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JUIF (PEUPLE)

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regard des Étrangers, sera le sanctuaire que Yahweh rebâtira au milieu du pays (£r., xxxvii, 26’", a ; », 28), et où Israël viendra le servir et lui apporter ses offrandes (A’r., xx, 40, 41)- Telle est l’oeuvre que Yahweh réalisera pour les siens ; pris dans leur ensemble, ceux-ci n’en sont pas dignes, mais Vahweh l’accomplira pour sa gloire et l’honneur de son nom (Ez., XVI, 63 ; XX, 41 % 42 ; XXXVI, 22, 23, 32). — cl) Le roi messianique n’est pas entièrement absent de ces perspectives (cf. Ez., xvii, 22-24). Après avoir fait le procès des mauvais pasteurs du passé {£ :., xxxiv, i-io), Yahweh déclare que désormais, avec la sollicitude du meilleui’berger, il prendra soin lui-même de ses brebis (/ ; ’ :., xxxiv, 11-16). Mais, tout eu demeurant leur Dieu, il aura auprès d’elles un représentant. un prince, un seul pasteur de race davidique (Ez., sxxiv, 23, 24), qui gouvernera les deux royaumes réunis (£ ;., xxxvii, 24=, 25’^) ; c’est par son intermédiaire que Yahweh réalisera son programme de j us tiee {Ez., XXXIV, 17-22). — e) Ce qui est beaucoup plus particulier à Ezécliiel, c’est ([u’il découvre dans l’avenir comme deux horizons. La réalisation du programme qui précède apparaît, ainsi que dans les prophètes antérieurs, comme concomitante du rétablissement national d’Israël. Mais une autre vision a pour objet une époque séparée de la période actuelle

« par beaucoup de jours », et se plaçant à la

fin des temps (£ ;., xxxviii, 8, 16) ; c’est la vision du triomphe suprême de Yahweh sur les nations et dans le monde, symbolisés par une multitude groupant, avec les peuples anciennement connus, des peuples nouveaux ayant peu de contact avec l’horizon politique d’Israël (Ez., xxxviil, ! i--). Conduites par un chef au nom pareillement symbolique, Gog, roi de Mosocli et de Thubal (Ez., xxxviii, a, 3), les nations déclareront la guerre à Yahweh et s’en prendront à son peuple ; elles fondront sur lui du septentrion alors qu’il habitera dans la paix et la confiance (Ez.. xxxvui, 8-16). Elles ne se douteront pas que c’est Yahweh <iui, après avoir depuis longtemps prévu, annoncé ces choses, les réalisera {Ez., xxxviii, i~ ; xxxix, 1, 3, 8). Le désastre sera complet ; l’intervention divine sera marquée par des tremblements de terre (Ez., xxxviii, 18-20) ; Yahweh exercera son jugement, non seulement par l’épée, mais encore par la pluie, la grêle, le soufre et le feu (£ ;., xxxviii. 21, 32) ; il poivrsuivra les adversaires jusque dans leur pays (Ez., xxxix, 3-6), cependant qu’Israël entretiendra sept années durant ses foyers de leurs dépouilles (/ ; ’ ;.. xxxix, g, 10). La tuerie sera telle que. pour purilier la région, tous les habitants devront s’occuper sept mois durant d’ensevelir les cadavres dans la Vallée des Passants, qui prendra le nom de Uamon-Gog (Ez.. xxxix, 11-16) ; en même temps, les oiseaux du ciel seront convoques au festin (Ez.. xxxix. 17-20). C’est alors que la gloire de Yahweh sera pleinement manifestée et que l’on comprendra entièrement le sens de sa conduite envers Israël (Ez. xxxviii. 16, 28 ; xxxix. 6-8, 21-24). Cette vision est nettement esohatologique, elles traits apocalyptiques y abomlent. Mais elle se développe encore dans un rapport étroit avec IsraëLaussi la finale (/ ; ’ :.. xxxix, 35-29) nous ramcne-t-ef » au point de vue de la restauration nationale du peuple de Dieu. — d) Plus caractéristique encore est la vision qui termine le livre pro])liétiqne. Ezécliiel a toujours marqué une vive sympathie pour ce qui intéressait le culte de Yahweh : le Temple, à l’exclusion des hauts lieux (Ez., vi. 0-7 ; xvi. 16 ; etc.) ; les sabbats (Ez.. xx, 13. 16, ai ; etc.), les règles de pureté légale (£ :., xviii, 6 ; xxn. 10. 26). On peut même dire que son programme de justice se concrétise en une loi, tel le Deutéronoiue, dans laquelle les règles

