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JUIF (PEUPLE)

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Cananéens, les Phéniciens ont un culte plus développé, mais non plus épuré :  ! z) Us retiennent, pour cliaque localité importante, les noms de Baal et de sa parèdre Baalat, de Mélék et de sa parcdre Milkat.

— /3)Ils honorent comme dieu parlicnlicr Kl, avec sa parèdre Elat. — /) Ce qui caractérise davantage cette religion, c’est la tendance qu’ont certaines divinités, certains Baals, à prendre une personnalité plus marquée, soit à raison du lieu où on les honore (Melqart de Tjr, Eschmoun de Sidon, Dagon d’Arvad et d’Asdod), soit pour des motifs moins avouables (Astarté) — *) C’est ensuite la tendance à Iiiérarcliiser le panthéon pour placer à sa tête un Baal suprême. — s) C’est cnlin la facilité avec laquelle on adopte les dieux des pays avec lesquels on est en relations commerciales : Hadad de S3’rie, Tammuz-Adonis de Baliylonie, Osiris, Isis, Ilorus d’Egypte, etc. (Cf. Hkhn, op. laiid., p. io4-121 ; Diiorme, Les Sémites, dans Où en est l’histoire des Heligions, I, p. 175-187). — /") On demeure, avec tous les Cananéens, en plein polj’théisnie, et la religion prend un caractère nettement immoral.

B. Chez les Araméens, etc. — a) Les Syriens reconnaissent, à côté de nombreux Baals, le dieu El. Ils se montrent très hospitaliers pour les dieux étrangers, notamment pour les dieux sidéraux de la Babylonie, avec laquelle leurs relations furent toujours si étroites. Ils honorent le dieu Lune Sahar avec sa parèdre Ningal et leur lils Nusku ; Reshef leur vient de Phénicie. Chez eux, comme chez les Phéniciens, le panthéon tend à s’organiser sous un chef suprême (Cf. Heux, op. lnii(l., i>. I21-131 ; Dhorme, op. taiici., p. 163-169). — /’) Chez les Nabatéens, le panthéon, à la tête duquel est Douschara, dieu-soleil « maître du monde », avec sa parèdre Manat, renferme des divinités de toute provenance. Allât et Hobal qui viennent des tribus de l’Arabie méridionale, Qos qui vient d’Edom, etc. (Cf. Hehn, p. l’i-j-i’ig ; Dhorme, p. 169-i ; 2). — c) Le polythéisme de Palmyre, qui ne nous est connu qu’à une époque récente, nous apparaît moins grossier, peut-être à raison des influences qu’il a subies. Les cultes sidéraux y tiennent une grande place : on honore le soleil (Malak Bel), la lune (Aglibol), l’étoile du matin Aziz (Cf. Hnu, p. 13 i-134 ; DnoRMB, p. 172 sv. Cf. aussi, pour les Arabes du Nord et du Midi, Hkun, p. t’iiji 46). — rf) Une remarque mérite d’attirer l’attention. Chez tous ces peuples, il est des dieux qui dé[)assent les frontières de chaque nation particulière et tendent à devenir, en quelque sorte, des dieux universels. Il est très naturel, par exemple, que, dans tous les pays où les astres sont en honneur, le soleil soit nu premier rang du panthéon. Palmyre, à raison <le sa position exce[)tionnelle, eut une grande in-Huence pour la dilTusion de ce culte, qui fut reçu même dans le monde romain. Mais le dieu dont la fortune fut la plus brillante est Hadad, le dieu de l’orage. Honoré en Assyrie, il est le chef du panthéon syrien, il est le Baal suprême de Phénicie et de Cartilage ;

« Seigneur des cieux » ou « seigneur du

monde », on le retrouve à Palmyre, chez les Nabatéens, chez les Arabes du Safa ; il est identique au dieu hittite Tesehoup ; les taureaux de Béthel eux-mêmes poTirraient avoir subi son induence. Est-ce à dire que l’on s’acheminerait vers le m(molhéisme ? Non, sinon d’une manière très inconsciente. Nulle part Hadad ne jjrétend à l’exclusivisme. Jusqu’au terme de leur existence, ces religions demeurèrent polythéistes et, quand le vrai monothéisme se présenta à leurs seelaleurs, elles ne purent qnc dis]iaraîlre.

