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MARIE. — IMMACULÉE CONCEPTION

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actuel, pccbé d’Adam et de ses desccndanls ne formaiil qu’un, moralement, avec leur pore et clief ; iiéclic entraînant dans le chef et dans les membres tous 1rs ell’ets énumérés par le concile de Trente. Celle manière de voir a été parliculiérement mise en relief par le cardinal de Lugo, De Pæniteiilia, Disp. vil, seet. vii, n. 9810.’). Les autres conçoivent la faute héréditaire, non comme un acte, mais comme un état ; étal d’aversion par rapport à Dieu lin surnaturelle état d’injustice et d’impureté spirituelle, résultant bien de la faute personnelle d’Adam, principe et chef du genre liumain, mais consistant propreiuent, pour chaque individu, dans la privation de la grâce sanctiliaiite ou de la justice originelle. S. Thomas, Sumnia theid., I » W’^^. q. 82, a. 2. Sans être jamais présentée sous une forme théorique ni même expresse, ces deux conceptions se rencontrent pourtant chez les Pères grecs. Saint Athanase parle du péché qui, du fait du péché d’Adam, passe à tous les hommes : tcu’A5à// ttk|5 « Ckvtû4, £<’ç ~v : j~.v~ y-^ôc^n^-^i t^dr/iiv >, ’j-fi.’j.r.-^%. Oral-, I Ads’. Arianns. 51, P. G., XXVI, 117. Saint Basile parle également du premier péché comme sien : r ?, : v.ijv./iTic/.i… t ?4 è/’^ ; - Oral. de paradiso, P. G., XXX, 05. Au comte Herminus qui lui demandait pourquoi l’on baptise les enfants qui sont sans péchés, -rit Cpiyr, mry_ ; j.dpTriTy. iix’j, saint Isi-DORR DK Pklusb répondit : « Il y en a qui se contentent de dire : le baptême elTace en eux la tache que la prévarication d’Adam fait passer en tout homme ; c’est là une réponse par trop sommaire et incomplète. Pour moi, je crois aussi que cela se fait ; mais ce n’est pas tout, ce serait même peu de chose : Il faut y ajouter les dons qui surpassent notre nature. » Epist., 1. III, cxcv, P. a., LXXVIII, 880. C’est apparemment dans le même sens que saint Jean Chuysostome avait déjà dit : « Nous baptisons les enfants, quoiqu’ils soient sans péchés, pour leur procurer la sainteté, la justice, l’adoption, le droit à l’héritage, la fraternité avec le Christ. » Ilom. ad neopliytos, d’après S. Augustin, Contra Jidian. I, 21-22, P. l.., XLIV, 654 s. Parler ainsi, n’est-ce pas supposer dans les enfants non baptises la privation de la sainteté, de la justice et des autres dons que notre premier père avait reçus, comme chef de l’humanité ?

Ces exemples, choisis entre autres, sulllsent pour qu’à l’objection proposée on puisse répondre fermement : rien ne s’oppose, en principe, à ce que les Pères grecs aient pu songer, sous une notion propre ou sous une notion théologiquemenl équivalente, quoi qu’il en soit du terme môme de péché, au privilège mariai envisagé soit dans sa forme négative : préservation de la tache héréditaire, soit dans sa forme positive : conception sainte ou immaculée.

BinLioGRAPuiE. — A. Ballerini, S. J., Sylloge montiinentorum ad mysterium Conceptionis hnmaculatae Virglnis Deiparæ illustrandam, Paris, 1855, 1867 ; J. Gagarin, S. J., Deuxième lettre à une dame russe sur le dogme de l’Ininiactilée Conception, Paris, 1857 ; D. Placide de Meester, O. S. B., Le dogme de l’Immaculée Conception et ta doctrine de l’Eglise grecque, cinq articles dans Replie de l’Orient chrétien^ Paris, ifjo/i-icjoô ; Mgr Niecolo Marini, l’Immacolata Concezione di Maria Virgine e la Chiesa ortodossa dissidente, treize articles dans // Bessarione, 11" série, l. VIl-X ; me série, t. I-IV, Rome, nov. 1904 à juin 1908 ; Ad. Spaldak, S. J., Les Pères grecs sur l’Immaculée Ciinceplion de la Mère de Dieu, quatre articles en tclièque, dans l’asopis katulicLého duchoiensta (Publication périodique du clergé catholique de Bohème), Prague, igoS ; compte rendu dans

Shiforuni litteræ theolugicæ, Prague, 1906, t. II, p. 17 ; réimpression dans Trudy II ! , x’elegradskago l/egoslovskago s èrda (Etudes du troisième Congrès théologique de Velehrad), Prague, 1914, Supplément, p. 67-101 ; le même, Quac sit Falrum ecclesiue orientalis doctrina de gralia sanctificante B.V. Mariæ ante ipsius Filii mortem, dans’'asopis kalolického duchovensta, 1906 ; compte rendu dans Slavorum litteræ theologicae, 1907, t. III, p. 100.

