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JUIF (PEUPLE)

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E) ; Béthel (^.’en., xii, 8, J ; xiii, 4. "i->7, J ; xxviii, 13-16, J ; XXVIII, 1 1, 12, 17-22, E ; xxxv, i, 7, E ; xxxv, 9-15, P), Manibré (ttvi., xiii, 18, J ; xviii-xix, J), Bersabée {fien., xxvi, a4, 26, J ; XLVi, i-/|, E). Nous avons déjà fait remarquer que ce Dieu des patriarclies est désigne, tantôt par le nom eoiiunun d’Elohiin (E), tantôt pai- celui d’El Schadday (P), tantôt enlin par celui de Yahweh ; les textes n’excluent pas l’hypothèse d’après laquelle chacun de ces noms aurait prévalu en certains temps ou en certaines tribus. Quel que soit son nom, ce Dieu apparaît déjà comme jaloux, et, pour lui rendre un hominage agréable, on veille à écarter du camp les dieux étrangers (Gen., xxxv, 2-6, E). Déjà aussi l’on est invité à regarder comme indignes de son culte des rites alors fort en usage, tels que les sacrilices humains (Gen., XXII, î-14, E). La morale se ressent encore de la rudesse des temps ; mais l’on rejette les fautes ([ui portent un plus grand préjudice à l’honneur de la famille, l’adultère (Gen., xii, io-a(), J ; xx, i-iS, E ; XXVI, ’j-ii, J), l’inceste (6’en., xxxviii, 3-30, J) ; on attache un grand prix à la liilélité à la parole donnée au nom de Dieu (Gen., xxvii, i-i^o, surtout J ; XXXI, 44-54, JE) ; etc.

C. — fl)Sur tout ce qui se rattache à la révélation primitive et, dès lors, au monothéisme primitif, of. j. lÎRUCKER, Gexkse, dans Dictionnaire apologétique de la foi catholique (notamment l’article intitulé Preuve du caractère historique des premiers clinpitres de la Genèse, Objection générale’jll, col. 279-283). — i) A propos de la religion des patriarches, on peut faire valoir les considéralions suivantes. — k) Les ancêtres d’Israël ne dressaient pas seulement leurs lentes dans les steppes, loin des sédentaires ; le mouvement régulier de leurs campemenis les amenait à passer et à séjourner dans cette terre de Canaan, si féconde en ressources pour eux et leur bétail, et dont linalement ils devaient subir l’attrait à un si haut point. Or, dès cette époque, une population résidiiit en Palestine, venant des mêmes régions que les patriarches, présentant avec eux de nombreuses alVinités ethniques. Ces Cananéens avaient déjà leurs sanctuaires célèbres, leurs sym-I boles religieux, leurs rites pompeux. Les patriar-’ches passaient près de ces hauts-lieux, et il est au moins possible que plusieurs des autels érigés par eux aient eu quelque afllnité locale avec ceux des anciens habitants. Mais si les mêmes raisons qui avaient jadis assuré le prestige de ces montagnes majestueuses, de ces forêts mystérieuses, de ces arbres vénérés, exerçaient leur attrait sur les patriarches, la Bible dit expressément que ceux-ci y honoraient leur Dieu, que ce Dieu consacrait les autels par ses apparitions. Nous pouvons, sans rien exagérer, voir en ces faits une forme de cette antipathie qui écarte le nomade du sédentaire et de ses coutumes relâchées. Les ancêtres d’israél nous en fournissent d’autres exemples, comme l’attestent les récitsdes mariages d’Isaac avec Kébecca (Gen., xxiv), de Jacob avec Lia et Uachel (Gen., xxviii, lo-xxix, 30). Il va de soi d’ailleurs que ces sentiments régnaient avec plus de délicatesse en l’àme des grands sheikhs que dans la masse. — 5) L’antipathie du nomade pour le sédentaire explique que les patriarches n’aient pas adopté les « dieux étrangers n ; elle ne sullit pas à rendre compte de cette autre attestation de la Bible que les patriarches n’adoraient qu’un seul Dieu. Mais l’on peut invoquer d’autres arguments à l’appui de cette attestation. Rien de pins conforme à l’esprit moderne que de faire appel à cette loi lie continuité qui invite à chercher dans le passé les racines d’une institution importante ; l’histoire de la révélation nous invite de son côté à

