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JUIF (PEUPLE)

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(I Sam., x, i, 17-27 ; XVI, 12, |3) ; la chartedela royauté est déposée devant YahweU (I Sam., x, 25). Uien n’indique que, pendant le règne de Said, les Israélites aient associé d’autres divinités à leur Dieu national. Quant à David, il s’empresse, après avoir conquis j'érusalem(II.SrtHi., v, 6-9), d’y transporter Tarclie (II Sdin., vi) ; il ne fait en cela que préparer la voie à l’entreprise qui remplira les premières années du règne de Salomon, laconslruetion duTemple(l//eg^., v-viii). On peut dire que Vahweh règne en maître, bien que certaines pratiques (I i’am., xix, 1 3) puissent trahir des influences étrangères. Ces influences eurent des résultats bien plus fàebeux, lorsqu'à la lin de son règne Salomon établit, pour plaire aux femmes de son harem, des cultes nettement idolâtriques sur la montagne qui est à l’est de Jérusalem (1 lieg., XI 1-8). Toutefois, cette prévarication prouve, non que Salomon aitthéoriquement méconnu le privilège de Yahweh, mais bien plutôt que, dans sa conduite, il a manqué de fermeté. Plusieurs de ses successeurs suivirent ces errements (I lieg., xiv, 22-24 ; xv, 3 ; H Jle<'., viii, 18, 29) ; mais la tradition orthodoxe subsistait au milieu de ces abus et préparait dans les rois fidèles des réformateurs zélés (1 Heg., xv, ii-13 ; XXII, 43, 47). Le culte de Yahweli était même si profondément implanté dans le peuple qu’au moment du schisme Jéroboam I ne songea nullement à inaugurer une autre religion ; il se borna à élever des sanctuaires rivaux de celui de Jérusalem (I Heg., xii, 26-33). — /3) La transcendance de Yahweh, que l'épisode du séjour de l’arche au temple de Dagon (I Sam., v ; vi) met en singulier relief, trouve son expression sensible dans la disposition même duTemple salomonien ; l’arche est isolée au fond du Saint des Saints (I Jieg., VIII, G) et de spacieux parvis en écartent tout ce qui est impur. Les rois lidèles comprennent d’ailleurs que leur Dieu a d’autres soucis que celui il’une sainteté toute extérieure : par exemple, ils bannissent du temple comme indignesde Yalnveli ce personnel obscène, très en honneur dans les sanctuaires sémitiqueset ([ui, de temps à autre, trouvait accueil à Jérusalem (I Heg., XV, 1 i-15 ; Nxii. 47)- D’autre part, l'épisode de la pythonisse d’Endor (1 Sam., xxviii, 7-25) montre que le Dieu d’Israël est hostile aux superstitions les plus accréditées. — y) La religion de Yahweh prétend aussi à cette époque avoir prise sur la vie tout entière. Déjà au temps des Juges, le chàtiiiienl du meurtre injuste prenait la forme d’un acte de culte (Jud., XX, 18, 23, 26-28, 35). A l'époque de Samuel, les blâmes formulés au sujet des lils de Héli (I Sam., II, 12-17, 22-36), les reproches adressés à Saiil (I.Saiii., xiii, 8-14) attestent que Yaliwehatlend de son peuple autre chose que les rites extérieurs. Toutefois le triomphe du monothéisme moral, c’est l'épisode de la rencontre du prophète Nathan avec David, après le meurtre d’Urie (Il Sam., xi ; xii). La scène rappelle celle <le la vigne de Nabolli (1 /('e^., xxi, 1-24). Aucun doute n’est possible : aux regards de Yahweh, les rois n’ont aucun privilège en ce qui concerne le respect de la foi conjugale, de la vie humaine et de la justice.

S" Les Patriarches. —.^. La Genèse ne se présente pas à nous comme une histoire complète et suivie de l'époque patriarcale, non plus que des origines du monde et de l’iiumanilé ; elle a plutôt pour objet de nous retracer la physionomie générale de ces périodes lointaines, et elle le fait à l’aide de souvenirs fragmentaires et épisodiques. II faut de plus rcconn.iitre (r ces souvenirs n’ont été consignés par écrit qu’après une transmission tradilioiuielle fort longue, du moins pour certains sujets. Il convient donc, ici plus ([u’ailleurs, que rajjologétique

s’attache surtout aux traits principaux et aux grandes lignes.

