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JUIF iPEUPLE)

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le vrai Dieu des idoles. Dans les trois documents, la transcendance de Yabweli s’atCrme par l’empire ([uil exerce sur les hommes elles nations. Son attention sans doute se concentre d’une manière très spéciale sur le peuple juif ; mais elle s’étend aussi à tous les peuples de la terre, groupés pour ainsi dire et résumés dans les nations qui à un moment donné tiennent l’univers connu sous leur dépendance. YaUweh n’en redoute aucune ; à toutes il donne ses lois ; de toutes il a prévu l’histoire et les destinées ; et sans cesse il veille ellicacement à ce que rien n’arrive autrement qu’il l’a décidé. Il va de soi que la manifestation de cette transcendance entraîne celle de beaucoup d’attributs qui, pour être plus secondaires, n’en contribuent pas moins à donner une très haute idée du Dieu d’Israël. — c) L’un d’eus mérite une attention particulière, parce qu’il constitue comme le troisième des traits fondauxentaux du monolliéisme hébreu. C’est la justice. Yahweh en poursuit passionnément le triomphe. On peut dire qu elle inspire toutes ses démarches ; pour la rendre victorieuse, il n’hésite pas à frapper de mort le peuple même qu’il s’est attaché par des liens si particuliers. C’est que le princi[ial de ces liens eux-mêmes est un lien de justice. Quand Vahweh a conclu une alliance avec Israël (i>eH(.. xxvi, 18, 19), il lui a demandé d’observer toutes les lois et les ordonnances renfermées dans le code sacré qui devait servir de base au contrat. Or, en ce code, expression des exigences divines, une place restreinte est faite aux préceptes cérémoniels et liturgiques qui sullisent à constituer la religion de la plupart des Sémites païens. L’on insiste bien davantage sur les règles de justice qui doivent présider à la vie individuelle, familiale et sociale d’Israël, et donner au monothéisme hébreu son caractère de monothéisme moral.

2°) Le monothéisme post-3xilien. — C’est du livre d’Eïéchieî quela date est la plus ferme ; sacomposition, comme d’ailleurs le ministère du prophète, s’est développée de 692 à b~o. A partir de cette époque, le monothéisme moral se perpétue, sans subir d’écIipse, parmi les représentants delà tradition religieuse des Juifs.

A. — Ai ; gée, Zacharie, Malachie. — Pour la première période de la restauration, depuis l’édil de Cyrus en 538 jus(]u’ii la réparation des murs de Jérusalem par Néhémie en ! J45, l’on peut recueillir le témoignage de documents datés avec la plus grande précision. — a) Dans les prophéties d’Aggée et de Zacharie, la transcendance divine n’est pas compromise du fait que de nouveau Yahweh se rattache à Jérusalem et au Temple. La nouvelle période de l’histoire est la continuation de l’ancienne. Israël garde encore sa place centrale au milieu des nations. C’est à lui que dans le passé Yahweh s’est fait connaître ; c’est par lui que dans l’avenir il se manifestera à toute la terre ; le résultat de cette manifestation sera, comme pour les prophètes du passé, l’alHuence de toutes les nations à cette montagne dont Yahweh a, dès les temps anciens, fait son séjour {igU-, II, O-rj ; Zacli., 11, 15 ; vi, 15 ; vui, 20-28 ; xiv, 16-ig). Mais, si tous les peuples doivent un jour reconnaître Yahweh, c’est que dores el déjà il a sur eux des droits imprescriptibles. Aussi les traite-t-il avec une souveraine autorité ; on le voit qui marche à la tèle de son peuple contre les nations et les soumet (/ac/i., IX, 1-8, 13-i^ ; X, ^-12 ; etc.). Même une direction de pensée se traduit, à laquelle on n’était pas accoutumé jusqu’ici. Le conllit de Yahweh et de son peuple n’est plus avec telle ou telle nation en particulier : il est avec les nations en général. Déjà l’on voit se dessiner une idée qui plus lard prendra une

