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JUIF (PEUPLE)

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manifestations du syncrétisme religieux (II Reg., xxin, 36, 3 ;  ;). Ezécliiel nous donne une description très vivante du désordre. Il nous le montre qui sévit dans tout le pays comme un élément en quelque sorte indispensable du culte des hauts lieux (£ ;., vi, Ï--J, I 1-1 4)- Surtout il nous décrit les formes que la prévarication revit sur la montagne sainte (Ez., vui-xi) : culte pliénicien d’Astarté (Ez., viii, 3, 5 ; cf. II Reg., xxj, 3, 7 ; XXIII, 4, 6. 7) ; culte égyptien des animaux accompli dans le mystère (Ez., viii, 9-12) ; culte de Tammuz (Ez., viii. il) ; culte assj’rien des astres (Ez., viii, 16. -j cf. Il Reg., XXI, 3, 5 ; xxiii, 5, 11). Pareil syncrétisme est en complète antinomie avec les exigences de Yaliweh ; ces idolâtries profanent le Temple (Ez., v, 1 1) ; elles choquent à ce point le regard de Yahweli que, ne pouvant les tolérer, il prend le parti de quitter sa demeure et sa ville (Ez., IX, 3 ; X, 18, ig ; xi, 22). Mais il ne le fait qu’après avoir prononcé des arrêts de mort et d’extermination contre tous ceux qui n’ont pas gémi à la vue de tant de prévarications ; le châtiment doit commencer à s’exercer dans les parvis eux-mêmes (£ ;., IX, 1, 2. 4-1’ ; X, 1-8 ; XI, 13). —, 5) Presque avec autant de vigueur, Ezéchiel s’en prend aux hauts lieux de Juda, c’est-à-dire aux sanctuaires provinciaux. Il déclare que tous ces autels seront abattus et les adorateurs frappés devant les idoles (£ ;., vi, i--, 1 i-14). — v En censurant ces désordres d’ailleurs, le prophète ne s’arrête p.is seulement à la considération du moment présent ; si un châtiment sans précédent menace Israël, c’est que l’iniquité s’est accumulée depuis de longs siècles ; de là ces récapitulations à grands traits qui résument en un tableau d’ensemble tous les désordres dont le peuple de Dieu s’est rendu coupable (£ :., xvi ; xx ; xxii ; xxui). Il j’a place en ces synthèses, nous le dirons, pour la censure des désordres moraux ; on y condamne la violation de certains préceptes positifs, tel celui du sabbat, en rapport avec la religion de Yahweli (£ ;., XX, 12, 13, 16, 20, 21, etc. ; xxn, 8) ; on s’y plaint du relâchement des chefs du peuple, des prêtres, des prophètes (/ ; ’ :., xxii, 25-a8). Mais la faute capitale est. avec l’idolâtrie proprement dite, le culte des hauts lieux (Ez., xvi, 24, 20, 29 ; xx, 7, 8, 18, 24, 31, 32 ; xxiH, 5-10, 11-21, 36-44). Ce sont là les crimes qui déshonorent le plus Israël, et rappellent davantage son origine impure et ses parentés suspectes (Ez.. xvi, 3, 44. 4^). On peut rattacher ces censures, comme à leur raison historique, à la réforme dans laquelle Josias, reprenant l’œuvre d’E^échias et mettant définitivement en vigueur l’ordonnance deutéronomique, décréta et réalisa la suppression des autels autres que celui de Jérusalem (fiia). Mais la raison fondamentale de l’ordonnance deutéronomique elle-même est le danger que la pluralité des lieux de culte fait courir au monothéisme ; c’est aussi la facilité avec laquelle les sanctuaires provinciaux, plus encore que le Temple de Jérusalem, peuvent être envahis par les dieux étrangers. Bref, la guerre faite aux hauts lieux n’est dans Ezéchiel qu’une suite de la lutte contre l’idolàlrie.

