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JUIFS ET CHRETIENS

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aimantes, o Nous prions pour vous », disait saint Justin. Au rapport d’EusÉBE, De martyribus l’aleslinae, viii, saint Paul de Gaza, avant son martyre, obtint du bourreau un instant de délai, et pria catboliquement pour tous les lidèies et les infidèles, et expressément pour la conversion des Juifs. La tradition s’est maintenue jusqu’à nos jours. Le P. E. Regnault, Messager du caur de Jésus, mai 188y, assignait aux associés de l’Apostolat de la prière la conversion des Juifs comme intention spéciale du mois. Les frères Hatisboxnb obtinrent de Gbé-GoiBE XVI la mission positive de convertir les Juifs. L’œuvre de Xotre-Dame de Sion, qu’ils ont fondée, a pris un développement considérable. La prière y a une part capitale. Une archiconfrérie, dont le but est de prier pour la conversion d’Israël, comptait, en mai 1911, 107282 membres. Cf. Annales de la mission de Noire-Dame de Sion en Terre-Sainte, u° 126, Paris, 1911, p. 9.

Viendraient ensuite les textes qui réclament, pour les Juifs, de l’humanité, de la compassion, de l’amour. Nous en avons cité quelques-uns. De saint Justin aux frères Lémann, le choix serait abondant. Un des plus beaux serait la finale de VAd^ersus Judæos de saint Augustin : Ilæc, carissimi, siye gratanler sii’e indignanler audiant Judæi, nos lamen, uhi possiiinus, cum eornm dilectione prædicemus.Nec superbe gloriemur adiersus ramus fractos ; sed potius cogitemus cujus graiia, et quanta misericordia, et in qaa radiée inserti sumus, non tilta sapientes, sed liumilibus consentientes, non eis cum præsumptione insultandii. Le P. Hkrmann disait : n Pour sauver un seul de nos pauvres frères, je me traînerais sur les deux genoux jusqu’au bout du monde », C. Sylvain, Vie du P. Ilermiinn, Paris, 1881, p. 58.

In qua radiée inserti sumus : les textes sur les origines juives du christianisme enrichiraient enlin cette anthologie. Comment B. Lazaiîe a-t-il pu écrire. L’antisémitisme, p. Gg : <> On s’eiTori, ’a d’oublier l’origine judaïque de Jésu< ; , celle des apôtres, et que c’était à l’ombre de la Synagogue que le judaïsme avait grandi ; et maintenant encore, dans la chré tienté tout entière, qui donc voudrait reconnaître qu’il se courbe devant un pauvre juif et une humble juive de Galilée ? » Saint Augustin, saint Bernard, Pierre le Vénérable, saint Thomas et le bon frcre Ahchanor, dont on a lu les paroles, sont là pour attester l’inexactitude de cette assertion. Il serait facile de recueillir des textes analogues épars dans la littérature ecclésiastique. Saint Grégobe le Grand, Moral., XIV, xxxix, XXXV, xiv, parle du Dieu sauveur, né de la race des Juifs, leur frère. Saint IlderoNSE, De irginitate perpétua sanctæ Mariae, iii, IV, VII, rajjpelle au Juif les miracles de ce Jésus qui est ex traduce tua, ex stirpe tua, ex propagine generis tui, et que Marie est juive : sit, rogo, jam sit, rogo, judæe, gratissimnm tihi tantæ Virginis decus in tua cognatione repertum…, unde jam eni mecurn ad hanc iirginem, et, avec l’insistance monotone, mais ici affectueuse et touchante qui lui est linbiluellc, il accumule les synonymes pour exprimer son dessein de convaincre les Juifs : ipso (le Christ) ducente, sequur eum (le Juif) ; ipso præeuntc, curram pnst illum…, et, in quantum ipse permiserit, assenèrent libi, ostendam tibi…, convincam, probem… Harto-Locci, Jiihliotheca magna rabbinica, t. I, p. 135, s’étonnait de voiries grandes familles de Home, d’origine juive, dissimuler leur descendance si honorable d’une nation ex qua tôt liri sanctl, tum ex Vetcri tum ex -Voio Testamento, ajwstoli omnes, ipsaque beatissima Virgo Maria cxorti sunt. ac ejus Filius Clirisius Dominas ex ea uasci voluil. L’amende honorable qui est solennellement prononcée le vendredi