très grande importance. L’humanité se divise comme en deux camps fort inégaux : le peuple de Dieu ; et le monde — le reste des nations — hostile à Dieu et aux siens. L’expérience des persécutions auxquelles les Juifs allaient se voir en butte, de la part des maîtres qui successivement gouverneraient tout le monde connu, devait faire beaucoup pour accréditer cette idée. On en voit déjà des traces dans Zucli., i-viu, oii les nations sont symbolisées par les quatre cornes (Zac/i., ii, 1, 2) auxquelles s’opposent les quatre forgerons {Zach., II, 3-4), par les quatre vents du ciel vers lesquels vont les quatre chars (Zach, vi, 1-8), où elles ont pour capitale Babylone, l’ennemie traditionnelle d’Israël el le centre de riniquitc (Zach., v, 5-1 1). De même, dans Zach., ix-xiv, c’est souvent contre les peuples en général que Y’ahw eh entre en lutte (Zach., xii, 3 ; xiv, 2, la, 14, iC, ig) On comprend jusqu’à quel point sa victoire contribue à mettre en relief son domaine universel. Plus que jamais aussi, Israël apparaît soumis à son autorité. C’est ce que l’on peut constater surtout dans Malachie : ’iahweh poursuit les abus avec une ardeur invincible {Mal., 1, 6-11, 16 ; iii, 6-10), annonçant les châtiments qui atteindront les prévaricateurs au grand jour qui doit mettre fin à leurs attentats (Mal., iii, 1,

3, 5, 19, 21) et devenir le point de départ des bénédictions pour les justes (Mal., iii, 3, 4, 10-12, 13-18, 20-2^). — b) Si l’autorité de Yahweh sur les nations est au premier plan, on parle aussi à l’occasion de son empire sur la nature el les éléments (Agg., i, 9- 1 1 ; 11. i~j, ig ; Zach., viii, 12 ;.Ual., iii, 10-12). Çà et là même prennent place des traits apocalyptiques, témoignant qu’aux yeux de ces prophètes, Yahweh a le pouvoir de moditier l’ordre naturel des choses {Zach., VI, i ; xiv, 4, 6, -, 8, 10). — c) Aussi bien, dans les visions de Zach., i, y-vi, 15, la transcendance de Yahweh est mise en relief par la présence de divers êtres intermédiaires, tout comme dans Ezéchiel (Zach., 1, 8-14 ; u. i-4, â-9 ; iii, i-5 ; iv, i,

4, 5, 6, etc.). — d) Cette transcendance de Y’alnvch ne perd pas, cela va de soi, le caractère moral que tant de fois déjà nous lui avons reconnu. Sans doute, l’on i>ourrait dire qu’.Aggée se place à un point de vue très restreint lorsqu’il fait converger tous les reproches vers celui de la négligence dans l’œuvre de la restauration du Temple (Agg., 1, 4-ii> i’. 15-19). -Mais il faut noter que, comme tous ses prédécesseurs dans le prophélisme, il envisage surtout les contingences immédiates ; à l’époque où il parlait, le relèvement du sanctuaire était également indispensable pour la reprise de la vie religieuse et pour la restauration nationale. L’on peut également remarquer (pie les préoccupations d’ordre strictement légal et cultuel tiennent une grande place dans Malachie {Mal., I, G-g, 12-i’i ; iii, 10). C’est vrai, et cela répond encore aux tendances mêmes des auditeurs du prophète, qui étaient pour un bon nombre pénétrés des dispositions qui devaient faire le fond de l’esprit du judaïsme. Mais il est vrai aussi que son petit livre renferme beaucoup d’éléments en rapport avec les principes fondamentavix de la religion et de la morale (’/ « /., Il, 10-12, 13-16 ; III, ô). Quant à Zacharie, l’on sait qu’il reprend le point de vue plus général des anciens prophètes : nécessité de la conversion (Zach., I, 3), vanité du culte purement extérieur (Zuch., vii, ’i-i’1). purilication de l’Israël futur (Znc/i., iii, i-io ; V, 1-4, 5-ii), i)ratique de la justice dans le royaume messianique (Zach., viii, lO, 1^). — d) Ces projjhètes n’insistent guère sur l’idolâtrie (cf. pourtant Zach., x, 2 ; XIII, 2). Les Juifs, qui étaient demeurés en Palestine après 586, avaient, à cet égard, continué les errements du passé (cf. Is., Lvi-Lxvi) ; mais les milieux auxquels nos voyants s’adressaient de préférence et dans