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JUIF (PEUPLE)

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la vallée de Josapliat et entrera en jugement avec elles au sujet des mauvais traitements qu’elles ont fait endurer à son peuple (Jo., iv, i-'i, y-i^) ; la sentence est annoncée à propos des Pbcniciens et des l’bilistins (Jo.. iv, 4-8). Tandis qu’il fulmine contre ces ennemis, Yaliweh devient un refuge pour son peuple, une retraite sure pour les fils de.lacob (.1(1., IV, 16). Des changements se produiront dans la nature au détriment des nations qui ont commis la violence contre les enfants d’Israël (Jo., iv, 19) et en faveur de ces derniers Ço., iv, 18). A l’abri des étrangers (Jo., iv, 17), Juda et Jérusalem seront babités à jamais et entourés de la protection divine (Jo., iir, l’j », 20, 21). Ici encore il y a, pour les élus, continuité entre l'état actuel et l'état futur, et la vision garde des points de contact avec les préoccupations de la restauration nationale.

() Daniel. — (Sur Ddiiiet, son caractère, son authenticité, cf. Bigot, Daniel, dans Vacant-IManoknot, ])iclioniiaire de Théologie catholique, IV, col. 55-io3). Au terme de ses visions, l’auteur plonge fort loin dans l’avenir, sans d’ailleurs, lui non plus, se détacher du temps présent. Quelles que soient les dillicullés inhérentes au fameux oracle des semaines (Dan., IX, 20-27), '^ ^^' certain qu’il est entièrement dominé par la pensée messianique et escbatologique. De même d’ailleurs que l’abomination de l'époque d’Antiochus apparaît comme un prélude aux épreuves des derniers temps, de même la délivrance due à l’intervention de Dieu par le ministère des Machabées ouvre les âmes à la perspective du triomphe linal. C’est surtout au cbap. xii que cette perspective se développe. Il nous transporte à une période de détresse telle qu’il n’y en a point eu de pareille depuis qu’il existe une nation jusqu'à ce temps-là (Dan., xir, i). C’est alors que Michel, le grand chef, intervient en faveur du peuple (Dan., xii, i »). Le salut ne se réalise pas pour tous indistinctement ; il ne s’opère que pour ceux qui sont inscrits dans le livre de Dieu, c’est-à-dire pour les justes (Wa/(., xii, 1'). Mais en revanche il n’est pas restreint aux justes du présent. Le jugement est précédé d’une résurrection de beaucoup — autant dire : de tous — de ceux qui dorment dans la poussière, et un sort très différent est fait aux diverses classes de ressuscites : les uns ressuscitent pour la vie éternelle, les autres pour une infamie éternelle (Dan., xii, 2) : une gloire à part est réservée à ceux qui auront conduit beaucoup de leurs frères à la justice (/^ah., xii, 3). Très grande est l’importance de ce texte. C’est sans doute la première fois que s’allimie d’une façon précise le dogme de la résurrection des morts (cf. pourtant le texte un peu énigmatique d'/s., XXVI, 19). Du moment oii, dans la personne de Jérémie et d’Ezcchiel. la prophétie avait attaché une importance si grande à la question de la rétribution individuelle ; du moment où ces vojants avaient insisté pour réserver aux seuls justes la participalion au royaume de Dieu, ce progrès nouveau de la révélation ne pouvait se faire très longtemps attendre. Dieu ne pouvait manquer de faire connaître le sort des saints qui, dans le passé ou dans le présent, mourraient avant de particiiier au royaume. Du même coup, un élément de solution fort important était fourni au grand problème que le livre de Job avait discuté sans aboutir à une conclusion délinitive. D’ailleurs, Pan., xii ne s’occupe que des Israélites.