saint, dans l’église des religieuses de Notre-Dame de Sion construite, à Jérusalem, sur les ruines de V£cce homo, contient ces paroles : u Souvenez-vous de votre première alliance, car leurs prémices étaient saintes ; ils ont pour pères les patriarches, et c’est de leurs tribus que sont sortis et les apôtres qui ont porté votre Evangile jusqu’aux extrémités du monde, et Marie, votre Mère Immaculée, et vous-même, ô divin Emmanuel, qui êtes notre Dieu béni dans tous les siècles. » Et, dans la supplique aux Pères du concile du Vatican qui amena 510 signatures épiscopales en faveur du i’ostulatum pro Ilehræis, les abbés Lémann tirent valoir ces deu.x raisons : quia ex eis est Clinstus secundum carnem, et ut soror nostra, beata Virgo Maria, Ojttatissimo sibi gaudio materna inler yiscera perfundatur quando supremum sublimis sui canlici suspirium senserit exauditum : Suscepit Israël puerum suum. Cf. La cause des restes d’Israël introduite au concile œcuménique du Vatican, p. 81, 90, 92, 95, 107-108. 120, iSg, 146, 149, 156, 192, 196, 197, 226, 246, et la lettre d’approbation du cardinal CoULLiÉ. p. II. Voir encore Newmann, Sotes de sermons, trad. Folguera, Paris 1914. p.239 ; J. Cellier, Pour et contre les Juifs. Saint-Amand, iSyO, p. 1, 10-18, 58-65. 363 ; A.-D. SEiiTii.i.A.yGEs, Pi otestants et Juifs, dans -Vos luttes, Paris, 1903, p. 203, etc.

Bibliographie. — Travaux concernant l’ensemble ou une période de l’histoire de la polémique : C.-J. Imbonati, Bihlioilieca latino-hehraica sive descriptoribus latinis qui ex dinersis nationibus contra Judæos vel de re hebraica utcumque scripsere, Rome, 1694 ; J.-C.AVolf, Bibliotliecaliebræa, Ham.bourg, 1715, t. II, p.96-144 ; J.--’^-Fabricius, />e/ectus argumentorum et srllabus scriptorum qui leriiatem religionis christianæ adtersus atheos, epicureos, deislas seu naturalistas, idololatras, Judæos et Muhammedanos lucubrationibus suis asseruerunt, Hambourg, 172Ô ; K. Werner, Der heilige Thomas von Aquino, Katisbonne, 1858, t. I, p. 628-663, et Cescliiclite der apologetischen und polemischen Literatur der christlichen Théologie, 2" édit., llatisbonne, 1889, 1. 1, p. 2-84, et Œschichie der neuzeitlichen cliristlicli-kirchlichen Apologelih, 1’édit., Ualisbonne, 1889 ; A.-C. Me Giffert, Dialogue between a Christian and a jeu, Marbourg, 1889, p. 12-27 ; S. Krauss, The Je^is in the Il oris of the Church Fathers, dans The jenish quarterly revieiy, Londres, 1898-1894, t. V, p. 122-167, t. I, p. 8299, 226-261 ; A. Klentz, Der Kirchenviiter Ansichten und I.ehren iiber die Juden, Miinster, 1894 ; C. Siegfried, Ueber Ursprung und ICntti ickehiiig des Gegensatzes znischen (hristentum und Judenlum, Icna, 1896 ; E.Le Blant, /, fl controverse des chrétiens et des Juifs aux premiers siicles de l’Eglise, dans les Mémoires de lu société nationale des antiquaires de France, 6’série, Paris, 1898, t. VII, p. 229-260 ; J. Martin, L’apologétique traditionnelle, Paris, 1906. 3 vol. ; J. Gcffcken, Z » ei Griechische Apologeten, Leipzig, 1907 ; G. Ziegler, Der Kampf zwischen Judenthum und Chrislenthum in der ersten drei christlichen Jahrhunderten, Berlin, 1907 ; O. Zôckler, Geschichte der Apologie des Christentums, Giilersloh, 1907 ; J. Jusler, Fxamen critique des sources relatives à la condition juridique des Juifs dans l’empire romain, Paris, 191 1, p. 27-64. Monographies : E.-F. Scott, The apologetic of the >Veii Testament, New-York. 1907 ; E. Monier, Les débats de l’apologétique chrétienne. L’apologétique des apôtres avant saint Jean, Briguais, 1912, p. 3-43 ; J. Rivière, Saint Justin et les apologistes du second siècle, Paris, 1907, p. 200-274 ; A. d’.Mès, La théologie de Tertullien, Paris, 1906, p. 6-22 ; P.