Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/801

Cette page n’a pas encore été corrigée

1589

JUIK (PEUPLE)

1590

lesquels les rapatriés de l’exil tenaient une grande [ilace, s’en étaient détachés.

B. l.e Jaddisme, — La proinul ! , ^alion de la loi par Esdras (44^1 ?) alioulil à la fondation du Judaïsme. On peut dire <{u’à partir de cetlt^ date le niouothéisnie hébreu n’a plus d’histoire. La ooniniuuauté fondée par le prêtre-scribe a pour origine une alliance conclue sur la base de la loi de Dieu donnée par Moïse, serviteur de Uieu(.Ve/(., x, l, 2y, lio). Il est dillicilc de dire au juste ce que représente ici le terme de

« Loi ». L’on peut évidenunenl penser que, dans

l’alliance dont nous venons de parler, l’on ne revenait pas sur celle qui avait été conclue en 622 sous l’inlluence de Josias, et qui avait pour règle ce livre du Deutéronome (Il y^ey., xxiir, 1-3), dans lequclnous avons cherché l’une des meilleures expressions du nu)nothcisme liélireu. On a souvent conjecturé que le livre de la Loi, lu et expliqué par Esdras avec le concours des Lévites (^.eli., viii, 2-8, 13, i/5, 18 ; IX, i), était cette partie du Pentateuque que les critiques désignent sous le nom de Co<le sacerdotal, et qui s’empare en quelque sorte du monothéisme du Deuléronome pour en pénétrer profondément tons les détails de la législation sociale et cultuelle du peuple de Dieu. Au moins est-il certain, que, très peu de temps après Esdras, le Judaïsme avait pour règle dévie notre Pentateuque actuel. Ce qui est non moins certain, c’est qu’il allait chercher ses principes de pensée et d’action dans le recueil [iropliétique qui renfermait /s., xi.-i.xviet Ezéehiel. — « ) Aussi la foi monothéiste des Juifs ne devait-elle plus subir la moinilre éclipse. L’idolâtrie est traitée comme une monstruosité. La transcendance du Dieu créateur et maître du monde physique (den., 1), souverain indiscuté des nations et des individus, auteur de toutes les vicissitudes de l’histoire de l’univers et du peuple choisi, est vin article de foi sur lequel on ne saurait avoir la moindre hésitation. — li) On n’en a pas davantage sur cette autre vérité que, en plus des actes rituels et liturgiques sinon avant eux, Yahweh exige de ses lidéles, comme élément essentiel de son culte, la pratique des lois qui consacrent les exigences de la conscience humaine et en précisent les diverses applications et conséquences. — c) De cette haute idée religieuse, les preuves et les documents al)ondent. Ce sont les psaumes, hj-mnos liturgiques du judaïsme, dont les uns remontent à un passé plus ou moins reculé, dont les autres sont l’œuvre des Juifs eux-nicmes, dans lesquels en tout cas se reflète le plus pur esprit du propliétisme.Ce sont ces livres sapientir.ux (Proverbes, Ecclésiastique), dans lesquels tantôt l’on grou|)e les maximes de conduite pratique qui doivent inspirer une vie honnête et religieuse, tantôt l’on montre celle sagesse humaine comme un rellel, une communication de la Sagesse qui réside en Dieu et s’y personnifie. C’est enfin cette littérature apocalyptique, en partie apocryphe, mélange de métaux précieux et de scories, dans laquelle toutefois, en même temps que l’on s’attache plus fortement qu’ailleurs aux espérances nationales et messiani(]ues, on donne à la transcendance divine sa plus puissante expression ; on y attribue à Yahweh un pouvoir illimité et tout miraculeux sur le monde ]diysi(pie ; on y accentue en toutes manières son rôle d’auteur et de directeur de l’histoire humaine ; on lui assigne enfin pour assesseurs et pour ministres toute une hiérarchie d’êtres spirituels..Si l’on peut dire que, dans ces pro<iuctions tardives du judaïsme, le monothéisme se complique d’idées dont les origines et la justesse sont sujettes à caution, il reste que l’unicité, la transcendance, la perfection morale du Dieu d’Israël n’ont jamais été affirmées avec plus de force et de conviction.

