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MARIE, MERE DE DIEU

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le 21 juin, alin de les ratifier. Le sentiment de l’Eglise s’aflirmait de plus en plus ; il s’imposa même à Tliéodose II. Tandis que la plupart des dissidents se ralliaient à l’orthodoxie, Nestorius allait cacher au * monastère d’Euprépios prèsd’Antioche, et plus tard à l’Oasis d’Egypte, son dépit et son obstination irréductible.

En résumé, l’accusation de nouveauté, formulée par Nestorius contre le dogme de la maternité divine, est réfutée par le témoignage de la tradition, surtout de la tradition grecque ; et très particulièrement des Pères alexandrins et des Pères cappadociens. D’ailleurs les démentis lui vinrent de partout : non seulement d’Alexandrie et de Rome, où saint Cyrille et le pape saint Célestin marchaient d’accord, mais d’Asie même, où les amis de Nestorius reconnurent les lacunes de sa science, et de Gaule, où Cassien éleva la voix contre lui, et d’Afrique où, à défaut de saint Augustin, mort depuis un an, Capreolus, évoque de Carthage, atVirnia la foi de cette Eglise.

Jean d’Antiochb, principal soutien de Nestorius à Ephèse, lui avait écrit pour le détourner de faire opposition à tin titre dont aucun auteur ecclésiastique n’a pris ombrage. £p. ad Aestoriiim, l), P. G., LXXVII, 1456 A : ToOro yoLp tô ^vo/jlv. ojêîli twv '£/ : ^// ; ffta7Ttxâv 0tôv.7xyj(it’j TrxpyiTYiTXi.

Alexandre d’Hiérapolis, fervent admirateur de Nestorius, et en pleine révolte contre la sentence prononcée à Eplièse, écrit à Théodoret (ap. Mansi, t. V, 8^5 8) : Assurément, s’il ne s’agissait que de dire, en style de panégj’rique, Mère de Dieu, comme on dit : Juifs déicides, il n’y aurait pas lieu de s’en offusquer : ce sont là formules consacrées par l’usage et qui ne tirent pas à conséquence… — Donc Alexandre proteste contre la sentence rendue, mais il avoue que l’usage plaide en sa faveur.

Théodoret de Cyr, l’une des meilleures têtes de l'école antiochienne, rallié, non sans peine, à la sentence d’Ephèse, juge que le principe de l’erreur de Nestorius fut son opposition à un titre que l’enseignement catholique, appuyé sur la tradition des Apôtres, a de tout temps accordé à Marie. Ilæieticarumfabutarumcompendium, IV, xii, /*. G., LXXXin,

4 36 A : ViviTV.1 Û£ V.VTOl TT^ÛTOy T^J KV.lVOTCfiiai £'/j ; £t^*ÎUa, T6 flh Sîîv T/, v â-/(' « v TTOt^évOV, rr, -J TÔV TOO 0sOy Ay/OV Tex^ÛffKV, £^'

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T/JV TGÛ KupiOU fATtTÉpK.

Les Eglises d’Extrême-Orient ne demandaient qu'à se rallier à la foi d’Ephèse.

Rabulas, évcque d’Edesse (-}- 435) (cité par Lagrange, Mélanges d’histoire religieuse, p. 224, Paris, 1915), chantait dans un hymne :

Salut, parfaitement sainte, mère de Dieu, Marie 1 trésor glorieux et précieux de toute la terre ! lumière étincelante et brillante, asile de l’incompréhensible, temple très pur du Créateur de l’Univers. Salut ! par toi nous avons connu Celui qui porte le péché du monde et le sauve.

L’hérésie n’en essaya pas moins de compromettre ' le métropolitain d’Edesse avec l’opposition au concile d’Ephèse, et son nom a figure au bas de deux lettres écrites par les dissidents que présidait Jean d’Antioche. Il est possible que Rabulas n’ait pas vii, de prime abord, très clair, dans les intrigues nouées alentour du concile ; mais son attachement à la doctrine de Cyrille et son aversion pour celle de Nestorius ne font aucun doute ; il s’en est expliqué avec toute la clarté possible, avant et après l'événement. Voir Lagrange, ibid., p. 213 sqq. Il écrivait à André de Samosate :

Je frémis, rien qu'à rapporter les blasphèmes que Nestorius osait proférer : « La bienheureuse Marie n’est pas la Mère de Dieu ; elle n’a engendré que l’homme ; car, si.Marie est la mère du Fils, Elisabeth sera la mère de l’Esprit saint. » Il osa dire que le Fils avait habité en Jésus comme l’Esprit en Jean. C'était le serviteur né de la femme qui avait souffert selon ta nature, et le Fils habitant en lui faisait des miracles.

