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JUIF (PEUPLE)

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grandes cornes noires, le Messie auquel tous, Juifs et Gentils, rendent hommage ; ils sont tous désormais dans la plus parl’aile égalité, pareils à des taureaux blancs (y/cH., xc, 37-39). — ô) Le iifre de l’Exhortation et de la Mulédiction (/{en., xci-c.v ; gS-^S, Martin), dans lequel on sent aussi l’inlluence d’une persécution violente (lien., xci, 5), présente encore le jugement linal au premier plan. Les signes précurseurs sont les commotions sociales et cosmiquesdéjà connues (lien., xcix, 4, 5 ; c, i, 2 ; cii, i-3). Lesanges alors rassemblent en un seul lieu les impies (lien., c, k^). Le Très Haut (le Grand, la Grande Gloire) se lève pour rendre contre eux la sentence (//? ; (., c, 4) que tout l’univers réclame (IJen., xcix, 3 ; c, 10) : sentence de confusion (lien., xcvij, 6), de destruction (lien., xci, 8 ; xciv, i ; xcv, 6 ; xcvii, i), prononcée sans pitié (xciv, 10). Les mécliants seront plongés dans les ténèbres (lien., xcii, 5 ; xciv, g) et dans le feu éternel (lien., xci, y ; xcvui, 3 ; c, 9) ; ils seront pour la revanche livrés au bon plaisir des justes (Heu., xcv, 3 ; xcviii, 12). Le bonheur des justes est d’ordre très spirituel : il consiste dans le repos, la lumière (//eH., xci, 3, 4 ; xcvi, 8), la sagesse (//eH., xci, 10), la justice et la vertu (// «  «., xcii, 3, 4). Mais déjà, en attendant la résurrection et le jugement, le sort des justes et des méchants n’est pas le même : au sclieol, les âmes des impies sont dans le malheur et l’allliction, dans les ténèbres, les liens, une llamme ardente (lien., cni, 7, 8) ; maisdes anges saints veillent sur le sommeil des justes (//e/i., c, 5). Il n’est pas question du Messie. — s) Le Livre des Paraboles {lien., xxxvn-LXxi ; 9.5-78, Martin) a une importance particulière. — «  « ) Le jugement est toujours imminent. Il est lié au rassemblement des Juifs ramenés par des chars aériens (//en., lvii, i-3)etàun suprême triomphe sur les nations (//e ; i., lvi, 5-8). Il est précédé de la résurrection universelle (lien., li, i), accompagné de la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre (lien., xlv, 4.5). —, 3, 3) La scène est présidée par la Tète des Jours ou Seigneur des Esprits (lien., XLvr, 1).Mais le jugement est l'œuvre de l’Elu ou Fils de l’homme (lien., xi.vi, i-3), et l’on a vile reconnu que, loin d'être le sj’mbole de la petitesse de la créature, ce litre évoque ici l’idée d’une grandeur sans pareille ; c’est par essence un titre du Messie souverain juge. Cet Elu préexiste depuis l’origine (//.? «., xi.vni, 2, 3, 6). A lui la sagesse, la justice, la gloire éternelle, les dons de l’Esprit, la science des secrets (lien., xux, i-4), le pouvoir sur la nature {lien., LU, 1-6). Tous l’adorent avec le -Seigneur des Esprits (lien., xr.vin, 5). Il est la lumière des peuples, l’appui et le salut des justes (lien., xi-viii, 4, ")) A la prière que les vivants et les saints font au nom du sang versé (lien., xlvii, i, a), il pren<i place sur le trône du juge(//e «., xlv, 3) ; les livres sont ouverts (lien., xLvn, 3). Il rend la sentence des justes, au milieu de la joieuniverselle etdes louanges adressées au Seigneurdes Esprits (//e «., Li, 2-4 ; i.xi, 8-13) ; quant au jugement des méchants, il le i^rofère sans aucune place pour la miséricorde (lien., lxii, 1-12 ; cf. xi.vi 3-8). — vv) Le séjour des justes est dans la nouvelle Jérusalem, autour d’un nouveau Temple (lien., i.ni, 6 ; cf. xii, 1, 2) ; ils sont comme des anges dans le ciel {lien., LI, 4, 5) ; c’est pour une durée sans lin (lien., Lvni, 3). Leurs privilèges sont : la lumière (lien., xxxvin, a, 4 ; L, i ; Lvni, 3-6), la gloire et l’honneur {Hen., L, i), lapnix(//ert., XLv, 6), la sagesse(//e71., xLi[, I, a), la source de la justice (lien., XLvni, i), la société des saints (//en., xLvni, 1), surtout de l’Elu et du Seigneur des Esprits (//en., xlv, 4 ; lxii, 1 4). A noter la distinction établie entre les justes et les pénitents, qui sont seulement sauvés (//en., l, 2, 3). — cS) Séparés des. justes (Ihn., xxxviri, 3 ; xli, 2 ; xlv, 1-6), sans

