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JUIFS RT CHRETIENS

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Iîidlioohaimiie. — L. Ganganclli (le futur Clcmeiil XIV), mémoire présenté nu Saint-OMice, le 2 1 murs 1^58, publié, dans une traduction allemande, par A. Berliner, Giitælitcn (jnni^onetli’s (Cteniens A’IV) in Augenlegenheit der Itlutheschuldigung der Jiiden, Berlin, 1888, et, dans l’orifcinal italien, par I. Loeli, Revue des études juives, Varia, 1889, t. XVIII, p. 185-211 ; H.-L. Strack, Dus Illut itn (iUiuhen urid Aberglautien der Menscheit, h’6’édil., Munich, 1900 (les éditions antérieures étaient intitulées : Der Rlutalierglaulie in der Menscheit, lllntmorde und Blutritus ; une traduction frani,-aise a paru sous le litre : Le sang et la fausse nccusiilKin du meurtre rituel, Paris, sans dale) ; l). Clnvolson, /Jie lllutanklage und sonstige mittelalterliche llescltuldigungen der Juden, Francfort-sur-le-Mein, ii)oi (traduit de la 2’édit. du russe, 1880, avec des additions de l’aulcvir) ; K. Vacandard, /.a ijuestion du meurtre rituel chez les Juifs, dans Etudes de critique et d’histoire religieuse, Paris, 1912, t. 111, p. 311-377 ; K. Vernet, Ce (/ue les papes ont pensé de l’e.ristence du meurtre rituel chez les Juifs, dans la lievue pratique d’apologétique, Paris, igiS, t. XVll, p. /|16-/132 ; A. Monniot, /.e crime rituel chez tes Juifs, Paris, 191 4 ; les ouvrages cités dans les pages précédentes.


SECONDE PARTIE

LA CONDUITE DES CHRÉTIENS ENVERS LES JUIFS

I. — L’Etat et les Juifs

§ I. ne 313 à 1100. S IL De 1100 à 1500. S UI. De 1500 à 1789. § IV. De 17X9 à nos jours.

§ 1. De 31 3 A I 100

49. L’Etat chrétien. — A. L’Orient : les empereurs de Constantinople. — « N’ayons rien de commun avec la foule très ennemie des Juifs. » Ces mots de Constantin’, dans Euskbh, De vita Constantin ! , III, xviii, résument le passé et tracent le pro^irarame de l’avenir : les Juifs se sont afiirmés très hostiles au christianisme ; il faut les tenir à l’écart de la société chrétienne.

Mais comme, malgré tout, le contact s’imposait, il y avait lieu de régler avec précision ce (]ui était per mis, ce qui était défendu, dans les rapports entre ehréliens et Juifs. L’union intime de l’Etat et de l’Eglise amena les empereurs à soumettre les Juifs à un régime sévère, au nom de l’empire et de la relii ; ion ollicielle. La plupart des lois impériales relatiA’cs aux Juifs furent groupées, au v* siècle, par le code théodosien. XVI, viii, ix, et passim, et, au vil" siècle, par le code Justinien, I, ix, x, et passim. Cf. leur liste chronologique dans J. Jusriin, Examen critique des sources relatives à la condition juridique des Juifs dans l’empire romain, Paris, 19 11, p. ioo-io3.

T. Rkinach, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Paris, 1899, 1. III, p. G30-f)32, distingue, dans cette législation, les mesures destinées à proléger la religion juive, celles qui concernent la situation civile et politique des Juifs, et les a mesures de défense et d’attaque religieuse ». Le judaïsme est une religion licite ; il célèbre librement ses fêtes, ses sabbats, ses assemblées ; les synagogues doivent être respectées ; les dignitaires des synagogues sont assimilés au clergé catholique. La pensée que des Juifs pourraient légalement coniinander à des chrétiens paraît intolérable ; les emplois publics leur sont interdits. Ils perdent l’autonomie judiciaire.