Non content de redire en toute occasion : « Marie la sainte est vraiment mère de Dieu », Rabulas assembla un concile pour condamner, outre Nestorius, Théodore de Mopsueste, le vrai père de l’hérésie nestorienne, et affirmer avec éclat la foi de l’Eglise de Syrie.

Au VIII"' siècle, saint Jean Damasckne prend encore la peine de repousser toute assimilation entre le culte de Marie et celui de la mère des dieu.r, dont les fêtes orgiastiques n'étaient pas oubliées en Orient. Hom. II in dormitionem B. Virginis Mariae, 15, P. G., XCVI, 742 C. De cette allusion rétrospective à une controverse éteinte, il ne faudrait pas conclure que l’Eglise de Syrie hésitât encore sur l’appellation de Mère de Dieu.

Citons encore : Cassien, De Incarnalione Chrisli contra Nesiorium hæreticum, II, 11, P. /,., L, 3 1 : Dicis itaque, quisquis es ille hæretice, qui Deuni ex yirgine natuin negas, Mariam matrem Domini nostri lesu Ckristi Qs’jTçyM, i. e. Matrem Dei, appellari non passe, sed X/5tTTSToWv, ii, e. Cliristi tanlum, matrem, non Dei : nemo enim, inquis, antiquiorem se parit… ll, v, 43B : A Deo… necesse est gratiam datam non neges. Deus ergo est qui dédit, data autem est per Domtnum nostrum lesum Cliristum ; ergo Dominas iesus Cliristus Deus. Si autem est ille, ulique ut est, Deus, ergo ilta quæ Deum peperit Theotocos, i. e. Dei genitrix…, W, II, 77 B : Vides ergo quod non solum, inquam, antiquiorem se Maria peperit, non solum, inquam, antiquiorem se, sed auctorem sui.

Capreolus, év. de Carthage (f 43 1). Epistola 11, seu Rescriptum ad Vitalem et Constanlium, de iina Cliristi leri Dei et hominis persona, contra recens damnatam hæresim Aestorii, P. L., LUI, 849-868.

Le mot Deipara se lit chez Marius Mehcator, traduisant Nestorius, Serm., v, 2, P. /,., XLVIIl, 786 A.

Saint Cyrille d’Alexandrie, qui eut le rôle principal dans la lutte pour le triomphe du QtoT’ly.ai, avait, dès le principe, formulé la doctrine dans le premier anathématisme qu’il opposait à Nestorius : l’Emmanuel est Dieu, donc la Vierge sa mère est mère de Dieu ; D. B., I13 (73) :

Et Ttç ou ; ^ QfiO/v/zl o//.o/5'/£( QiO’j Etvvi yv.Tv. v’rr, Onwj ro’j 'Kij./j.y.voii/i/- xkî Stv. zoùTo ôsordy.ov 1^ t/.-/it/.v T : ixp81vo-j…, ù.-jùSifxot.

£7TW.

Le 10" anathématisme s’attaque à la racine même de l’erreur nestorienne, en allirninnt que le (ils de la femme est le Dieu Verbe en personne. DenzingkrBannwart, 122(82).

Nous ne pouvons que mentionner les principaux ouvrages où Cyrille développe et défend cette doctrine : Adi’ersus Nestorium ; Dialogus cum Nestorio ; Quod Virgo sit Deipara : Explicatio XII capitum Ephesi pronuntiata ; Apologeticus pro XII capitihas ; Apologeticus contra Theodoretum : De recta fide, ad Theodosium ; De recta jide, ad reginas. On les trouvera réunis, P. G., t. LXXVI. La correspondance éditée au t. LXXVII jette une lumière précieuse sur la controverse. Voir en outre Mansi, Concilia, t. V. Quant aux doctrines de l'école antiochienne et aux causes de l’opposition qu’elle lit au dogme d’Ephèse, voir le mémoire de J. iMaiié, Les anuthématismes desaint Cyrille d' Alexandrie et les éi'éques orientaux du patriarcat d’Antioche, dans Revue d’IIist. ecclésiastique (Louvain), 1906, p. 505-542.