e) Touchant le caractère même du Dieu d’Ezéchiel, ce sont les grandes visions(A’ :., i ; vm-xi ; xL-xi, vin) qu’il faut d’abord consulter. — t) Ce qu’elles expriment avant tout, c’est la transcendance deYaInveh. Nous avons déjà vu que Yaliweh n’est pas attaché a un lieu déterminé, pas même au sanctuaire de.lérusalem (Ez., ix, 3 ; x. 18, 19 ; xi, 22, a3). La vision inaugurale forlitie cette impression : alors même que Y’ahweh n’a pas encore officiellement quitté son Temple, Ezéchiel peut contempler sa gloire dans la lointaine Ghaldée ; certains détails, particulièrement la direction d’où vient le char (£’ ;., i, 4), pour raient faire penser que Yahweli habite cette demeure divine que l’on plaçait dans les régions célestes du septentrion ; disons simplement que Yahweh réside au ciel comme en son séjour propre. Le cadre de lathéophanie et la mise en jeu des grands phénomènes de l’orage (Ez.., 4). tout comme au Sinai, témoignent de la grandeur de Yahweh et de la terreur qu’il doit inspirer ; pareillement l’éclat de l’appareil (£ ;., I, -j, 13, 16, 18), le trône de saphir (/ ;  ;., i. a6), l’aspect même de la forme d’homme qui y siège (£^r., I, 27 ; viii, i, 2), l’arc qui l’auréole (Ez., i, 28). Mais il y a plus. Cet appareil de vision a pour but d’épargner à Yahweh tout contact avec la terre étrangère, impure comme ceux qui l’habitent. De même, lorsqu’à Jérusalem Yahweh quitte le fond de son sanctuaire, il vient se placer sur les chérubins (Ez., x, 18), évitant ainsi le contact avec le sol souillé. Plus tard, lorsqu’il reviendra à la montagne sainte, il trouvera le Temple construit de telle sorte qu’aucun contact ne soit possible avec le monde profane (Ez., XL-XLii). Dans cette sphère où Yahweh s’isole, on a l’impression qu’il n’y a plus rien de commun avec ce qui se rencontre ici-bas. Yahweh et les êtres qui l’entourent et qui. par leur présence même, contribuent à mettre en relief sa grandeur, ont des formes générales qui rappellent l’humanité (Ez., i, 5, 26), mais avec des combinaisons et des détails qui ne se retrouvent pas dans la nature ; aussi le prophète ne décrit-il que par à peu près ; il ne parle que d’apparences, de ressemblances (Ez.. i. 4, 3, ’Oj 22. 26, 27, 28 ; cf. v : ii, 2, 3 ; x, 9-17). Ces détails aboutissent surtout à mettre en relief ce que l’on pourrait appeler la transcendance et la sainteté physiques dcY’ahvveh. Et il faudrait mentionner, dans le même ordre d’idées, la part faite par le prophète aux préceptes de sainteté ou de pureté légales (Ez.. xviii, 6’^ ; xxn. 10) qui tendent à rendre le peuple conforme à son Dieu. Toutefois, le point de vue de la sainteté morale n’est pas absent : c’est à cause des prévarications religieuses (fr.. VIII, 5-18)et morales (£ ;., viii, 17 ; ix, 9 ; XI, 6) dont il est le théâtre, que Yahweh quitte son temple ; il n’y reviendra (Ez.. xliii, i-5) que lorsqu’il sera sûr de ne plus voir pareil spectacle (Ez., XLIII, 7-9). Les censures contre les crimes de Juda témoignent dans le même sens. En présence de cette sainteté et de cette transcendance, l’homme, le prophète lui même, est profondément bouleversé (Ez., III. 14, 15) ; il ne peut que tomber la face contre terre (i, 28 ; iii, 23) : tant il a conscience de sa petitesse et de sa faiblesse I II n’est qu’un être très faible, très misérable, un simple fils d’homme ; car telle est, dans Ezéchiel, la signification de cette locution hén-’âdâm, qui y revient si souvent (Ez., 11, 1, 3, 6, 8 ; ni, I, 3, 4. 10. 17. 2.5 ; etc.). — S) Dans la mesure où s’accentue cette idée de la transcendance de Yahweh, on évite de le mettre en contact direct avec ce qui est impur, ou simplement inférieur. Il ne semble pas qu’il y ail rien à tirer en ce sens de la main de Yahweh qui est sur le ])ropliète (Ez.. i, 3 ; m. 22 ; xxxvii, 1 ; XL, i), qui tombe sur lui (Ez., vni, i), qui est sur lui fortement (Ez., iii, 14) ; il ne paraît y avoir ici rien de plus qu’un anthropomorphisme pour mar<|ucr l’action de Dieu et sa puissance. Mais il faut, romraeàpropos d’/. «., xl-lxvi, mentionner la place faite à l’esprit de Yahweh. A côté de fonctions pareilles à celles que d’autres prophètes lui ont déjà attribuées (Ez., xxxvi, 27 ; cf. /s., xi, i), on met à son actif des interventions parlieulièrement caractéristiques (Ez., I, 12, 20, 21 ; II, 2 ; iii, ii, 14, 24 : viii, 3 ; et aussi xxxvii, 9. 10), qui peut-être auraient été anlérieurenient mises au compte de Yahweh..Ailleurs toutefois on voit paraître de véritables êtres intermédiaires entre Yahweh et le monde. Tels ces