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JUIF (PEUPLE)

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et agrandie aux yeux du peuple. Il faut aussi mentionner à ce sujet les oracles sur les nations (/a-, xiiixsiii), dont une partie au moins est nniversellenient traitée comme authentique. Jérémie ne pouvait revenir en arrière ; il parla comme Isaïe ; il exprima ses convictions surtout à propos des invasions de Nabuchodonosor (Jer., iv, 5-31 ; vi, i-g, 22-30 ; vii, ag-vni, 3, etc. ; xxi, 3-io ; xxiv, 8-io ; xxv, i-14 ; xxvn, 12-22 ; xxviii ; XXIX ; etc. ; cf. aussi xxvii, i-i 1 ; xxv, 15-38 et le groupe d’oracles contre les nations XLvr-Li). Les oracles de Soplionie contre les païens (.So., ii, t-^o), de Nalium sur Ninive (>Vrt., i-iii), d’Habacuc sur les Clialdécns (I/ab., i, 11) sont pareillement à alléguer. — /) Cet empire universel sur le monde physique et sur les nations prouve la transcendance de Valiweh. Elle s’exprime dans tous ces prophètes, par la formule traditionnelle « Yaliweli des armées » (.-i' »., iii, 13 ; iv, 13 ; v, i/j, 15, etc. ; Os., xii, 6 ; /s.. 1, 9, 2/1 ; ii, 12 ; iii, 1, 15 ; v, ^, g, 16, 24, etc. ; J//., iv, 4 ; Jer., 11, ig ; v, i 4 ; v 1, 6 ; vii, 3, etc. ; So., II, 9, 10 ; /Va., II, 14 ; iii, 6 ; liai)., 11, 13). Toutefois, c’est la vision inaugurale d’Isaïe (/s., vi) qui la met davantage en relief. Le Seigneur {'"dùnin), vêtu d’habits royaux, entouré d'êtres au nom mystérieux de séraphins ou brûlants, ébranlant la demeure où il apparaît et la remplissant de fumée, inspirant à Isaie, témoin du spectacle, la sensation d’un danger mortel, est véritablement le Très Saint, isolé, séparé, inaccessible. Mais qu’il ne s’agiss* pas seulement d’une sainteté physique, les paroles d’Isaïe et son attitude le disent assez : son épouvante provient de la conscience de son péclié et se calme dès qu’un séraphin lui a annoncé sa purilicalion (/s., vi, 5-^). On comprend dès lors le sens de l’expression « Saint d’Israël » qui revient onze fois dans Is., i-xxxix, treize fois dans Is., xl-lxvi, et que l’on retrouve seulement six fois en dehors de ce livre.

e) Attributs diiiris ; caractère moral du monothéisme. — Impossible de parler de Yatiweh, de faire valoir ses droits, sans menlionner fréquemment ses attributs, ou au moins y faireallusion. Les prophètes du huitième et du septième siècles n’y manquent pas ; il semble même que, soit à raison des circonstances particulières dans lesquelles il prêchait, soit à raison de son caractère individuel, chacun ait eu mission de faire valoir un attribut particulier. — ot) Aux yeux de tous, Yahweli est un Dieu vivant et éminemment personnel. Les allirmations sont précises à cet égard (Is.. xxxvii, 1^ ; Jer., x, 10 ; xxiii, 36 ; Os., Il, i), consacrées par les formules de serment que Yahwen lui-même pTo(ère(Jer., xxii, a4 ; xlvi, 18 ; Ez., V, 1 1 ; XIV. 16, 18, 20 ; XVI, 48 ; xvii, 16 ; etc. ;.So., 11, g) ou que l’on prononce en son nom (fer., rv, 2 ; v, 2 ; XII, 16 ; XVI, 14, 15 ; XXIII, 5, 8 ; XXXVIII, 16 ; xliv, 26 ; Os., IV, 15'. Cette vie et cette personnalité de Yahweh se manifestent surtout dans les rapports qu’il entretient avec les individus. On peut mentionner la manière dont, en Osée, il traite avec Israël personnilié comme son é|)ouse (O.t., i ; 11, 8, 9, 11-19. 21, 22. etc. ; cf. /cr., 11, 2 ; 111, 1 i-13 ; etc.). On peut insister plus justementeneoresurces visions inauguralesdans lesquelles Dieu s’entretient véritablement avec le prophète (/s., VI ; Jer., i). Mais nulle partie sens de la personnalité divine n’est plus vif que dans Jérémie ; le prêtre d’Analhoth sent perpétuellement que Yahweh est tout près de lui, qu’il peut s’entretenir avec lui, lui conQer ses préoccupations et ses peines, entendre ses réponses et ses encouragements ; sa prière revêt la forme d’un véritable dialogue (Jer., vii, 16-19 ; xi, 1828 ; XII, 1-0 ; xiv-xv ; xvii, i'|-18 ; xviii, ig-23 ; XX, 7-18). —, 3) Osée et Jérémie font une place spéciale à la bonté divine ; elle a présidé aux premiers rapports de Yahweh avec son peuple (Os., ix, lo" ; xi.