C. Apocnhpses apocryphes. — (Sur les Apocryphes de r.Vncien Testament cf. Szkkkly, llihliotheca Apocrypha, inlrodiictio hisloiico-critica in Lihros Apocryphos Vtriusqtie Testamenti cum e.v/ilicatione arf ; umenli et doctrinæ : I. Introdiictio generalis ; Sihyllae et Apocrypha Vet. Test. Antiqua.) — Les préoccupaTome II

tions qui les dominent sont les mêmes que dans les apocalypses canoniques. Mais deux traits révèlent immédiatement l’infériorité de cette littérature : de nombreuses extravagances, surtout en ce qui concerne l’angélologie, la constitution du ciel et de la terre, les pérégrinations des voyants ; de nombreuses directions de pensées qui contrastent avec la continuité de l’Ancien Testament. — a) Le Livre d’IIénoch est un recueil d'écrits de dates fort différentes (cf. 1'. Martin, te Livre d’IIénoch ; Ciivni.KS, The ISookof TCnoch). — c<) Le plus ancien document paraît être l’Apocalypse des Semaines (lien., xciii ; xci, 12-17 ;

« un peu avant 170 », Martin). La huitième semaine

est marquée par la délivrance terrestre des justes ; puis vient une période de paix autour de la maison rebâtie du Grand Itoi (//c/i., xci, 12, 13). Dans la neuvième semaine, les impics elle maldis])araissent de la terre, les païens se convertissent (lien., xci, ili). La dixième semaine est celle du jugement Unal qui s’exerce sur les anges, de la création des nouveaux cieux et de l’inauguration des semaines éternelles (lien., xci, 16-17). On reconnaît, ici comme dans Ezéchiel, deux phases, l’une proprement messianique et terrestre, l’autre escbatologique, dans l’histoire et le développement de l'œuvre divine. Il n’est point parlé du Messie. —, 3) Le second document (lien., i-xxxvi ; vers 166, Martin) nous transporte directement à la fin du temps. Le Saint et le Grand, entouré de ses armées, apparaît terril)le sur le mont Sinai ; l’univers entre en convulsion, tout périt ; le Saint vient rendre la justice aux esprits et aux hommes (lien., i, 3-g). En attendant ce jour, les anges coupables sont détenus dans une prison horrible (lien., XIV, 8-1^ ; xxi, 7-10). Quant aux hommes, ils revoivent dès après la mort un commencement de justice ; le scheol, en effet, se divise maintenant en quatre compartiments (lien., xxii, i-4), l’un pour les martyrs (lien., xxii, 6-7), le deuxième pour les justes (lien., XXII, g), le troisième pour les pécheurs qui ici-bas n’ont connu aucune expiation (lien., xxii, 10, II), le quatrième pour les pécheurs qui ont souft’ert persécution (lien., xvii, 12). Au jour du jugement, les mauvais anges seront jetés pour l'éternité dans l’abîme de feu (lien., x, C). Parmi les hommes, les mécliants qui ont souffert persécution demeurent au lieu du scheol qui leur est all’ecté (lien., xxii, 13). Les autres méchants et les justes ressuscitent : les impies pour un cliàliment éternel dans la vallée maudite (lien., xxvii, 2) ; les justes pour la récompense. Celle-ci est décrite en termes très matériels, qui ne sont pas seulement allégoriques (lien., x, 1719), mais qui d’ailleurs n’excluent pas des points de vue nettement spirituels (lien., v, 7-9" ; x, 20-xi, 2). C’est sur le sol de Palestine purilié (lien., v, 7-9 ; x, 16, 18-22) que se développe cette seconde vie, qui, il est A’rai, n’est pas éternelle (lien., v, 9 ; x, 17). Il n’est pas question du Messie. — /) Le Livre des Songes (lien., Lxxxiii-xc ; entre 166 et iGi, Martin), au symbolisme très compliqué, nous met, lui aussi, en la présence immédiate du jugement escbatologique. Assis sur son trône (lien., xc, 20), le Seigneur des brebis (Dieu) juge d’abord les étoiles coupables, qui sont jetées dans un abîme de feu (Hen., xc, 24), puis les soixante-dix pasteurs (lien., xo, 26), et les brebis aveuglées (//en., xc, 26, 27), * ! "' sont condamnées au même supplice du feu. Une nouvelle Jérusalem est substituée à l’ancienne (lien., xc, 28, 29) pour abriter, avec les Juifs, les Gentils qui se soumettent à eux et à leur Dieu ; vivants et défunts se trouvent réunis (//en., xc, 29-33) dans la paix universelle et le culte du Seigneur (lien., xc, 3/|, 3.0). C’est alors que, d’une façon un peu inattendue, surgit sous la forme d’un taureau blanc, qui devient un buflle aux

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