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JUIFS ET CURliTlENS

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BiBLioOBAPUiE. — Sur l’Etal et les Juifs avant l’jSi) : Fischer, De statu et jurisdictione JuHæorum secundum leges romaiias, geriiianicas, alsaticas, Strasbourg, l’OS ; P. VioUel, Histoire du droit civil français. Droit privé et sources, Paris, 1893, p. 353304 ; T. Ueinacli, article Judæi, dans le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Paris, 1899, t. iii, p. 630-C3a ; J. Juster, à’xamen critique des sources relatives â la condition juridique des Juifs dans l’empire romain, Paris, 191 1 ; Les Juifs dans les lois des If isigoths, dans les Etudes d’histoire juridique olïertes à P. -F. Girard par ses élèves, Paris, 1912 ; Les Juifs dans l’empire romain, leur condition juridique, économique et sociale, 3 vol., Paris, 1914 ; H- Janin, Les Juifs dans l’empire byzantin, dans les Echos d’Orient, Paris, 19 13, t. XVI, p. 126-133. Sur les divers Etats elles Juifs voir la bibliographie donnée par T. Ueinach, Histoire des Israélites, i^. 388-391.

Sur l’Etal et les Juifs après 1789 : A. -E. Halphen, Recueil des lois, décrets, ordonnances, avis du conseil d’Etat, arrêtés et règlements concernant les Israélites depuis la Révolution de 17l19, Paris, 1851, continué par Uhry, 1887, et Penel IJeaulin, 18g4 ; J. hémRnn, L’entrée des Israélites dans la société française et les Etats chrétiens, 6’édil., Paris, 1886, et La prépondérance juive, Paris, 1899-1894, 3 vol. ; C. Thibaut, Le judaïsme et les Juifs de nos jours d’après les sources et les publications juives. Les Juifs à travers le monde, dans I.a controverse et Le contemporain, 2" série, Lyon, 1887, t. X, p. 267-293, t. XI, p. 432-459 ; H. -Lucien Brun, La condition des Juifs en l’^rance depuis Il H9, Lyon, 1900 ; M. Philippson, JVeueste Geschichte des jiidischen Voiles, Leipzig, 1907-1913, 3 vol. (copieuse bibliographie).

II. — L’Eglise et les Juifs

Les grandes lignes de la conduite de l’Eglise

< ! I. L’Eglise et les Juifs en général. S II. L’Eglise et les Juifs des Etats du Saint-Siège. 5 III. L’esprit qui anime l’Eglise.

^. I. L’Eguse et les Juifs en génkkai.

S7. L’unité de conduite de l Eglise. — Quand : ious disons n l’Eglise ». nous entendons n la hiérarchie ecclésiasticiue », l’ensemble des évêques, les conciles, surtout œcuméniques, et principalement les papes. Les actes et les paroles d’un simple particulier, serait-il évêque, s’il est seul, et même d’un concile provincial ou régional, quelle que soit son importance, n’engagent pas la responsabilité de l’Eglise. Au contraire, les conciles lecuméniques et les papes parlent et agissent avec une autorité souveraine.

Or, comme l’a très bien vu E, RonocANAcni, Le Saint-Siège et les Juifs, p. 121-124, la conduite de la papauté envers les Juifs présente des vicissitudes nombreuses selon les temps, les circonstances, les jiersonnes. « Cette diversité toutefois est plus apparente que réelle. Ce qu’il y a de remarquable et de très puissant dans la politique du Saint-Siège, c’est l’unité ; étant très peu terrestre, elle est très peu variable. Les hommes ambitionnent mille choses ; l’Eglise n’en désire qu’une, toujours la même », et c’est le salut des âmes. L’Eglise veut « gagner et non subjuguer les Juifs », sachant que la foi ne s’impose point ; elle condamne les violences contre eux, elle respecte la liberté de leurs consciences et de leur culte. Mais elle n’entend pas qu’ils soient un péril pour la foi des lidèles. De là des restrictions pour qu’ils ne deviennent pas ce péril, et des mesures

