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LIBERTÉ, LIBRE ARBITRE

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Discerptus, tractus profugatus que sacerdos Insuper ut facieni quodam nigrore velai’et Nobili tal ?a manu portantes aemuia cæli Ut facieni Donnini foedare[nt] luce corusco. En tibi discrimen vehemens non suQicit unum : Insiiper exilio decedis martyr ad astra.

(Sur l’application à Libère, voir de Rossi, Inscriptiunes christianæ Urbis Roinae, t. II, p. 83 sqq. ; DucHESNE, Liber Poiitipcalis, t. 1, p. 209-210. — Daprès FrxK. KirchengeschUhtliche Abhandlungen itnd Iniersuclitingen, t. I, p. 891-420, il s’agirait du pape Martin I", 049-653).

S’il vise réellement Libère, l’clnj^e est probablement excessif. Cependant, quel autre pape a plus combattu que lui pour la foi de Nicée ?

Conclusions. — i" En regard de la tradition qui accuse Libère, il existe une tradition parallèle qui l’exalte sans restriction ; tradition presque aussi ancienne, plus reposée, d’ailleurs très autorisée.

2° S’il a commis une faute, comme on peut le croire, il semble c|ue ce fut une faute de conduite : il sacrifia, dans une heure critique, le grand Alhanase, qui sûrement méritait mieux.

3° L accusation de trahison envers la foi de Nicée doit être abandonnée : elle perd son principal fondement si l’on écarte les lettres de l’exil ; même si on les accepte, on doit nier que Libère ait signé la seconde formule de Sirmium. Dès lors, rien ne montre qu’il ait donné des gages à l’hérésie.

Bibliographie. — L Textes. — On trouvera une bonne partie des textes relatifs à Libère, reproduits in extenso. P. f.., ’VIII, p. 1331-1418.’V’oir aussi Constant, Epistolæ Pontificiim Romanorum, t. I, Paris, 1721 ; Jaffé, Regesta Ponti/Iciini Romanorum, t. r-, Leipzig, 1880. — Choix discret, au(iuel il ne manque rien d’essentiel, dans Kirch, Enchiridion fontiani historiæ ecclesiasticæ antiquité, Fribourg-en-Brisgau, 1910.

II. Trcuuiux. — Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen f.iteratur, t. III, p. 585-588, Fribourgen-Brisgau, 1912. — Batiifol, La paix constantinicienne et le catholicisme, p. 465-481 ; 488-494 ; 515621, Paris, 1914- — Chapman, The contestcd letlers of pope Liberius, Revue bénédictine, t. WVII,

1910. — Duchesne, Libère et Fortunatien, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. XX’V^III, p. 81-78, igo8. — Feder,.^Indien zu Ifilarius von Poitiers, I, Anhang 2, p. 153-183, "Vienne, 1910. — Saltet, Les lettres du pape Libère de 35^, dans Bulletin de litt. eccl., 1907, p. 27g- : >89 ; cf. La formation de la légende des papes /.ibère et Félix, ibid., 1905, p. 222-236. — Savio, La questione del papa Libéria, Rome, 1907 ;.uovi studi sulla questione del papa Libéria, Home, 190g ; l’unti controversi nella questione del papa Libéria, Rome,

191 1. — Schiklanz, Die Ililarius Fragmente, Breslau, igo5. — Wilraart, La question du pape /.ibère. Revue bénédictine, t. XX’V, p. 360-367, 1908. — Zeiller, L.a question du pape Libère, /iuUetin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétienne,.. III, p. 1-32, 1913.

A. d’Alès.


LIBERTÉ, LIBRE ARBITRE. — On appelle liberté, libre arbitre. le pouvoir que possède l’être raisonnable de se déterminer lui-même entre divers objets que la raison prop’)se à son clioix. La liberté s’o])pose à la nécessité, soit à la nécessité de nature qui s’exerce au dedans de l’être raisonnable, soit à la contrainte venue du dehors. Elle se manifeste soit

par le choix entre l’agir et le non-agir (liberias exercitii), soit par le choix entre telle et telle action (liliertas specificationis).

