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JUIF (PEUPLE)

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entrevoit qtie, par delà la supériorité matérielle, Yahweli assure aussi à son peuple la suprématie spirituelle iqui lient à son union avec lui. — / ;) A l’occasion de l’établissement de la royauté, des paroles divines assurent la perpétuité de la ræe davidiijue (II Sam., vri, ii^’, ’6, cf. I Cliron., xvii, lo-i, ^ ; xxii, lo ; xxviii, n ; II Ckron., vii, 18).

a°) Chez les prophètes préexiliens. — A. Kemarques générales. — a) Les promesses de bénédiction, surtout entendues au sens matériel, trouvèrent créance dans le peuple. Aux heures de détresse, il y puisa son optimisme. Aux temps de prospérité, les félicités présentes lui apparurent comme les prodromes de triomphes plus éclatants. — / ;) Au viii° siècle, on usait volontiers, pour concrétiser ces espoirs d’une expression reçue ; on attendait le jour de Yahiveh (Ain., v, 18). A la prendre en elle-même, la locution désignait seulement un jour dans lequel Yahweh se signalerait d’une manière éclatante. Son intervention pourrait avoir pour objet les nations (/s., XIII, 6, g ; xxxiv, 8 ; Jer., xi.vi, lo), mais dans la mesure od leur châtiment intéresserait Israël ; car pour elles ce serait surtout un jour de colère (/s., xiii, 13) et de vengeance (/s., xxxiv, S ; i.xiii, 4 ; Jer., XI.VI, lo). Quant à Israël, pourvu qu’il rendît à son Dieu le culte somptueux auquel celui-ci avait droit, le jour de Vahveh ne pouvait être pour lui qu’un jour de bénédiction : par des manifestations éclatantes, Yahweh lui assurerait un triomphe universel et déUnitif, et il n’y aurait aucune discontinuité entre les faveurs <Iu présent et celles de l’avenir. Les faux prophètes abondaient dans le sens du peuple (AIi., ii, j : III, 5, 1 1 ; Jer., xiv, 13 ; xxni, i ;  ; etc.). — c) Les voyants du vui’- siècle n’étalent pas disposés, nous l’avons vu, à entrer dans ces vues optimistes ; ce qui leur apparaissait au premier plan, c’était le châtiment. Aussi, reprenant la formule chère au peuple, ils lui donnent un sens tout à fait imprévu et signalent le jour de Yahweh, comme un jour de ténèbres, de malheur et de punition (Am., v, 18-30 ; /s., 11, 12-17 ; ’5"-i '> 7-’8 ; cf. Lain., i, 12 ; 11, i, 22). — d) Estce à dire que ces prophètes renoncent aux bénédictions divines et nu privilège d’Israël ? Beaucoup de critiques l’ont pensé : les voyants du vni’siècle n’auraient promulgué que des anathcmes ; tout ce qui, dans leurs livres, a trait à l’espérance messianique serait le fruit d’interpolations postexiliennes, queliques-unes fort récentes. On ne saurait nier a priori q<ie certaines prophéties renfermées dans les écrits d’Isaie, celles par exemple qui ont un caractère très apocalyptique (/s., xxiv-xxvn : xxxiv, xxxv), aient pu être introduites après coup dans son livre. Mais la thèse à laquelle nous faisons allusion est insoutenable ; les critiques eux-mêmes tendent à la reviser (cf. STKURHN-Ar.Eb, op. cit., p. iJGg sv.). On ne saurait nier d’abord que la perspective de la rest, ’iuration tienne une place essentielle dans la prophétie d’Osée. Le thème fondamental de sa prédication est que la fidélité de Yahweh sera plus forte que l’inlidélité d’Israël adultère. Si, après avoir répudié son épouse indigne (O.5., i, 8, 9). Yahweh laisse s’écouler de longs jours de châtiment (Os., iii, 4 ; cf. II, I i-i’)), il ne cesse pas pour cela de l’aimer (Os., m, i) ; il n’attend, pour reprenilre avec elle ses relations anciennes, qu’un mouvement de repentir et de conversion ; et il est sur que ce mouvement viendra (Os., iii, 5 ; cf. 11, 9. 16-a5 et 11, i-3). Son amour, sa bonté l’empêchent de prononcer un arrêt délinitif de ruine (Os., xi, 6-9). Amos lui-même, dont le langage est bien plus austère, laisse toujours entendre que le châtiment n’anéantira pas complètement Israël (Am., ni, 12 ; v, 3). En.luda, Isaie. alors même qu’on ne tiendrait pas compte du dernier trait de sa