C. Chez les Assyro-Babyloniens. — Il est d’autant phis à propos de traiter des Assyro-Babyloniens et

des Egyptiens que souvent l’on parle, à leur sujet, d’une influence considérable sur les Israélites, — a) Ce qui attire avant tout l’attention, dans la religion du premier peuple, c’est un poljthéisme très toulîu. Ses dieux sont la personnilication des forces de la nature ou encore, à une date peut-être plus récente, la personnilication des astres. De là vient qu’à l’origine du moins leur individualité est assez elTacée, assez peu distincte du monde qu’ils symbolisent. Si, dans la suite, à mesure surtout que chacun d’eux est adopté d’une façon plus spéciale comme le patron d’une ville on d’un État, leur caractère particulier s’accentue davantage, il demeure quand même des indices de leur primitive indécision : beaucoup de traits sont comnnms à un grand iu)mlirc d’entre eux et, dans les hymnes, passent facilement de l’un à l’autre. — /’) Autant, sinon plus, que les autres polylhéismes, celui de Babylone se montra fort acciieillanl. Il est formé déjà de deux panthéons primitivement distincts, celui des Sumériens, cpie l’on peut appeler autochtones, et celui des Sémites envahisseurs. De plus, à mesure que les cités s’unissent, que les petits États se groupent, leurs divinités s’associent, sans que l’on s’aperçoive que, bien souvent, plusieurs d’entre elles représentent exactement la même idée et sont au fond identiques.

— c) Mais ce qui, à un moment donné, caractérise davantage le polythéisme babylonien, c’est qu’il s’exprime en un panthéon très savamment organisé. On y saisit l’influence de collèges de prêtres érudits, qui se sont livrés à de profondes spéculations. De là d’abord ïine mythologie et une cosmologie fort compliquées, traduisant, sous forme de relations entre les dieux, les rapports qu’ont entre eux, les inlluenees réciproques qu’exercent les uns sur les antres, les divers phénomènes, les divers astres qu’ils symbolisent. — d) Un autre effet de cette spéculation nous intéresse davantage ; la subordination hiérarchique des êtres célestes. Elle aboutit d’ordinaire à mettre en avant une divinité qui, comme chef du panthéon, occupe un rang tout à fait à part. Diverses influences peuvent contribuer à lui assurer cet honneur : celle de la tradition cosmologique comme pour Anu ; celle de quelque vieux sanctuaire, dont le prestige se maintient alors que la ville où il se trouvait a perdu de son importance ; celle qu’une ville acquiert dans l’association des cites et des Etats primitivement distincts (Marduk à Babylone, Assur à Ninivc). Il est surtout important de noter la facilité avec laquelle au dieu suprême du panthéon, l’on donne des épithètes, l’on adresse des louanges qui sembleraient le mettre à un rang absolument à part, lui réserver d’une manière quasi exclusive le ])rivilège de la divinité. Il ne faudrait i>as toutefois se laisser tromper par les appnrenres. En certains cas, ces manières de parler s’ex]diquent par le fait que tel nom divin devient comme l’expression de l’idée abstraite delà divinité : c’est ce qui arrive pour Anu, par exemple. En d’autres cas, la transcendance du dieu est en proportion de celle même de la cité dont il est le patron ; ainsi en est-il pour Marduk. D’ailleurs il est fort intéressant de noter que chaque lidèle adresse des épithètes analogues au dieu envers lequel il fait profession d’une piété jiarticulière. On peut voir en tout cela un acheminement inconscient ers le monothéisme. Ce qui est beaucoup plus certain, c’estcpvejamaisles panégyristes les plus enthousiastes d’un dieu particulier n’ont songé à rejeter l’existence des autres divinités. — e) Si maintenant l’on veut apprécier la portée morale du polythéisme babylonien, on ne peut méeonnnître que ses productions liturgiques contiennent de magniliques expressions pour un certain nombre des plus nobles