sévères quand ils le constituent. Elle leur défend tout prosélytisme de la persuasion ou de la force. Parce que, s’ils exerçaient les fonctions publiques, ils abuseraient — l’expérience l’a démontré —, au détriment des chrétiens et du christianisme, du pouvoir et du prestige qu’elles confèrent, l’Eglise leur interdit ces fonctions. Pour le même motif, ils ne peuvent ni avoir des esclaves chrétiens ni circoncire leurs esclaves païens. A mesure que les faits y invitent, ils sont empêchés de vivre avec les chrétiens dans une familiarité dangereuse pour la foi chrétienne.

Ainsi, sans contradiction aucune, l’Eglise s’est prononcée pour les Juifs et contre les Juifs, contre les Juifs quand ils voulaient imposer leur joug aux lidèles et faire œuvre de prosélytisme antichrétien, pour les Juifs quand les princes et les peuples attentaient à leurs droits ou violaient injustement leurs privilèges. Le aô" canon du 111* concile œcuménique de Lalran porte : Judæos subjacere christianis oportet et ah eis pro sola humanitale foveri. Tantôt il a fallu leur rappeler que, dans une société éminemment chrétienne, ils n’avaient une liberté de parvenir qu’imparfaite et limitée ; tantôt il a été nécessaire de ranimer chez les chrétiens le sentiment des exigences de l’humanité. Des papes plutôt mélianls et qui ont réprimé les excès des Juifs, tel 1n.ocent III, les ont défendus contre des vexations iniques. En revanche, des papes bienveillants, un Martin V ou un LiioN X, par exemple, ont dû parfois, parce que ces excès se renouvelaient, sévir à leur tour.

Les variations de la conduite du Saint-Siège ont donc tenu à celles de la conduite des Juifs eux-mêmes. Le caractère personnel des papes, les influences de l’entourage — ceux qui eurent des médecins juifs furent généralement plus favorables aux Juifs que les autres — les iniluences de l’époque, se sont aussi reflétées dans les décisions des pontifes de Rome.

38. Les diverses époques. — A. De 313 à HOO. — Le grand nom qui domine cette époque est celui de saint Grégoire le Grand (590-604). Il s’est beaucoup occupé des Juifs. En principe, il accepte la législati (m impériale. Sicut Judæis non débet esse licentia quidquam… ultra quant permissum est lege præsumere, ita, in his quæ eis conccssasunt, nullum debent præjudicium sustinere, dit-il, Epist., , xxv, cf. IX, Lv, etc. L’Eglise conserva longtemps les lois des empereurs de Byzance comme sa propre loi, sans pourtant s’asservir de façon stricte au droit romain. En se réclamant de lui, saint Grégoire donne sa note personnelle. Il a formulé, en quehjue sorte, dans un esprit d’équité et de douceur, le programme des relations de l’Eglise avec les Juifs. Lilierté dn culte mosaïque, prohibition du prosélytisme juif, respect de la justice envers Israël, obligation pour Israël d’obéir aux lois, rien n’est omis. Or, saint Grégoire est devenu « le guide pratique du moyen âge », H. Grisar, trad. A. db Santi, Storia di liomae dei papi nel medio evo, Rome, 1899, t. III, p. 350. Ses textes sur les Juifs ont été utilisés pour la composition des dossiers réunis par.molon. Contra Judæos, et par le concile de Mcaux (845), et, dans des proportions considérables, pour celle des recueils qui ont précédé les compilations officielles de droit canonique : la Colltctio Anselmo dicata, les Appendices du De ecclesiastica disciplina de Rkginon de Prûm, le Decretorum libri.YX de Burchard de Worins. la collection inédile dn Vaticanus’iSdt e.l la collection rlu ms. C 118 des archives vaticanes qui en est une édition corrigée, surtout le Décret d’Yvks de Chartres et celui de Gratihx. Sur les 19 chapitres que compte le titre vi. De Judæis, Sarracenis et eoruni