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1849

LIBÈRE (LE PAPE)

1850

deuxième formule de Sirmium le trouve intraitable, ibiiL, X, ^86 : « Ce qu’on a tenté, ce qu’on a cUercUc dans le blasphème récemment écrit à Sirmium, c’est, en allirinanl i|ue le Père est unique et seul Dieu, Je nier la divinité du Fils ; c’est, en décidant de faire le silence sur Vhumoousios et l’Iiomoiuusios, de décider qu’on déclarera le Fils ou bien fait de rien, comme une créature, ou bien fait d’une autre essence consé((uente à la création, et non pas Dieu Fils, né de Dieu le l’ère. »

Cependant Libère n’a pas échappé aux anathèmes d’ililaire — il est vrai — si l’on doit tenir pour l’œuvre authentique de Libère la lettre l’ro deifico tiniare, et pour l’œuvre authentique d’ililaire les réflexions intercalées dans cette lettre. Admettons qu’il en est ainsi. Il ne s’ensuit pas que l’on puisse reconnaître la seconde formule de Sirmium coM.me l’expression de la foi exposée à Libère par Démophile de Bérée. Outre que la seconde formule de Sirmium n’existait peut-être pas encore à la date de celle lettre, elle ne répond nullement au signalement donné par Ililaire, Oj). Iiist., fragra. vi, 7, P. L., X, 6(j2 : Pcrfidiain aiiiein apud Sirmium descriptam, t/iiam dicit Liberius a Demopliilo sibi expositam, hi surit qui conscripserani ; Aarcissus, Theodorus, ISasilius, Eudoxius, Demophilus, Ceciopius, Silvunus, Vrsacius, Valens, Evaiirius, Ifyrenius^ Exsuperantius, Tercntianus, liassus, Gaudentius, Macedonius, Marthus, Acticus,

Iulius, Surinus, Simplicius et I uni or umnes liuere tici. La plupart de ces noms sont latins ; parmi les quelques noms grecs, nous relevons celui de Basile (l’Ancyre, justement le chef du parti modéré qui, tn 357, rompit avec l’arianisme pour ne pas signer la seconde formule de Sirmium. D’ailleurs, quand Ililaire rencontre la seconde formule de Sirmium, il la flétrit directement comme un biasplièine, au lieu de s en prendre à la personne des auteurs. Voir P. I, , X, 487. El l’association de cette formule soit à la formule du concile in encæniis, soit avec la formule imposée par Libère et qui contenait l’aflirmation du xar’oùaiv-v xat xarà —oi-jvo’. o/jtots^, , eût été un pur non-sens.

Il n’y a donc pas d’apparence que Libère ait signé, en 358, la formule hérétique de Sirmium. En 35g, il ne participa point aux conciles de Himini ; mais, au cours des années suivantes, il s’employait avec zèle à relever les évêques qui venaient de tomber dans l’embuscade arienne. C’est ce dont témoigne une lettre aux évêques catholiques d’Italie, écrite en 363, P. /.., VIll. 1372-1373 : les pasteurs qui ont faibli au conciliable de Riraini et se montrent prêts à admettre la foi de Nicée, seront réintégrés. Il existe encore une leltre d’un synode romain tenu en 36(j, répondant à un groupe nombreux d’évêques orientaux, plus ou moins incertains de leurs voies. Ces évêques A-enaient de recourir à Rome, et leurs représentants, Eu^lathe de Sébasle, Silvain de Tarse el Théophile de Ca-îlabales, avaient souscrit la foi de Nicée (Socuatb, //. / ;., IV. XII, P. G., LXVII, 48., B-., 8g. ; P. L., VHI, 1378111381.. — Il faut sûrement lire o.uiî^-riw — latin consubstnniialem — sehm le texte de Socrale, col. 488 C, non ô/xîouJti » comme porle /’. t., VIII, 137) A). Le pipe, uni au synode romain, exprime, dans la réponse, sa joie de voir l’unité rétablie, et présc’nte l’iuno^Jriî ; comme le mot de ralliement de la vraie foi. (Socratk, //. E.. IV, xii, /’. G., LXVII, r.SoB-^gGA ; P /.., 1382B-1386.)

Cocnme nous avons mentionné li-clessus les documents accusateurs contre le pape Libère, il est équitable de produire aussi les témoignages honorables pour sa mémoire.

Saint.mbhoisk, écrivant en 377 à sa sœur Marcellina, qui avait reçu des mains de Libère le voile des

vierges, l’invite à repasser les avis de ce saint pontife : (’ea^aememoriæ Liberii præcepta rei’ohere ; ul, quo vir sanctior, eo sermo accédât graiior. De Virginibus, m, 1, 1, P. L., XVI, 21g C. — L’exhortation de Libère donnant le voile à MurccUina s’est conservée. Ibid., 111, i-iii, 31gC-22.’, A ; cf.P./., VlIl, 13/, 51 3ôo.

