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Laissant de côté toute autre ditlicvulté, si cette explication était exacte, il ne devrait y avoir qu’une ruarée complète par jour, en chaque point. Au lieu de cela, on observe chaque jour, en un point donné, deux marées complètes !.

La théorie de Galilée était donc inacceptable. De plus, elle marquait un recul sur l’opinion dès longtemps soutenue par Pline, admise par Kepler et plus en harmonie avec les faits, que le phénomène des marées était dû à l’action combinée de la lune et du soleil. Aussi avait-elle peu de chances de convaincre les adversaires du systéme de Copernic.

3° Arguments apportés par Galilée à l’époque du procès de 1633. — Dans l’intervalle de temps qui s’écoula entre ses deux procès, Galilée eut à sou-


Fig. 2

tenir une polémique acharnée qui le força à compléter et à préciser ses idées. Donc, lorque vers 1633 ses adversaires le mirent en demeure de donner des preuves de la vérité du système de Copernic, vérité au nom de laquelle il attaquait les opinions reçues, on pouvait supposer qu’il apporterait de bons arguments. Or il n’en fut rien.

Les preuves données alors par Galilée se réduisent à trois : l’une est basée sur les phénomènes de station et de rétrogradation des planètes ; la seconde sur les mouvements des taches solaires et la troisième sur le phénomène des marées, Examinons-les successivement.

Première preuve. Cette preuve n’est que la reproduction de celle donnée par Copernic dans son livre De revolutionibus. Elle est hasée sur ce fait que les mouvements apparents des planètes s’expliquent aisément en supposant que la terre tourne autour du soleil, Galilée illustrait cet argument par une nouvelle figure ?.

Soient (fig. 2) le solcil S supposé au centre, T l’orbite de la terre, J l’orbite d’une planète, par exemple celle de Jupiter, et Z le plan du zodiaque, sur lequel un observateur, placé en un point de la terre, prosette la planète. Lorsque la terre, dans son mouvement annuel, occupe, sur le cercle T, les positions 1, 2, 3, 4, 5, 6, la planète Jupiter occupe sur le cerele, les positions 1, 2, 3, 4, 5, 6 et apparait projetée sur le zodiaque, dans les positions indiquées par les chiffres correspondants. La figure montre que cette planète, après s’être déplacée dans le sens direct, reste

1. En réalité, les marées étant dues surtout à l’influence de la lune, il y a deux marées complètes dans le temps qui s’écoule entre deux passages consécutifs de la lune au méridien, c’est-à-dire en 2% h. 50m.5 «.

2. Op. Gal, t. VIX, p. 371. Nous modifions légèrement

la figure pour rendre plus apparentes les diverses positions des planctes.

GALILÉE

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stationnaire, prend un mouvement rétrograde, reste de nouveau stationnaire, puis reprend un mouvement direct.

Ceci posé, disait Galilée, les mouvements apparents des planètes cessent d’être extraordinaires ; ils deviennent parfaitement uniformes et réguliers, comme le veut Copernic. Et il ajoutait que cette vérification devait sustice à emporter l’adhésion de tous les esprits raisonnables et non prévenus !.

Mais Galilée exagérait la force de son argument. En fait, que l’on suppose les planètes décrivant des cereles ayant un centre commun au solcil, le soleil décrivant lui-même un cercle autour de la terre, ou que l’on suppose le soleil tixe et les planètes, y compris la terre, décrivant des cercles autour du soleil, les apparences s’expliquent, dans les deux cas, avec le même degré de préeision ?. Donc, & priori, rien ne permet de préférer une solution à l’autre. Le système de Copernic, il est vrai, explique les phénoméenes avec plus de simplicité, mais, il importe de ne pas l’oublier, la simplicité d’une théorie physique n’est nullement un argument en fuveur de sa vérité.

D’ailleurs, on aurait pu faire à Galilée bien des objections de détail. Dire que, dans le système de Copernic, le soleil occupe le centre des orbites, c’est parler inexactement ; car, pour Copernic, les eercles décrits par les planètes sont excentriques au soleil ; de plus ils n’ont pas un centre commun, Ces imperfections disparaissent avec les lois de Kepler ; mais précisément la preuve donnée par Galilée contredisait ces lois, puisque, d’après Kepler, les planètes ont un mouvement elliptique non-uniforme. Galilée, pourtant, connaissait ces lois : sa correspondance le montre ; d’où vient donc qu’il n’en ait pas tenu compte et n’ait pas une seule fois nommé Kepler ? La raison de ce silence semble être celle-ci : Kepler était un protestant convaincu et, dans plusieurs de ses ouvrages, s’était occupé de concilier ses découvertes avec la Bible, interprétée selon les principes de la religion réformée. Galilée redoutait, sans doute, de voir mal appréciés, à Rome, des argumuents d’origine aussi peu orthodoxe.

Deuxième preuve. Cette preuve s’appuyait sur le mouvement des taches solaires. ; elle était encore woins convaincante que la précédente.

Galilée avait constaté le fait suivant : lestaches solaires, observées plusieurs jours de suite, ne gardent pas la mérue position relative sur le disque, mais se déplacent de l’est à l’ouest ; il en concluait avec raïison que le soleil tourne sur lui-même, autour d’un axe NS (tig. 3) passant par ses pôles. Or, si l’on considère une tache située près de l’équateur de eetastre et que l’on pointe sur une figure les diverses positions qu’elle occupe successivement, on constate que la ligne AO, qui joint sur la figure les différents pointés, prend une forme variable suivant les époques de l’année. Tantôt elle est droite, tantôt elle est elliptique ; de plus, lorsque cette ligne est droite, elle présente une inclinaison sur le plan de l’écliptique, de telle sorte que l’axe de rotation NS fait avec l’axe de l’écliptique N S’un angle d’environ 7°. Le sens de cette inclinaison change tous les six mois, de même

1. Op. Gal., t. VII, p. 370.

2. Cf. Leçons de Cosmographie par F. Tisserand et H. Andoyer, Paris, 3° édit, p. 241.

3. Op. Gal., 1. VII, p. 352. CF. t. V, p. 7.251. — À. Müller, S. J., Die Sonnenflecke un Zusammenhang mit dem Kopernihanischen Weltsystem, dans Stimmen aus Marta Laach, 1597.