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1789

LAICISME

1790

tribunaux (Gircul. du a avril 1904). Une série de propositions tend à éliminer le nom de Dieu de la formule du serment.

Les aumôniers allachés aux prisons et aux maisons de correction sont pareillement licenciés, et le personnel est laïcisé. Du culte, on ne laisse subsister dans ces établissements que quelques modalités transitoires et tout à fait insullisanles relativement aux besoins moraux des détenus.

C) Laïcisation des sen-ices non essentiels à l’Etat. — 1 Celle laïcisation, les hommes d’Etal de la m’république ne se sont pas contentés de l’imposer dans les services qui sont essentiels à tout gouvernement, les armées de terre et de mer, l’administration de la justice. Ils l’ont étendue aux services qui ne relèvent pas directement de la compétence de l’Etat, et dont la 111° République a assumé la gestion, soit qu’elle l’ail héritée des gouvernements précédents, soit qu’elle ait voulu elle-même en prendre la responsabilité pour étendre sa sphère d’influence.

Soucieux seulement d’augmenter l’exercice de la liberté individuelle, ces hommes d’Etat auraient eu à cœur d’encourager l’initiative privée, de lui restituer toutes les fonctions dont elle peut s’acquitter elle-même, souvent avec plus de succès (jne l’Etat, de laisser en quelque sorte les citoyens exercer directement leur souveraineté dans tous les domaines où la compétence ne leur fait pas nécessairement défaut.

Ce qui démontre avec évidence que le principe de la souveraineté populaire n’était qu’un leurre, destiné à tromper la foule et à servir d’autres desseins, c’est la haine des laïcisateurs pour toute décentralisation ; c’est la ténacité avec laquelle ils ont gardé entre leurs mains tout le pouvoir qu’avaient les anciens régimes, et ont essayé d’y ajouter des monopoles nouveaux. Ils ont voulu par là multiplier leurs moyens d’action, et, parmi les buts qu’ils se sont[>roposés, il faut mettre au premier rang le triomphe du laicisuu ; par une extension de plus en plus grande de la laïcité.

Nous n’avons pas à raconter ce qui a été fait pour laïciser l’Enseignement.

On le trouvera ailleurs dansée Dictionnaire. Cei)endant, comme nulle part le laïcisme n’a déployé plus d’ardeur que dans celle campagne, il convient, pour le l’aire connaître, de signaler les principales phases de son action.

L’enseignement religieux est successivement exclu du programme des examens publies à tous les degrés (Lois et règlements, 1880, 1882, 188O) ; des écoles maternelles (Loi du 16 juin 1881 et arrêté du 28 juillet 188a) ; des écoles primaires (Loi du 28 mars 1882) ; il est rendu facultatif dans les lycées (1881).

Les ministres du culte n’ont pas le droit de donner l’enseignement religieux dans les locaux scolaires (loi du 28 mars 1882).

Les congréganistes sont exclus de l’enseignement public (Loi du 30 octobre 1886) ; ils sont privés de tout droit d’enseigner (Décrets du 29 mars 1880, et plus tard, loi du 23 février 190/1).

Les aumôniers sont supprimés dans les écoles d’arts et métiers (188^), dans les écoles normales (1881, 1882). La Chambre en vote la suppression dans les lycées (octobre 1906).

Tous les emblèmes religieux sont enlevés de l’école publique, malgré l’opposition d’un grand nombre de conseils municipaux (Circul. de J. Ferry en 1882, et de Clemenceau en 1906).

En résumé, pour laïciser l’enseignement, l’Etat a fermé plus de 20.000 maisons d’éducation, dispersé ou expulsé plus de 60.000 religieux ou religieuses.il a violé, on peut le dire sans crainte, la volonté delà

grande majorité des parents, en supprimant, dans les écoles publiques, tout enseignement religieux.

Ce qui a été fait dans l’.-Vssistance publique, est, sinon plus despotique, du moins plus odieux encore. Les enfants peuvent aller à l’église. Les malades ne peuvent sortir de l’hôpital. Or le service religieux y est entrave de toute manière. Les aumôniers, s’ils ne sont pas totalement supprimés, n’ont plus qu’un accès diflicile auprès des malades.

Dans bien des cas, ils ne peuvent être appelés que si les malades ont déclaré au moment de leur entrée qu’ils voulaient accomplir leurs devoirs religieux. M. Pelletan, ministre de la marine, le spécifie dans une instruction aux préfets maritimes pourleshôpitaux de son département (4 avril 1903). Les inlirmières congréganistes sont, à Paris et dans plusieurs villes, licenciées, malgré la protestation des médecins, à l’instigation du gouvernement.

Pour avoir une pleine idée de ce qui a été fait en vue de laïciser les services publics, il faudrait enregistrer toutes les mesures qui ont été prises contre les fonctionnaires, désireux de garder leur indépendance vis-à-vis du laïcisme.

A différentes reprises, beaucoup furent obligés de donner leur démission pour ne pas enfreindre ce qu’ils estimaient un devoir de conscience. Au moment des premières expulsions, en 1880, plus de ^oo magistrats, dont plusieurs étaient chargés de famille et sans grandes ressources, descendirent de leur siège. Au moment des inventaires, en 1906 et 1907, c’est l’armée surtout <)ui fut décimée. « L’armée nationale, écrit au ministre de la guerre le lieutenant Cesbron-Lavau, désigné pour faire évacuer le collège catboli(jne de Beaupréau, n’a pas pour mission d’aider à persécuter et à spolier les citoyens français. La liberté de conscience doit exister pour tous. Vous la refusez au soldat catholique. « Il donne sa démission. Sa lettre lui vaut trente jours d’arrêts de forteresse. Un grand nombre d’olliciers quittèrent pareillement l’armée.

Avec les démissions, l’épuration. Dès 1879, commence cette dilTicile et délicate besogne, écrit M. Hanotaux, appelée « d’un nom assez laid : l’épuration » du personnel. Le gouvernement exige des certificats de laïcisme, non seulement de ses agents inunédiats, mais dans les sphères mêmes où les capacités techniques et les qualités d’ordre moral doivent primer toute autre considération.

A l’épuration, il faut ajouter ce ([ui en fut souvent l’instrument « abject », la surveillance des fonctionnaires et la dénonciation entre confrères et collaborateurs. Le régime « des fiches », institué pendant des années au ministère de la guerre, restera la honte du gouvernement qui l’a autorisé et n’a consenti à le flétrir qu’après la flétrissure imposée par l’opinion publique.

S 2. La Société sans Dieu. — Laïcisation de la société. — Tentatives pour détruire toute autorité spirituelle. — Athéisme social conduisant à l’athéisme individuel.

Maîtres de l’Etat et des services publics, les fauteurs du laïcisme ne sont point disposés à borner là leur campagne. Leur idéal, ne l’oublions pas, est d’émanciper totalement l’individu de toute autorité spirituelle pour le rendre, ainsi qu’ils le disent, au gouvernement de sa conscience et de sa raison, qui est le gouvernement de la Vérité, du Bien, du Progrès.

Or l’autorité spirituelle, c’est l’Eglise catholique, et. dans l’Eglise, le Pape, les évêques, les supérieurs des ordres religieux. De là des efVorts persévérants et une série de mesures :.1) pour atteindre l’Eglise catholique et diminuer son influence ; /y)pour frapper