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LIBERE (LE PAPE)

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Studens paci, comme seule inauthentique, ne trouvera plus guère de défenseurs. Mais les critiques restent partagés.

Parmi les tenants plus ou moins résolus de l’authenticité, nommons : Baromls, Tillkmont, Gummrrus,

SCHIKTANZ, DUCHRSNE, WiLMART (I f)o8), FedER, BaR DB^HE^vER, Zbiller.

Parmi les adversaires : Stiltinck, Hefelb, Saltet, Sa VIO, Chai’Man, Batiffol.

Devant un tel état de cause, et quelles que soient les autorités qui inclinent à rejeter les lettres de l’exil, on ne peut tenir cette conclusion pour acquise et écarter simplement ces textes. Nous devons accepter la discussion dans l’hypothèse de leur authenticité.

a) La profession de foi signée par l.iliére. — On a entendu plus haut les auteurs qui accusent Libère d’avoir souscrit à l’hérésie arienne. Avant de produire les témoins à décharge, il convient de faire observer que l’accusation, prise en elle-même, doit paraître fort surprenante, étant donné non seulement le passé de Libère, tout de fidélité à la foi de Nicée, mais le reste de son pontificat, consacré à la défense de la même foi.

Ajoutons que, si elle a été rééditée par l’arien Philostorge. cette accusation n’a pas trouvé crédit chez les historiens catholiques du v* siècle. Socrate dit que Félix, le successeur donné à Libère sur le siège de Rome, était une créature des ariens, et présente le retour de Libère comme le triomphe de l’orthodoxie sur la faction d’Ursacius, qu’appujait l’empereur. //. E.. II, XXXVII, P. G., LXVII, 320 C-321 B. Théodoret rend hommage à la foi de Félix, qui était sans reproche, mais incrimine sa conduite, empreinte de faiblesse devant l’hérésie, et s’étend sur l’afTection très vive que les dames de Rome avaient vouée à leur légitime pasteur, seul capable de les défendre contre les loups. //. £’., II. xiv, l’.G., LXXXII, lo^oB-io^iA. Beaucoup plus importante est la narration de Sozomèxr, qui paraît bien documenté sur la crise de Sirmium. // E., IV, xv, P. G., LXVII, lUgC-i 153A ; cf. IV, xi. xii. xxvii ; VI, x. xi.

II raconte qu’après son retour de Rome, oi’i le peuple avait redemandé à grands cris son évêque (SS’j), Constance lit venir Libère de Bérée à Sirmium. Il y avait là un nombreux clergé, entre autres des représentants de l’épiscopat oriental. De nouveau, on pressa Libère de renoncer à ri, « oJ7w ; , et comme tout le monde, à commencer par Constance, désirait un accommodement, on porta la controverse sur un terrain qui n’était pas celui de Nicée. En 35 1. un concile s’était tenu à Sirmium, qui avait anathématisé l’hérésie de Photin, renouvelée de Paul deSamosate ; il avait promulgué une profession de foi suivie de 27 anatlièmes. C’est la première formule de Sirmium (Voir HiLAiRB, De synodis, xxxviii, P. L., X, .509B-512B ; Athanase, De synodis^ xxvii, P. G., XXVI. 735A-7/, oC ; Socbatk, //. E., II, xxx, P. G., LXVII, 280B-285 A). Si elle atteint en fait Viuo-M71 ;  ; , ce n’est pas l’iyoîvTisçnicécn, mais l’i/.’^î^-K ;  : sabellien, déjà réprouvé par d’autres conciles. La formule présentée en 358 à l’acceptation de Libère reproduisait en substance cette première formule de Sirmium. ou encore la formule équivalente promulguée tout récemment par un concile d’Ancyre et appuyée de douze analhèmes. On y joignit le symbole de foi promulgué à Antioche en 3^4 1 par le concile fn encacniis, formule qui ne contenait pas Viao’/J’ur. : , mais n’avait rien de positiveuient répréhensible. (^e pouvait être tro[) peu contre l’hérésie, mais ce n’était jias hérétique. Libère crut pouvoir signer ; encore y mit-il une condition : c’est que l’on accepterait de lui une formule condamnant ceux qui n’admettent pas que le Fils est par nature et en tout semblable

au Père (xxr’oîj71yjxv.i r-x-y. -nsâza S, iw15 ;). L’ensemble de ces trois documents — condamnation de Photin, symbole in encænus, affirmation du ^otTi ttkvtk îu^is ;

— représente ce que l’on appelle quelquefois la troisième formule de Sirmium (358). C’est sur quoiporta la signature de Libère.