Une expérience immédiate démontre la réalité de ce pouvoir, quelque peine qu’on puisse éprouver d’ailleurs à en déterminer exactement le domaine et à discerner quelques-unes de ses applications. Toute la vie morale des individus et des sociétés repose sur ce fondement ; que l’on supprime le libre arbitre, dès lors les mots de devoir, de responsabilité, de conscience morale, de mérite et de démérite ne seront plus que des non-sens. Aussi l’existence du libre arbitre est-elle une vérité d’ordre rationnel, avant d’être un dogme de la foi chrétienne. En affirmant ce dogme, l’Eglise a vengé du même coup l’ordre essentiel des choses, la dignité de la personne humaine et les droits de la raison.

La racine du libre arbitre doit être cherchée dans la constitution même de la nature raisonnable, qui ne trouve en aucun objet uni la pleine réalisation de ses aspirations vers le bien universel, et conséquemment peut hésiter entre divers biens particuliers, diversement estimables, dont aucun ne nécessite son choix.

Les objections modernes contre le libre arbitre ont été discutées ci-dessus à l’article Déterminisme. On a étudié le libre arbitre dans sa manifestation aux individus (article Conscience). On l’étudiera dans ses relations avec la règle suprême des actes humains (article Loi divine). Un article spécial a été consacré aux fondements seripturaires de la doctrine de la Grâce : secours divin destiné à parfaire le libre arbitre dans l’ordre du salut. Ici, on apportera seulement des considérations sommaires sur le libre arbitre envisagé dans ses relations avec la doctrine catholique.

l. Doctrine traditionnelle sur te libre arbitre. —

IL Décisions et déclunitions de l’Eglise touchant

le libre arbitre. — III. Controverses pendantes

entre les écoles catholiques.

1. Doctrine traditionnelle sur le libre arbitre.

— A. Ecriture. — L’existence du libre arbitre est partout impliquée, souvent énoncée en termes plus ou moins formels dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Qu’il sullise de rappeler les textes suivants ; Gen., IV, 7 : Nonne, si bene egeris, recipies : sin autem maie, statini in foribus peccatum aderit ? Sed sub te erit appetitus tuus, et tu dominaberis itlius. — Eccli, , XV, 14 : Deus ab initia constituit hominem et reliquit iltum in manu consilii sui ; xxxi, 10 : Qui prabatus est in illo et perfectus est, erit illi gtoria aeterna ; qui potuit transgredi et non est transgressus, facere muta et non fecit. — I Car., , 87 : Qui

statuit in corde suo /irmus, non habens necessitatem, potcstatem autem habens suæ voluntatis…

B. DocTRiNB DES PÈRES. — Lcs Pèrcs ont eu souvent occasion de défendre le libre arbitre, soit en réfutant le fatalisme astrologique, soit en vengeant la Providence contre les attaques des gnostiques et des manichéens. Tel dépassa même le but, par exemple Ohigène, rattachant à l’exercice du libre arbitre toute la différenciation des créatures raisonnables. Ilsoi àp/’M, passiin, notamment I, iv ; II. I. v ! ii. IX. x ; III, I. VI, /*. G., XI ; cf. A. d’Alès. Les erreurs d’Origéne, Etudes, t. CXLII, p. 312, 5 mars 1916. Mentionnons le traité de saint Méthode ri-ji T5J 5<ÙT£ ; ov(T(5v, dout uous avoiis (Ics fragments, P. G., XVIII. 289-266, et l’ouvrage très import. nnt de saint Auoustin contre les manichéens. De libéra iirbilrio libri III, /’. /.., XXXII, 12211810. Entre tous, l’évêque d’IIippone contribua à fixer la doctrine catholique sur le libre arbitre ; tous les