espoir de miséricorde (Hen., xxxviii, 6 ; xxxix, 2 ; Lxm, i-ia), les impies sont humiliés (lien., xxxviii, 4 ; xLvni, 8), livrés aux justes (Hen., xxxvni, 5 ; xLviii, 9), couverts déchaînes (//en., Lxix, 28), abandonnésauxanges du chàtiment(//en., Liii, 3-5 ; Lrv, 3-, 5 ; Lvi, 1-4) et jetés dans la vallée de feu avec les mauvais esprits (lien., liv, 1-6 ; lvi, 3, 4). — £ ;) En attendant ce jugement final, les justes jouissent déjà d’une certaine rétribution ; ils ont des lits de repos au milieu des anges et des saints, ils participent à la justice et à la miséricorde, ils prient pour les hommes {lien., XXXIX, 5) ; surtout ils jouissent de la présence de l’Elu (//en., xxxix, 6, 7 ; xlviii, 7)et des 'Veilleurs {lien., XXXIX, 12) ; ils glorifient le Seigneur des Esprits, qui se tient au milieu des quatre archanges {lien., XXXIX, 7 ; xl, i-io). De ce séjour aussi les méchants sont exclus (lien., xxxviii, 3).

b) Dans le Livre des Jubilés (entre 135 et 96) les conceptions sont notablement dillérentes de celles qui précèdent. L’auteur, écrivant à une époque de tranquillité, n'éprouve pas le même besoin d’une catastrophe transformatrice. Aussi le royaume lui parait devoir se réaliser plutôt d’une manière progressive, avec l’exclusion du mal et une transformation parallèle de la nature. Le jugement prend place à la fin du royaume, qui paraît être temporaire. Le rôle du Messie, qui doit venir de la race de Juda, est effacé (cf. Charles, The LJook of Jubilees). Le point de vue d’ailleurs est strictement national.

c) Dans les Testaments des Douze Patriarches (10963), une grande place est faite aux païens dans le royaume, qui se présente sous des formes assez diverses ; ils seront sauvés par Israël. Quant au Messie, l’apocryphe, sous sa forme originale, le rattachait, semble-t-il, à Lévi et insistait avant tout sur sa fonction sacerdotale, mais en le déclarant en même temps prophète et roi. A l’abri de tout péché, il doit, comme i)rètre, fonder un nouveau sacerdoce et se faire médiateur pour les Gentils. Comme roi, il luttera contre les ennemis d’Israël et les pouvoirs du mal, et leur arrachera leurs victimes. C’est à lui qu’il appartient d’ouvrir le Paradis aux justes, de leur donner à manger de l’arbre de vie ; il leur assurera pouvoir sur Beliar qui sera jeté dans le feu, et c’est ainsi que le péché prendra lin. (Cf. Charles, Testaments of the Tvelve Patriarclis.)

d) Les Psaumes de Salomon xvii et xviii(G9-47) nous ramènent à des idées plus pures, et plus près des prophètes. L’auteur attend le Messie pour un temps rapproché, mais qu’il ne précise pas (Ps. xvii, 3, 23, 50, 51 ; xviii, 6-10). C’est un Messie davidique (Ps. XVII, 5-8", 23). Comhié des dons de Dieu, des influences de son Esprit, il lui sera attaché, fidèle, entièrement dévoué (Ps. XVII, 24, 26, 27, 31, 35, 37-49). Sa mission consiste d’abord à délivrer le peujtle de Dieu de ses adversaires (Ps. xvii. 6-16, 24, 25, 27'*, 51), à ramener les pécheurs qui ont pactisé avec l’ennemi (Ps. XVII, 17-22, 271) ou à châtier leur obstination (Ps. XVII, 26), à rassembler ceux qui ont fui devant le danger (Ps. xvii, 28 ; cf. vers. 18-20), à réunir les tribus (Ps. XVII, 50). Son gouvernement leur assurera la prospérité dans leur pays (l’s. xvn 30, 31"), mais surtout leur procurera tous les [irivilèges spirituels (Ps. XVII, 28-30a, 33, 36, 481', 4y). Mais son autorité s'étend sur les nations qu’il juge (Ps. xvii, 31, 40 et qui le servent (Ps. xvii, 32, 35, 38), qu’il attire à Jérusalem sanctifiée (Ps. xvii, 34) pour leur faire contempler la gloire du Seigneur et la sienne propre (Ps. xvii, 34, 35). (Cf. J. Viteai', Les Psaumes de Snlomon.)

8") liésumé. — Il n’est pas inutile, à la fin de ces analyses, de résumer en quelipies mots l’espérance