M. Jugie, l’Immaculée Conception et les Pères grecs du V’siècle, dans Notre Dame, Paris, 1912, t. I, p. 225 ; Saint Sophrone et i Immaculée Conception, Ibid., 1918, t. ii, p. 65 ; Saint André de Crète et r Immaculée Conception, Jhid., 1918, t. ii, j). 353, et Echos d’Orient, 1910, t. XIII, p. 129 ; Photius et l’Immaculée Conception, dans Echos d’Orient, lliid., p. 198.

b. Développement cultuel dans l’Eglise oiiciilalc postéphésienne. — A l’époque où nous sommes parvenus, un fait nouveau s’est produit, dont l’importance est notable dans l’histoire de la marialogie grecque ; c’est l’essor du culte de la sainte Vierge, qui se traduit d’une façon générale dans les monuments liturgiques, et plus spécialement dans linstitution de la fête de la Conception.

I. Marie dans les Liturgies orientales. — La bulle Ine/fabilis relève diverses figures ou comparaisons, empruntées aux écrits des saints Pères : arche de Noé, buisson ardent, colombe toute belle et sans tache, rose toujours fleurie, nouvelle Eve ; en outre, des appellations courantes, comme celle de toute pure, toujours Immaculée, toujours bienheureuse. Simples extraits d’un votum sur les anciens euchologes, rédigé par le P. Joseph Palermo, vicaire général des Ermites de Saint-Augustin, Sardi, op. cit., t. I, p. 5go, et du travail beaucoup plus considérable de Passaglia dans son Cummentarius de immaculato Deiparæ semper Virginis conceptu, Rome 1854, part. I, sect.ii. Virginis apposita. Depuis lors, beaucoup d’autres études, provoquées par les attaques des adversaires et par les fêtes du cinquantenaire de la définition du dogme, ont contribué à révéler toujours de plus en plus l’inépuisable richesse de la littérature liturgique de l’Orient, quand il s’agit d’exalter la pureté et la sainteté de la Mère de Dieu. Rien de plus expressif, sous ce rapport, que les épithètes dont elle est saluée.

Epilhètes yOosiVires, comme celles de sainte, sacrée, pure, bénie, pleine de grâce, mais portées au superlatif, et même à un degré transcendant par l’adjonction de préfixes augmentatifs. Marie n’est pas seulement très sainte, très pure ; elle est toute sainte, toute pure, et elle l’est suréminemment, n « ï « /vo ; , ù- ; , - : ’///^ ; ,

: TKvi/-£, s’/y « ;. Elle n’est pas seulement toute-sainte, 

bénie, pleine de grâce ; elle est la toute-sainte, la bénie, la pleine de grâce, ’. Tta.-i-r/ia., h tù/ov’» i//£vr, , n y.- : -/’y.piT^ljijr ; , la seule bénie, la seule pleine de grâce. Aussi surpasse-t-elle même les esprits célestes en pureté.

Epithètes négatives, comme celle d’immaculée, v.j/.u/j.Pi, et tant d’autres aux nuances si délicates :

« iri/o- : , « iJ-idivri : , àf/.OwJT’ii, aypv.noi, ifOrjfjOi, â.fOafi-cc., 

vy.f.pu.rot, K////£TTT^ : , « 9tzTî ; , aT/ ; /-Tc^, « Trv^aa^To ; , intemeratu, intacta, impolluta, intaminata, incorrupta, inculpata. illibata. Epithètes renforcées, comme les précédentes. Marie n’est pas seulement immaculée ; elle est tout immaculée, toute sans souillure, T : vyy./j.apk’.^, Ttv.>y.ypmm ; elle l’est d’une façon transcendante, 7TKvj-£fa/iw, M ;. Elle n’est pas seulement immaculée, elle est l’Immaculée, h Oy-ujjo : , ’r, -j.fnù.’j : , , etc.

Après avoir énuméré ces epithètes, telles qu’elles