reconnaître que l’action divine ne se produit pas en de violents soubresauts. Ortes l’œuvre accomplie par Moïse occupe une place de choix parmi les initiatives que signale l’histoire des religions. Mais ce n’est pas une raison pour s’abstenir de lui chercher des antécédents. On conçoit moins bien en elfet, que ce grand fondateur ait pu grouper les tribus dans le culte d’un seul Dieu, si auparavant chacune d’elles en avait adoré plusieurs : l’unité religieuse et nationale pouvait aussi bien se faire, à tout prendre, sur la base du polythéisme que sur celle du monothéisme ; de nombreux exemples sont là pour le prouver. On conçoit mieux aussi que l’accord se soit fait sur le nom de Yahweh si ces tribus avaient auparavant une certaine conscience que, sous des noms divers peut-être, elles honoraient le même Dieu, que, dés lors, rien n’empêchait, en vue de conférer à ce Dieu une personnalité [dus accentuée et à Israël une plus grande unité, d’adopter délinitivement un nom déjà en vogue sans iloute en certains milieux. EnUn si Yahweh est demeuré solitaire dans sa transcendance, on peut assez légitimement en conclure qu’auparavant les patriarches, tranchant en cela sur le reste des nomades eux-mêmes, n’attachaient pas à leur dieu de divinité parèdre. A supprimer ces antécédents, on peut grandir extraordinairement la personnalité de Moïse ; mais avec un sens beaucoup plus juste des réalités, la Bible, sans rien sacrilier de l’œuvre de ce grand fondateur, veille à ne pas l’isoler complètement du passé.

in. Origine du monothéisme juif. — r) Le monothéisme juif, fait unique dans Ihistoire des religions. Ce qui contribue tout d’abord à donner une haute idée du monothéisme juif, ce qui prépare à l’intelligence de ses origines, c’est la constatation de ce fait qu’il est sans pareil dans l’histoire des religions.

A. Chez les Cananéens. — Pour juger de la supériorité de la religion d’Israël, le véritable terme de comparaison serait à chercher parmi les peuples qui ont eu sensiblement la même importance, ont vécu dans le même milieu, et qui appartiennent à la même race. Tels sont les Cananéens, qui comprennent : les peuplades auxquelles les Hébreux disputèrent le sol qu’ils devaient occuper ; les petits royaumes qui entouraient le pays d’israél, Edoni, Moab, Ammon ; les Phéniciens. — a) Deux noms dominent la religion des Cananéens, ceux de Baal et de sa parèdre Astarté. Le premier, au moins, n’a rien d’un nom propre. C’est une épithète qui signifie maître, possesseur ; comme d’ailleurs une foule d’endroits, une foule de phénomènes, se réclament d’un maître particulier, le nombre des Baals est illimité et nous sommes en plein polythéisme. — i) Dieux de la nature, les Baals se distinguent à peine des forces qu’ils syndiolisenl ; ils n’ont pas de personnalité bien tranchée ; à plus forte raison ne saurait-on parler de leur transcendance. — c) Déesses de la volu[)té, les Aslarlés favorisent, jusque dans les sanctuaires, les désordres moraux les plus hideux ; les prostituées et les elTéniinés font partie du personnel sacré ; impossible de parler d’idéal moral à propos d’une telle religion. — d) Mélék, antre désignation des dieux cananéens, est, comme Baal, un nom commun ; il signilie roi. Sous une forme emphatique. Milkom, il devient le nom propre du dieu des Ammonites. On peut aussi mentionner les noms propres de Chamos dieu de Moab, de Qos dieu d’Edom, même de Dagon d’Asdod. Ces noms propres ont pu concourir à accentuer le caractère personnel des dieux qu’ils désignaient ; mais ils n’ont pu ennoblir leur caractère.

— e) Plus avancés en civilisation que les autres