de la vie morale et les préceptes d’ordre rituel se présentent sur un même plan, mélangés les uns aux autres et codifiés comme étant tous, au même degré, des volontés de Yahweh ; la fidélité à ce programme devient comme une sorte de service religieux. Ce point de vue se manifeste d’une manière beaucoup plus frappante encore dans la vision suprême des chap. XL-XLviii. qui se place tout à fait à la fin de la carrière du prophète (xL. i), vers 073. Elle renferme : la description du Temple futur (Ez., xl. i-xLii, 20 ; cf. xxxvii, 26-28). construit de telle sorte que, résidant au fond du Saint des Saints. Yahweh soit à bonne distance de toute impureté (Ez., xLni, 6-12) ; le retour de Yahweh (Ez.. XLiii. i-5 ; cf. x, 18, 19 ; yi. 23) ; la reconstruction et linauguration de l’autel des holocaustes (^^..xuii, 13-27) ; 1^ rituel du temple futur, personnel du sanctuaire (i : ’ :., xLiv. 1-16). obligations et revenus (Ez.. xLiv. 17-81), offrandes {Ez., XLv. 1-17). fêtes et sacrifices (Ez., xlv. 18-20), diverses dispositions liturgiques (Ez., xlvi, 1-24) ; le plan d’un partage idéal de la Terre Sainte (Ez.. XLvn. 13-XLviii. 29) ; la description des limites et des portes de la capitale (Ez.. xuviii. 30-35). La dilTérence est grande entre cette vision et ce qui précède. L’on y perd de vue tout ce qui se rattache à la vie sociale et politique : le roi lui-même, lorsqu’il figure en cette scène liturgique, n’est plus qu’un simple prince (Ez.. xLiv. 3 ; xlv, 7). Sans doute les préoccupations morales ne sont pas exclues de ce tableau {Ez.. XLV, g-ia) ; mais l’intérêt principal se concentre sur le service liturgique du futur royaiune. C’est à son observance qu’est attachée la bénédiction divine, figurée par un torrent qui sort du Temple pour se répandre et grandir dans le pays, transformant le désert, la Mer Morte et ses rives (Ez., xlvii. 1-12). L’on sait que ce programme cultuel présente beaucoup de points de contact avec cette loi de Sainteté (Aei., xvii-xxvi) qui devait inspirer la conduite religieuse des rapatriés. Mais, d’autre part, on ne songera jamais à prendre à la lettre les prescriptions relatives au partage de la Terre Sainte. Dans quelle mesure cette vision représentait-elle, aux yeux d Ezécliiel. la règle que les exilés devaient suivre dés leur retour en Palestine ? Dans quelle mesure était-elle en relation avec des perspectives plus nettement eschatologiques ? Il est dillicile de le dire.

4°) Isaïe.’L-I.XVf. — Xous avons déjà noté qu’au regard de la grande majorité des critiques non catholiques, la seconde partie du livre d’isaïe (fs., XLLXVi) a été composée, soit pendant les années qui ont immédiatement précédé la prise de Jérusalem par Cyrus (chap. xl-lv). soit au cours des premiers temps du retour (chap. lvi-lxvi). Dans les directions qu’elle a données aux exégètes catholiques par son décret du 29 juin 1908. la Commission Biblique a déclaré que ni l’argument philologique, ni les autres arguments mis en avant ne constituent, même en les considérant ensemble, la preuve qu’il faille admettre plusieurs auteurs pour le livre d’isaïe. Mais, en même temps, elle a aflirmé que. dans la seconde partie de ce livre, le prophète s’adresse aux Juifs de l’exil pour leur parler et les consoler, tout comme s’il vivait au milieu d’eux. C’est donc à la lumière des diverses conditions constitutives du

« milieu n de l’exil que les catlioli<iues eux-mêmes

doivent étudier ces magnifiques documents.

A. /s., Xf.-I.V. — n) Ici, comme dans la seconde partie du livre d’Ezéchiel, l’œuvre de la restauration est au premier plan. Le prophète l’annonce comme un réconfort aux âmes découragées (Is., xl, 27-31 ; XLi, 8-10. 14 ; XLiii, i, 3 ; XLIV, 3, ai ; iLvi, 3, 4)-Il la présente comme une œuvre de justice, puisque.