1-4 ; Jer., II, 2-7), elle ne s’est jamais démentie (Os.,

II, 10) ; aprèsque la justice aura fait son œuvj-e, c’est la boulé qui inspirera à Yahweh le pardon et assurera la restauration du peuple (O.S., xi, 8-11, surtout gi> ; Jer., xxxi, 2, 3, 20 ; xxxni, i 1). — y) Isaïe s’attache davantage à la sagesse et à l’autorité avec lesquelles Y’ahweh gouverne le monde ; il les voit spécialement à l’reuvre dans les péripéties de la guerre de Pliacée et de Rasin contre Ju’da (As., vii, 1-9 ; viii, i-4) et dans l’expéilition de Sennachérib (/s., x, 5, 6, 12, |519, 24 a-, 28-34 ; xxxvii, 26-2g, 33, 34). Aussi réclainet-il du peuple la foi et la conliance (/s., vii, g ; xxviy, iG ; XXX, 15), se moquant du recours aux moyens liumains de défense (/.s., xxii, 8-13), blâmant énèrgiqueiuent ces alliances politiciues qui, en même temps qu’elles témoignent d’un mauipie de foi. constituent un danger pour la religion (Is., xxix, 15, 16 ; xxx, 1-17 ; XXXI, 1-3 ; cf. Os., V, 13 ; vii, 8, 9, 11, 14, iG). — S) Mais tous ces prophètes insistent d’un commun accord sur l’attribut qui, plus que tous les autres, met en relief le caractère moral du monothéisme hébreu, la justice : — yv) La justice de Yahweh se manifeste d’abord dans l’idéal moral qu’il impose à son peuple et qui se traduit par les censures que les prophètes prononcent contre les désordres de tonte sorte qui régnent en Israël et en Juda. Anios s’en prend aux riches dont il blâme le luxe (Ani., iii, 12', 15 ; V, iii"^ ; VI, 1, 8, 11), les folles jouissances (Am., IV, I" ; VI, 4-6), les débauches (Am., 11, '^^), mais surtout la dureté pour les pauvres (11, 6. 7 », 8 ;

III, 10 ; IV, l’i ; v, 12 ; VIII, 4-G) ; il dénonce la complicité des juges (Am., , 7, 10, 15" ; vi, 12). Au temps d’Osée, Israël est en pleine décomposition ; aussi les prévarications de toutes sortes ont-elles droit de cité. De là les jugements sévères du prophète (Os., IV, i, 2 ; VI, 8 ; VII, i ; x, 4 ; etc.), qui s’attaque aux chefs du peuple (Os., iv, 18 ; v, 10 ; vii, 8-7 ; VIII, '() et aux prêtres (Os., iv, 6, 8, g, 14 ; vi. 9 ; etc.l ; à noter la censure très vive de l’immoralité (Os., iv, 2, II, 18, etc.). En Juda. Isaïe condamne, en même temps que la superstition (Is., 11, 6) et l’idolâtrie (Is., II, 8), l’orgueil qui s’appuie sur la richesse et la prospérité du pays (Is., 11, 7, 12-17). '^ luxe des femmes (Is., iii, 16-24 ; xxxii. 9-1 1), l’avarice des riches (As., V, 8), leurs orgies (/s., V, 11, 12 ; xxii, 13 ; xxviii, 7, 8 ; cf. à propos d’Israël, xxviii, i), leur présomption (Is., v, 18-21), mais aussi leurs injustices envers les pauvres (Is., v, 28 ; cf., à propos d’Israël, x, i, 2). Ce dernier thème toutefois tient une bien plus grande place dans Miellée, mieux en mesure, à Morésélh, de voir toutes les violences dont les faibles étaient les victimes (.1//., 11, i, 2, 8, 9 ; iii, 1-3, g-ii). De ces diverses censures, on trouve l'écho dans Jérémie (-/er., ii, 34 ; v, i-g, 15-ig ; vi. 13 ; vii, .5, G, 8, 9 ; IX. 1-8 ; etc.). —, 15) La justice de Yahweh éclate dans l’importance qu’il attache à la pratique de cet idéal moral. L’un des traits les plus frap[)anls, dans les écrits de ces prophètes, c’est la censure du culte (Am., iv, 4, 5 ; v, 4.. 21-28 ; vii, 8, g ; ix, i ; O.S., IV, 13, 14.17 ; VI, 6-10 ; Is., I, lo-i.'i ;.)/(., I, b ; Jer., n, 23-28, 33 ; iii, 1, 2, 6-10 ; v, ig ; vii, 4-ii, iG-19 ; XI, 9-13, etc.). Sans <loute, on peut dire que l’anathème de Jérémie porte surtout sur les hauts lieux, et que leur condamnation s’impose, soit à raison des

réformes d’Ezéchias (Il Ite^., xviii,

II Chron.,

XXXI, 1) et de Josias (II lieg., xxii ; xxm), soit à raison de l’accueil que l’on y faisait au sj’ncrétisme religieux (II He^., xxi, 3, 6 : xxiii, 5, 8', 10, 13, 15 ; II Chron., xxxin. 3, 6). A propos d’Osée, on peut aussi remarquer que les sanctuaires étaient à son époque le rendez-vous de toutes les idolâtries et de toutes les débauches. Ces remarques toutefois n’expliquent pas toutes les censures. Il ne faut pas aller