKroJ ty.f, : ai ïv.j-rr, t ry ; tôta ;. Argumenta contra Orientalem Ecclesiam eiusque synodicam encyclicam anni MDCCCXCV, fere unice hausta ex libris eius confessionalibus aliisque ipsius scriptorihus atque nuctoribus, P. II, c. i, p. 560. Inspriick, 1899 ; X-M. Le Bachelet, L’Immaculée Conception, L’Orient, cli. m ; A. Spaldak, Die Stellung der griecliisch-russischen Kirche zur Lehre der VnbefecJiten Empfdngnis, <iins Zeitschrift fiir hatholische Théologie, Inspruck, 1904, t. XXVIII, p. 767 ; le même,.

mitky rusiych theologu proti

iiauce neposii’rni^nt’ni poteti Panny Marie (De objectionibus, qiias Russorum theologi contra immaculatam Deiparæ conceptionem adducunt). dans Casopis katolického ducliotensta, Prague, 1906, p. 50, 100 ; cf. résumé dans Sla^orum litierae theologicae, 1907. t. III, p. 101 ; S. Pétridès, des Aiigustins de l’Assomption, L’Immaculée Conception et les Grecs modernes, dans Echos d’Orient, 1905, t. VllI, p. 267 ; M. Jugie, l’Immaculée Conception chez tes Russes an XVII’^ siècle, Ibid., 1909, t. XII, p. 66 ; le même, L’Immaculée Conception en Moscovie au XVII’siècle, Ibid.. p. 321 ; A. Palmleri, O. S. A., De academiæ ecclesiasticae Kioiensis doctrina B. Mariant V. præmunitam fuisse a peccato originali, dans Acta II Conventas Velehradensis, p. 89, Prague, 1910.

II. La croyance a l’Immaculée Conception en Occident, après le concile d’Epiièse. — La question ne se présente pas en Occident dans les mêmes conditions qu’en Orient. Dans ce dernier pays, nous avons trouvé très vite de belles lueurs d’aurore, suivies d’un radieux soleil ; puis les nuages s’amoncellent et l’ombre vient. En Occident, au contraire, c’est l’ombre d’abord, puis une aurore indécise où les nuages et les rayons du soleil se combattent ; mais les nuages se dissipent pour faire place à une lumière pleine et dominatrice. Deux périodes successives se présenteront à nous : une période d’obscurité et une période de discussion qui amènera le triomphe complet et définitif.

A. La croyance en Occident, depuis le concile d’Ephèse (’^38) jus qu’à la teille de l’âge scolastique (milieu du xi* siècle). — Quand on passe des Pères grecs postéphésiens aux Pères latins de l’époque correspondante, il est impossible de ne pas remarquer le contraste. En proclamant solennellement la maternité divine de Marie, le concile d’Ephèse avait attiré l’attention des premiers sur les grandeurs et les privilèges delà bienheureuse Vierge ; de là, dans la doctrine et dans la piété, le merveilleux essor que nous avons constaté. En Occident, la réaction anlipélagienne détermine un autre mouvement ; la doctrine marialogique reste stationnaire, et la manifestation de la piété envers la Mère de Dieu ne devient bien sensible qu’à partir de la seconde moitié du viii’siècle, alors que les fêtes de Xotre-Dame commencent à se célébrer. Sur la fin de la période, l’apparition de la fête de la Conception sera l’événement notable qui méritera de lixer particulièrement l’attention.

a. Aspect général de la croyance chez les Pères lutins postéphésiens. — Deux courants sont à distinguer, qu’on peut caractériser par les épithètes de négatif et de positif, en ce sens que le premier courant, à supposer qu’il ne soit pas contraire à la pieuse croyance, n’en favorise pas le développement, tandis que le second la favorise.

i. Courant négatif. — On le rencontre dans le prolongement de la doctrine de saint Augustin. A la suite du maître, les disciples mettent fortement en relief l’universalité du péché originel et la connexion qui existe entre la génération soumise à la concupiscence et la conception dans le péché. « Seul parmi les enfants des hommes le Seigneur Jésus est né sans péché, parce que seul il n’a pas été sujet, dans sa conception, à la souillure de la concupiscence charnelle. » Ainsi parle saint LÉON, Serm. xxv, In iS^atiiit. Domini v.b, P. L., hl, 211. De même les autres Pères de Oliation augustinienne : Fi^-gence, De teritate prædest. et grat., 1. I, c. ii, P. £., LXV, 60’4 ; Grégoire lb Grand, Moral., XVIII, 84, P. L. LXXVI, 89 ; BÈDK, Ilom. I, In festo Annunt., P. L., XCIV, 13 ; Alccin, In Joa, , 1. V, c. xxiv, P. L., C, 877. A la différence de Jésus, Marie conçue dans le péché, eut une chair de péché : Fulgence, Ep., xvii, de Incarnat, et Gratta, c. vi, n. 13, P. L., LXV, 458 ; Ferhand le diacrr, Epist. ad Anatol., i, P. L., LXVII, 892 ; Pierre Damien, Opusc. vi, c. v, P. L., CXLV, 129. Aussi fut-elle purifiée au jour de l’annonciation :

« Hæc inde purgationein traxit, unde

concepit. » S. Léon, Serm. xxii, In Xatiw Dom, , ii, c. 3, P. L., LIV, 196. Cette puriflcalion préalable était nécessaire pour qne Marie devînt digne d’enfanter un Dieu, et pourquela chair du Christ, venant d’elle, ne fût pas elle-même chair de péché : Bède, Ilom., I, P. t., XCIV, 12 ; Paschase Radbbrt, De partu Virginis, 1. I, P. 2… CXX, 1371.

Ces témoignages excluent-ils positivement le privilège mariai ? Pas plus, semble-t-il, que les textes analogues de saint Augustin, discutés ci-dessus, col. 186. Il ressort clairement de là que, pour les disciples comme pour le maître, toute génération sexuelle est soumise, dans l’ordre actuel, à la loi de la concupiscence, et. dans le même sens, à la loi du péché ; le terme de la génération ou l’engendré est également soumis à la même loi de la concupiscence, qui l’atteint directement dans sa chair, indirectement dans son esprit et sa volonté. D’après ces principes rigoureusement appliqués, Marie, conçue par saint Joachim et sainte Anne, est atteinte dans sa chair par la loi de la concupiscence ; sous ce rapport, il y a matière à purification, préventive ou subséquente. Pour pouvoir conclure à l’existence en Marie du péché originel proprement dit. il faut supposerque ces Pères ont identifié purement et simplement la concupiscence et le péché originel proprement dit, ou qu’entre les deux ils ont mis une connexion absolue. En réalité, ont-ils sur l’essence du péché originel une opinion assez arrêtée et assez nette, pour qu’on puisse leur attribuer sûrement l’une ou l’autre de ces hypothèses ? Il reste que, si les textes objectés n’excluent pas nécessairement le privilège mariai, ils ne rendent pas non pins, dans leur ensemble, un son qui lui soit favorable ; ils contiennent même le germe de la controverse qui éclatera bieatùt en Occident.

2. Courant positif. — Tandis que les témoignages précédents semblent assimiler les origines de toute créature humaine et celles de Marie, en raison de sa descendance adamique par voie de génération sexuelle soumise à la loi de la concupiscence, d’autres, au contraire, tendent à relever la personne de la Vierge, à la faire sortir du commun, en raison de la dignité