A la même date, saint Basilu de Césarée, au nom de l’épiscopat oriental, écrit aux évéïiues d’Occident pour réclamer leur appui, contre l’ariiinisme qui ne désarme pas. Il dénonce en particulier les agissements de ce même Euslathe de Sébasle qui autrefois, envoyé d’Orient à Rome avec une mission oflicielle, consentit à tout ce qui lui fut demandé, afln d èlre rétabli sur son siège épiseopal, el maintenant recommence à troubler l’Orient en condamnant l’i/j.^joj^i ! , ;. Basile se plaint de la fourberie d’Euslathe, mais ne manifeste pas la moindre déUanceàl égard des conditions qui lui furent faites par le bienheureux évêque Libère ; « Tt^OcTa^ïj aùrw "nv-pà toj fj.v.xy.otOirv.TOj iTiiT^o-n’^v AiQifvcu. Ep., ccLxiii, 3, p. G., XXXII, gSo A.

Saint SiRicK pape, deuxième successeur de Libère, écrivant en 385 à Himerius de Tarragone, se réfère, sur la conduite à tenir avec les ariens, aux décrets de ce vénérable prédécesseur : Missa ad provincias a venerandæ memuriæ prædecessore meo Libéria generalia décréta. Ep., , 1, 2, P. L., Ul, i 133.

Saint Anastasb pape (3gg-401), écrivant à Venerius de Milan au sujet de l’origénisme, fait allusion à Libère, comme à l’un des héros de la foi de Nicée : [>ro qua exiUum libenter tuleruiit qui sancti tune cpiscopi sunt probati, hoc est Diony sius inde Dei servus, divina instruclione compositus ; vel eius sancti exempta, sanctæ rccordationis Ecclesiæ romanae Lilierius episcopus, Eusehius quoque a Vercellis, Ililarius de Galliis, ut de jilerisque taceam, quorum potuerit in arliitrio rcsidere irnci potius adfigi quam Deunt Clirisliim.. htaspliemarcnl. — PnuA, Analecta novissimu, t. I, p. ^04-5 ; cf. Hevue d^lii^t.el de litt. relig., 18gg, p. 5 sqq.

L’extrême popularité dont Libère jouissait à Rome est attestée par de nombreux témoignages, depuis le païen AmiMien Marcellin. XV, vii, 10 : Eius amore flagrabat, jusqu’à Sozomène, qui explique cette popularité, notamment par l’énergie avec laquelle Libère sut tenir têle à Constance, //, E., IV, XV, P, G., LXVII, l l52B-ll53 : O’a yà.p tk v’/iv. /.yji’j Kv.i cf/v.Oiv rov AtQéptoy y.v.’t àvû^it’w ; îjTlïp roO So’/ij.v.t : ^ àvreiTTc’vTa T^ ^v.71’/ù, c/KTTv. 5 Tôjv’P 01 fjv. iùiv ô^yîç. Nombrc d’épîtaphes affectant de nommer Liberius papa, Liberius episcopus, peuvent èlre, en même temps que des monuments de cette popularité, des protestations contre l’intrus Félix. Dp. Rossi, liulletlino di archeol. crist., 1871, p. log ; iS76, p. 17 ; lioma Siit/erraneii, t. II, p. log. Au vi" siècle. Libère esl. pour (^assio-DOHK, sanclissimus episcopus. Ilistoria Iripurtita, V, xviii, P. L., LXIX, ygg B. Nombre d’Eglises l’ont inscrit à leur marlyrolotiC : telle Anlioche, dès le vi’siècle, voir Actu sanciorum, septembr., t. VI, p. 572. Pour Thkopiiame lk Confksseur (viii* siècle). Libère est à-jr, p rv. Travra ^v.u/j’/.zTi^ /.v.i ôpOcBo^’^i.

Cet enseinlile de témoignages permet de reconnaître Libère, avec une réelle probabilité, dans le pape célébré par une épitaphe en 5^ hexamètres que de Rossi a publiée en 1883 d’après un manuscrit de Corbie. Nous en détacherons quelques vers (25, 26, 30, 31, 37-42) :

Electiis fidpi plcnus snmniusqtit^ sacerdos. Qui nivea monte iinrnaculatus Pnpa scderes

In synodo, cnnctis superalis victor iniquis Sacrilcgis, Nicæna fides electa trînnipliat.