C. — La justice dhine et le problème des rcliibiitions. — L’un des sujets qui, dans la [)ériode postexilicnne, subit davantage rinfluencc du monothéisme moral, fut celui des rétributions. — « ) Ce sujet tenait déjà une grande place dans la prophétie ; il est un corollaire immédiat du dogme de la justice divine. Mais les prophètes du huitième siècle s’occupèrent à [jeu près exclusivement des sanctions qui devaient atteindre la nation. Si Jérémie et Ezéehiel attachèrent une grande importance à la responsabilité individuelle, ce fut à peu près toujours en fonction de la participation au retour de l’exil et à la restauration. Il est évident toutefois que le sujet de la rénmnération personnelle devait être ap])rofondi en une foule d’autres manières. Le Deuléronome l’envisageait d’une façon beaucoup plus ample et beaucoup plus générale ; il le considérait au [loint de vue de la fidélité à l’observation de la Loi : des bénédictions étaient promises à tous ceux qui s’appliqueraient à vivre en conformité avec la volonté de Yahweh. — h) Toutefois ec qui fra|q)e le plus, c’est le carælère terrestre de ces bénédictions et l’absenee de toute allusion à une rénmnération d’oulre-tombe (I)eut., XII, 2.5 28 ; xiii, 18I’ ; xiv, 2y ; xv, 4-G, 10 ; XVI, )5, 20 ; XIX, 13 ; xxii, 7 ; xxiii, 20 ; etc.) La surprise est moindre dès que l’on réfléchit aux idées des Israélites louchant la vie future. Tant qu’ils ne bénéficièrent pas des lumières supérieures de la révélation, ils eurent à ce sujet les mêmes croyances que les antres Sémites. Or il y avait une grande difTérence entre la pensée des Sémites et celle, par exemple, des Egyptiens. Ces derniers passaient pour ainsi dire leur vie terrestre à préparer leur vie éternelle : tant leur âme était dominée par la vision de l’.u-delàl II en allait autrement dans le monde sémitique. On n’y avait qu’une idée très vague de ce qui subsistait de l’homme après la mort. Composé du corps, appelé chair ou bâsiir (it ! ’ :) et de ce principe personnel désigné par le mot HeY^e.v (rSJ)t <'>*"T" ?’'f terme âme correspond assez imparfaitement, l’homme recevait de Dieu l’esprit de vie, vu" ! } ou n’snm/ih ( nil, ria !  : ’3). Grâce à cet esprit, que peut-être l’on ne distinguait pas foneièrcmenl de la nép^’és, il possédait la vie pleine el active qu’on lui voyait manifester ici-bas. Lorsque survenait la mort, le corps était déposé dans le tombeau. Quant à l’âme, elle était sans doute immortelle ; mais elle ne demeurait pas pour cela absolument étrangère aux atteintes de la mort ; elle perdait la plus grande part de son activité ; elle n’avait plus qu’une ombre de vie, assez semblable à l’étal de sommeil ou de léthargie et que seuls de grands événements poiivaient ranimer (/s., xiv, g-ly). D’ailleurs elle n’était pas sans garder certaines attaches avec le corps, ou mieux avec son ombre ; on ne s’imaginait pas l’âme débarrassée de toute forme corporelle. L’on comprend que ces restes misérables de l’humanité n’avaient guère d’ai)titudcs à devenir snjeldes rétributions divines. Leur rendez-vous commun était dans un endroit souterrain appelé en hébreu scheûl Cji.s’ï".so7) ; lâ se réunissaient tous les mânes humains, quels qu’eussent été leurs mérites ou leurs démérites au cours de leurvie terrestre. Tout au plus songeail-on à faire descendre les plus grands criminels en des régions plus profondes du S(mibre séjour ; s’il était des justes parliculicrcment méritants, tels Hcnoeh cl Elle, Dieu les arrachait à la mort et les prenait avec lui. — c) Avec de telles conceptions sur l’Au-delà, les Israélites, ainsi que les autres Sémites, devaient considérer la vie présente eoninic le véritable temps des rétributions divines ; le sens très élevé qu’ils avaient de la justice de Y’ah weli a seulement permis aux fils de Jacob une