Pour tout ce qui n’est i)as d’ordre purement religieux, ils sont assujettis à la loi romaine. Aucune atteinte n’est i>ortée à leurs droits civils, sauf en ce qui concerne les mariages, pour lescpiels ils se conformeront aux lois romaines, et les esclaves. Empêchement est misa la propagande juive : il est défendu auxjuifs de bâtir de nouvelles sjnngogues, d’épouser des femmes chrétiennes, de convertira leur i-eligion des chrétiens libres et des esclaves. Le danger de séduction, ou même de circoncision forcée, étant à redouter à l’égard des esclaves, on en vint, à travers diverses variations, à leur défendre d’avoir des esclaves non-juifs. La conversion des Juifs au christianisme est encouragée. Les actes et les insultes contre le christianisme sont punis.

Toutes ces lois ne furent i)as longtemps appliquées dans toute l’étendue de l’empire en traindecrouler. Il y eut des oscillations <le liberté presque complète et de répression rigoureuse selon les circonstances et le tempérament des princes. Les révoltes des Juifs de Palestine irritaient les empereurs. Leur alliance avec les Perses (61 4) émut vivement Hiîraclius. Il vit en eux, et non seulement dans les Juifs palestiniens mais aussi dans tous ceux de ses Etals, un ennemi du dedans redoutable. Il semble avoir médité leur conversion générale, et ce projet fut repris p : ir

LÉON L’ISAURIRN (^iS- ; ^ !) Ct B.A.SII.K lO’(867-886).

B. L’Occident : les royaumes fondés par les barbares. — Les chefs des peuples barbares adaptèrent, tant bien que mal, à leurs royaumes les lois romaines. Ils renouvelèrent la législation relative aux Juifs. Dans l’ensemble, l’application lut plutôt bénigne, surtout de la part des ariens, moins éloignés doclrinalement des Juifs que les orthodoxes. Par intervalles, la sévérité des lois fut observée ou dépassée. Les Juifs connurent des phases dilliciles. DAGoniîRT I", en France (630), et, en Espagne, SisiîBUT (612-613) leur ordonnèrent, sous peine d’exil, de recevoir le baptême. On a prétendu que ce fut à l’instigation d’Hérælius, courroucé contre eux. Pour Dagobert, la chose est vraisemblable. Cf. les textes indiqués par T. nit Caiizons, Histoire de l’inquisition en France, Paris, 1909, t. I, p. 79, n. Elle est plus douteuse pour Sisebut, qui sévit avant que la Palestine eût été perdue et reconquise par Héraclius. Ce qui est sur, c’est que si. pendant un siècle (6 I 2-71 2). l’histoire des Juifs d’Espagne fut une succession de lois très dures, de spoliations, de conversions et d’expulsions, interrompues de loin en loin par un moment d’accalmie, la cause principale de leurs maux fut leur répugnance à fusionner avec l’élément indigène. L’appui qu’ils prêtèrent aux Arabes envahisseurs souleva les colères. Quand on songea ce qu’ont été les Arabes en Espagne, aux diflicultés qu’a eues la nationalité espagnole à se constituer contre eux, on s’explique, si on ne les approuve pas toutes, les mesures antijuives adoptées par les rois d’Espagne.

Ainsi se gale la situation des Juifs en pays chrétien. Us étaient apparus, d’abord, comme les ennemis antiques et permanents du christianisme. On s’accoutuuie à voir en eux un péril pour l’Etat. Au grief religieux s’ajoute le grief national, autrement grave et ellicæe dans la pratique.

Une amélioration se produisit pour les Juifs, en Espagne, avec la conquête musulmane (71 1-7 12), et, en France, avec le déclin de la puissance des rois mérovingiens. CHARLKJiAGNn se montra assez bienveillant pour les Juifs ; toutefois, il leur imposa une formule spéciale de serment sur la Bible, le serment more judairo, qui devait être si longtemi>s en usage. Louis i.n Dkbon.vairk leur fut très favorable. De même Charlbs le Chacvk ; il en aurait été mal