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JUIF (PEUPLE)

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textes des Pères, dans lesquels ou est plus souvent porté à voir des ap|)lientions accouuuodatices.

G. — D’ailleurs certains éléments, utiles à la solution de la dilliculté qui nous occupe appartiennent à la théorie générale de la prophétie (cf. article PaopuÉTii.).

2" Jiéalisalion de l’espérance mos ! <l<iiu(jiie. — Après ces remarques, il est aisé de constater que l’argument apolo^’étique de l’espérance nu-ssianique, de l’accomplissemeut des iirophéties, garde toujours sa ijlcinc valeur.

A. — Avant l’exil, les prophètes avaient prédit que la restauration nationale aurait avant tout une lin religieuse. Or nous avons vu que les différentes caravanes de rapatriés, <|ui se sont succédé depuis 538 jusqu’à Esdras, ont eu pour premier et principal dessein le rétablissement et le i)rogrès du culte de Yahweli. Avec Esdras, leurs ell’orts ont fini par aboutira la fondation du Judaïsme, institution éminemment religieuse. Jamais d’ailleurs, même aux heures où le Judaïsme se montra le plus rigide, ses fauteurs ne renoncèrent à cette espérance que la religion de Yahweh deviendrait un jour la religion de l’humanité.

B. — Renoncer à cette espérance, eut été renoncer à une idée sur laquelle tous les proiihètes s’étaient montrés d’accord. Or, sur ce point encore, l’événement leur a complètement donné raison. Aujourd’hui le monothéisme est le trait qui distingue les pénibles civilisés des nations barbares. Et le monothéisme que le christianisme a projiagé n’est pas le monothéisme de la philosophie, celui de Platon oud’Aristote ; c’est le monothéisme de la révélation. La philosophie peut intervenir pour en rendre la conception plus précise, mais elle ne travaille qu’en se mettant au service et sous le contrôle de la révélation ; il s’agit pour elle, non de trouver, mais seulement d’exposer le donné de la foi. Sans doute le nom de Yahweh est peu connu des chrétiens. Lorsque le Christianisme a reçu les Ecritures juives, il y avait longtemps déjà que ce nom divin était traité comme ineffable et rem|dacc dans les lectures par Adonay, le Seigneur. C’est sous ce nom que le Dieu d’Israël a fait son entrée dans le Christianisme. Mais c’est bien lui que l’univers chrétien adore. Non seulement l’Eglise a reçu comme canonique l’Ancien Testament aussi bien que le Nouveau ; mais la prédication des Apôtres et de tous leurs successeurs, mais les formules de la prière liturgique chrétienne sont perpétuellement remplies du souvenir de ce r|ue le Seigneïir a fait pour Israël et ses ancêtres. On pourrait même dire que, dans certaines perspectives religieuses, le Dieu d’Isracl a gardé plus d’un caractère que la révélation du Christ semblait davantage atténuer ; le Dieu Père n’a pas toujours prévalu sur le Dieu des armées, des orages et des terreurs. Mais, laissant de côté ces tendances particulières, un point reste établi : aux jeux du chrétien, la révélation de l’.

cien Testament apparaît comme l’une des phases initiales de la révélation qui est devenue définitive en la personne de Jésus.