Cette signature pouvait paraître, à cette date, d’autant plus excusable qu’au cours de l’année précédente une grave scission s’était produite dans l’épiscopat d’Orient, tranchant les positions des ariens irréductibles, et des semiariens que l’on pouvait espérer rallier à l’orthodoxie pléniére. Durant l’été, sous les yeux de Constance, une formule avait été élaborée qui rejetait positivement, comme étrangers à l’Ecriture et inintelligibles, les mots c, , niy., ôuîîjto- : , i ; ji’A^, j7to :. C’est la deuxième formule deSirmium(327).

— (Voir H1LAIUE, De synodis. xi, P. E., X, 487A48’iB ; Atuanasb. De synodis, xxviii, P. G, XXVI,

; 39D-744A ; Socrate, //. E., II, xxx, P. G., LXVII, 

285A-289B.) Elle recueillit les signatures des ariens radicaux, Eudoxe d’Antioche, Valens et Ursacius ; on réussit même à extorquer celle du vénérable Hosius de Cordoue, qui ne devait pas persévérer longtemps dans son erreur. Ce fut le point de ralliement du parti aétien. Ceux qui refusèrent leur adhésion se trouvèrent par là-raème désignés comme les tenants de l’orthodoxie. De ce nombre étaient Basile d’Ancyre, Eustathe deSébaste.EIeusius de Cyzique, ceux-là mêmes qui, à Sirmium, insistaient près de Libère pour obtenir son suffrage.

On comprend que Libère ait cru pouvoir le donner sans prévariquer. On comprend aussi que ses ennemis s’en soient prévalus contre lui et aient perfidement répandu le bruit que Libère, ajirès Hosius, venait de prêter les mains à l’arianisme. D’autant qu’il ne put éviter de se trouver en très mauvaise compagnie. Parmi ceux que Sozomène nous montre faisant alors cause commune avec lui, figuraient, outre tous les Orientaux alors présents à Sirmium, les trois courtisans Ursacius, Germinius et Valens, qui n’en étaient plus à compter leurs palinodies. (Cependant il y a un abîme entre la deuxième formule de Sirmium, symbole arien, et la première — ou la troisième — souscrite par Libère.

De loin, ces différences pouvaient échapper au regard d’Athanase — si injustement sacrifié, — ou au regard d’Hilaire, encore exilé pour sa foi. Mais l’on ne sera pas porté à juger trop sévèrement l’adhésion donnée par Libère au compromis de Sirmium, si l’on considère que, dans le même temps, les deux grands champions de la foi nicéenne, Athanase et Hilaire, tendaient la main à l’épiscopat oriental et s’efforçaient de mettre fin aux divisions, en donnant, des formules semiariennes, une interprétation compatible avec la foi de Nicée.

C’est ce f|ue lit Athanase en écrivant, De synodis, xLi, P. G., XXVI, 760. : « Des hommes qui admettent tout le reste des décrets de Nicée, mais hésitent sur le seul mol consubstantiel. ne doivent pas être tenus pour ennemis : nous-mêmes ne les combattons pas comme des ariens ou des ennemis des Pères, mais nous traitons avec eux comme avec des frères, qui ont la même pensée que nous et ne discutent que sur les mots. En elTet, reconnaissant que le Fils est de la substance du Père et non d’une autre réalité, qu’il n’est pas créature ni œuvre, mais authentique et naturelle progéniture, éternellement présent au Père comme Vçrl)e et Sagesse, ils ne sont pas loin d’admettre même le mot consubstantiel. »

C’est ce ([ue fit Hilaire en donnant de la première formule de Sirmium (celle même souscrite par Libère) un commentaire bienveillant. De synodis, xxxix-Lxiii, P. L., X, 512-5a3. Au lieu que la