visi(m inaugurale, atteste seulement par le texte massorétique (cf. (^ondamin. Le livre d’Isaie, in loc), manifeste sullisamment sa pensée lorsqu’il donne à l’un de ses lils le nom symbolique de Scheàr’iiscliûb (Le Ueste reviendra ; /.s., vii, 3) ; il s’explique d’ailleurs en des oracles que l’on peut certainement traiter comme authentiques (Is., i, 2/1-28 ; x, 20 sv.). Quant à Jérémie, s’il est appelé à arracher et à abattre, il doit aussi replanter et rebâtir (Jer., i, 10). Il faut donc reconnaître que, par delà le jour de ténèlires et de châtiments, des prophètes du huitième siècle et du se[)tième ont salué un temps de bénédiction et de salut.

B. Amos. — Les espérances sont toutes résumées dans la finale (Am., ix, 8-15), que beaucoup de critiques traitent comme un appendice inaulhen tique. La limitation du châtiment est indiquée en termes très précis (Ai »., ix, 8-10) ; il ne doit atteindre que les méchants. Quant aux justes, les promesses qui les concernent sont surtout matérielles : la restauration d’Israël sehismatique est envisagée dans la perspective de la réunion à la dynastie davidicpie, elle aussi rétablie et rafTermie après ses humiliations et ses châtiments (./m., ix, 11, 12) ; les temps futurs sont avant tout signalés par une grande prospérité agricole (Am., IX, 13-15). La lettre ne va pas plus loin ; mais, à en juger par l’importance qu’il y attache pour le temps présent, on ne peut douter qu’Amos ne salue, dans le roj’aume à venir, le triomphe de la justice.

C. Osée. — La restauration d’Israël a pour cadre, ici comme dans Amos, la réunion au royaume de Juda (Os., II, 2 ; iii, 5). Mais, si les bénédictions temporelles, agricoles et sociales (Os.. 11, i, 23-25 ; XIV, 6-8) occupent encore une grande place, les éléments moraux jouent aussi un rfile important ; ils interviennent notamment dans la reprise des relations entre Yahweh et l’épouse infidèle. On y voit l’œuvre de la bonté divine ; c’est elle qui inspire le pardon (Os., xi, 8, 9). Yahweh fait les premières démarches auprès de cette femme adultère, il ferme avec des ronces le chemin qui la menait à ses amants (Os., 11, 8). Les poursuivant et ne les rencontrant plus, elle pense aux jours d’autrefois, elle se souvient de son bonheur passé, elle se décide à retourner vers son premier mari(Os., 11, 9), h rompre avec les idoles et avec tous ceux qui les lui ont fait aimer (Os., xiv, /i). avec le culte purement extérieur et formaliste (Os., XIV, 3). Yahweh la reçoit aussitôt, il l’aime et la guérit de son infidélité (Os., xiv, 5) ; il reprend tout comme par le commencement, il renouvelle ses faveurs premières et ramène au cicur de l’épouse les sentiments d’autrefois (Os., ii, 16, 17) : il la détache complètement des Baals et de leur nom lui-même (Os., II, 18, 19) ; enfin il célèbre à nouveau les fiançailles ; elles ont pour bases la justice elle jugement, en même temps que la miséricorde et la tendresse ; elles supposent celle fois une inaltérable fidélité ; elles aboutissent à assurer à Israël la parfaite connaissance de son Dieu (Os, , 11, 21, 22).

D. /sale et Michée. — a) Le sujet est bien plus abondamment développé dans Isaïe, cl les idées i)rincipales s’allirment en des textes dont l’authenticité est bien garantie. — i)Occasionnellemenl il parle de Samarie, annonçant le retour d’Epliraïui à Yahweh (Is., XVII, 7, 8), la protection dont Yahweh l’entourera, la sollicitude avec laquelle il lui assurera la gloire et la persévérance dans la justice (Is., xxvili, 5, 6). Mais l’intérêt du prophète se concentre sur Juda. — c) En deux circonstances solennelles, lors de la guerre syro-éphraïmile, puis lors de l’invasion de Sennachérib. i ! a l’occasion de faire valoir sa conviction que Juda n’est pas voué à l’anéantissement, qu’après l’avoir éprouvé et purilié (Is., i, a-g).