G. — D’après les prophètes, la diffusion du culte de Yahweh au milieu du monde devait être l’œuvre d’Isracl. Or l’on sait que le Chrislianisme, fondé par Jésus, dont les origines terrestres étaient juives, a été propagé au milieu du monde par douze iils d’Israël, que la source du fleuve chrétien est essentiellement israélite. Ces Juifs sans doute, pour accomi)lir leur œuvre, ont dû se débarrasser de toute une partie du joug que la Loi faisait peser sur eux. En cela l’on peut dire, abstraction faite des huuières supérieures qui éclairaient leurs âmes, c|u’ils ont eu l’intuition des eUangenienls qiie réclamait l’universali sation delà religion d’Isracl. Les observances légales, surtout sous la forme compliquée qu’elles revêlaient à réi>o(iue de Notre-Seigneur, pouvaient servir à rendre plus compacte l’unité juive, au milieu des assauts qu’elle subissait sans cesse. Mais elles aboutissaient essentiellement à river la foi antique à une seuleracc, à un seul ])euple. Aussi, tandis que le Judaïsme proprement dit allait se replier de plus en plus siu’lui-même, les Apôtres chrétiens, en supprimant les barrières de la Loi, devaient rendre le nouveau judaïsme, s’il est ainsi permis de parler, accessible à tous les hommes. Les prophètes, il est vrai, ne s’étaient pas bornés à annoncer que le culte de Yahweh se ré[>andrail par toute la terre ; ils avaient déterminé quel serait ce culte. N’y a til pas à craindre, dès lors, qu’en débarrassant le Christianisme des observances légales, ses premiers apôtres n’aient dévié de la voie que les pr()|)liètes avaient tracée ? Il n’est pas besoin d’une longue réflexion pour dissiper cette crainte. S’il est un thème sur lequel les proj )hètes soient unanimes, c’est celui de l’importance prépondérante de ce culte intérieur qui consiste dans le res|)ect, l’amovir, le service de Yahweh, mais aussi et surtout peut-être dans Pobservation de ces lois morales qu’il a écrites au fond des consciences. Il est des inspirés qui ne s’occupent pas du culte extérieur qui peut plaire à Dieu ; mais ceux-là même qui en parleni davantage ne se taisent pas sur l’importance du culte intérieur. C’est ilone que celui-ci tient la place essentielle, quc les formes liturgiqiu^s du judaïsme sont secondaires et peuvent devenir cadu([ues. De fait, les iirophètes antérieurs à l’exil se bornent à condamner les rites dépravés dont ils sont les témoins ; ils ne donnent aucune place aux observances dans leurs iierspcctives d avenir. Bien plus, il en est qui renoncent aux objets les plus sacrés du culte israélite de Yahweh. Jérémie sait, et ne s’en met pas autrement en peine, que le jour viendra où on ne dira plus : « L’arche de l’alliance de Yahweh I », où on n’y pensera plus, où on ne la regrettera plus, où on ne songera pas à en faire une autre (Jcr., iii, 16). Il entrevoit même, sans plus d’inquiétude, que le Temple de Jérusalem puisse disparaître comme celui de Silo (/er., vii, 12-15). On peut donc dire que saint Paul, en supprimant les observances légales, entrait pleinement dans les vues de ces prophètes. Quant à Ezéchiel, si son attitude est autre par rapport à la liturgie, c’est que, malgré le caractère très idéalisé <le certains traits de sa grande vision (cf. /^c, xlvu XMiii), il se place surtout en présence de cette restauration israélite du culte de Yahweh qui doit précéder la grande diffusion religieuse et le royaume universel. — L’on peut donc dire que le Christianisme réalise pleinement le programme de religion intérieure cher aux prophètes ; que ceux ci autorisaient pleinement les propagateurs de l’ordre nou^ eau à renoncer aux observances sj>éciiiqxicment juives et à les remplacer — car il faut toujours un culte extérieur — par des pratiques mieux en rapjjort avec le caractère universel de cet ordre nouveau.

D. — Des prophètes avaient prédit que, pour la formation et le gouvernement du royaume futur, Yahweh aurait un représentant, véritable roi, descendant de David, tout pénétré d’influences divines, tout envahi par l’Esprit i)Our accomplir l’œuvre merveilleuse à laquelle il était destiné. Or ce fut un descendant de David qui, à un moment où les espérances étaient les j)lus vives, annonça que la plénitude des temps était arrivée. On l’entendit déclarer qu’il était le représentant de Yahweh pour la réalisation dis anti<(ues promesses, qu’il était rempli de l’Esprit de Dieu pour porter j)artout la bonne nouvelle du salut. Il se mit à l’œuvre, entouré d’un