15. — a) Le document yahwiste nous est conservé en des fragments qui nous font remonter jusqu'à la création. Dès le premier jour de leur existence, Yahweh s’est manifesté à Adam et à Eve ; au paradis terrestre, ceux-ci sont demeures fidèles, pendant un temps d’ailleurs indéterminé, à celui avec lequel ils pouvaient s’entretenir à leur gré. Sous le poids du châtiment de leur faute, nos premiers pères n’ont pas perdu le souvenir de celui qui, au moment même où il les punissait, leur avait annoncé la défaite du tentateur ; instruits par eux, leurs fils. Gain et Abel, offraient, quoique avec des sentiments fort divers, des sacrifices au vrai Dieu (Gen., iv, 3-7). C’est avec leur petittils Enos que l’humanité commença d’honorer Dieu sous le nom de Yahweh (Gen., iv, 26). L’apostasie générale de l’humanité fut punie par le déluge ; mais, à cause de sa fidélité, Noé trouva grâce devant Dieu (Gen., vi, 8) et, après le cataclysme, il présida à la reprise du culte divin (Gen., viii, 20-22). La bénédiction de Sem (Gen., ix, 26) paraît marquer que la race de ce fils de Noé gardera plus lidèlement, au milieu des peuples répandus sur la terre, le nom du vrai Dieu ; mais le document yahwiste ne nous dit plus rien des vicissitudes religieuses de l’humanité jusqu'à la vocation d'.brahaiu. — On connaît le beau récit de la création par lequel débutent la Bible et le Code sacerdotal. Il aboutil, à son tour, à la manifestation du vrai Dieu au premier couple humain. Les récits du paradis terrestre et de la chute ne nous ont pas été conserves dans ce document ; par de sèches généalogies, il nous conduit directement au déluge, et Noé nous est présenté comme un homme juste, intègre et marchant avec Dieu (Gen., vi, 9). ("est en sa personne qu’après la sortie de l’arche. Dieu rétablit son alliance avec l’humanité (6>n., ix, 1-17)..près quoi, le Code sacerdotal ne nous fournit plus, pour les temps antérieurs à Abraham, que des nomenclatures généalogiques. — Nous n’avons aucun fragment des récits de l'élohiste sur les temps antérieurs aux patriarches. Mais, dans son discours d’adieu, qui appartient à ce document, Josué dit aux Israélites que leurs pères, Tharé, père d’Abraham et de Nachor, habitaient de l’autre côté du fleuve et servaient des dieux étrangers (Jos., xsiv, 2) : comme si, peu de temps après le déluge, il }' avait eu une nouvelle apostasie générale de l’humanité ! Ce serait alors, semble-t-il, qu’auraient pris naissance les diverses religions païennes et les su|ierstitions. A partir de ce moment, Dieu aurait renouvelé son œuvre par l'éducation d’une famille spéciale à laquelle il aurait conféré l’insigne honneur de porter à toutes les nations la bénédiction de la vraie religion. — / ;) Les documents sont unanimes pour allirmer que les patriarches n’honoraient qu’un seul Dieu. Encore faut-il s’entendre. Il serait inexact de <lire que les textes nous présentent purement et simplement les ancêtres d’Israël comme des monothéistes (cf. Gen., XXXV, 2-4). Il n’est au fond question que des <i pères », d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de ses douze lils. Tout en admettant que leur inlliience ait <lù rayonner autour d’eux, on peut les considérer comme représentant une élite et tenant, à cet égard, la place (|iie les prophètes tiendront plus tard. Les patriarches témoignent de leur foi envers le seul Dieu eu lui élevant des autels ; ils choisissent de préférence les endroits qu’ils fréquentent le i>Uis souvent au cours de leurs migr.ilions. D’ordinaire même, ce sont des apparitions ([ui leur ni.irq lient le lieu où Dieu veut cire honoré. Ainsi s’explii|iie l’origine de beaucoup de sanctuaires qui devaient être célèbres en Israël : Sichem (Gen., xii, i-4% 0, 7, J ; xxxiii, 18-20.