Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/786

Cette page n’a pas encore été corrigée

1559

JUDITH

1560

Commentar iiber die Zivôlf Kleinen Prophcten, 3° édil., Leipzig, 1888. — I. Knabknbauer, Commeniarins in Prnphelas minores, Paris 1886. — Tro-CHON, les Petits Prophètes. Paris, 1883. — Jou. DoKi.i-EB, Das Biic/i Jona nach dem l’rle.rt iibersetzl und erkltirt, Wien, 1912. — Fr.E. Gigot, Spécial /tilrodiiclion to llie Stiidy of t ! ie OUI Testament, Part. II, New York, 1906. — A. Vax Hoo-NACKER, Les Douze Petits Prophètes, Paris, igo8. — H. Lesktre. Revue pratique d’Apo}ogétique, ibseiiV. igog, /, es récits de l’Histoire Sainte. Jonas. pp. 928928. — Ed.Koemg, article Jonah, clans J. Hastings’Diciionary of the ISihle(l. II, 1899). — Albert Bonus, article Jonah, dans J. Ilaslings’Diciionary of Christ and the Gospels (igo6).

Albert Condamin, S, J.


JUDITH. — Texte et lersiuns du livre de Judith. — Sujet du livre. — Canonicilé. — Historicité. — moralité. — Bibliographie.

Texte et versions du livre de Judith. — Le livre de Judith, composé en hébreu, selon toute probabilité, ne nous est connu que par les versions Grecque, Syriaque, Ancienne Latine et Vulgate. La version grecque paraît rendre fidèlement le texte original. La version syriaque et l’ancienne latine sont des traductions de la version grecque. La Vulgate est la traduction, faite par S. Jérôme, d’une ancienne version araméenne, aujourd’hui perdue : un.luiflui interprétait l’araméen en hébreu et S. Jérôme rendait riiébreu en latin. Ce travail fut fait assez rapidement :

« Huic unam lucubratiunculam dedi », dit

S. Jérôme. Ilajoute : « Multorum codicum varictatem vitiosissimam anipulavi ».(l’ræf. in libriim Judith.) Qu’entend-il au juste par là ? Son texte était-il plus court ? De fait, un cinquième du grec environ manque dans la Vulgate. Aussi Cornely remarque ; « Ulerquetextus, utpote longo ecclcsiaruni usu approbatus, iure mcrito authenticus dicitur ; critice vero videtur præferendus graccus, præsertim quia S. Hieronymus non obscure innuit, se nonnulla quæ non salis iiitellexit, consulto omisisse. » (///s/. e^ crit. Iiitroduc tio in V. T. libres sacros, vol. II, i, 1887, p. 892.)

Sujet du Livre. — Nabuchodonosor, roi d’Assyrie (sic), convoque tous les peuples de l’Asie occidentale à se joindre à lui contre Arpliaxad, roi de Médie. Us refusent. Holoiiherne, envoyé contre eux avec une puissante armée, ravage leur pays. Seuls, les Juifs encouragés par le grand-prêtre Joakim, se préparent à une résistance énergique, en fortifiant les défilés des montagnes d’Ephraini. spécialement la ville de Béthulie. L’Ammonite.Vcliior expose à Holoplierne que les Israélites sont protégés par leur Dieu, quand ils lui sont fidèles. Ilolopherne le livre aux Juifs pour r|u’il partage leur sort. liéthulie, assiégée, privée d’eau, est sur le point de se rendre, lorsque une pieuse veuve, Judith, entrciirend de sauver la ville. -Vprès avoir imploré le secours de Dieu, elle se pare île ses phis beaux ornements, et se rend avec sa servante vers le camp des ennemis. Elle gagne les bonnes grâces d’Holopherne. Au bout de trois jours, invitée par lui à un festin, elle est ensuite laissée seule, avec le chef assoupi dans une complète ivresse, et elle lui tranche la tête. Revenue à Béihulie, et ac(lamée comme libératrice, elle conseille aux assiégés de faire une sortie. Les ennemis, saisis de panique à la vue du corps d’Holopherne déca]iité, s’enfuient en désordre. Judith reçoit de grands honneurs ; elle chante à lalné sa reconnaissance ; elle vit. dans la chasteté du veuvage, jusqu’à un âge très avancé.

Canonicité. — Le livre de Judith est, comme on sait, dcutérocanonique. Contre les prolestants qui ne l’admettent pas parmi les Livres saints, on peut établir sa canonicilé par des raisons solides. Il est cité par S. Clément deRomc, Clément d’Alexandrie, Origène, Tertullien, etc. Au témoignage de S. Jérôme, le i » Concile de Nicée le mettait au rang des Saintes Ecritures. Il fait partie du canon des lires inspirés dressé par S. Augustin et approu% é par le concile de Carlhage en Sg^ et par les conciles de Florence et de Trente.

Rien de plus catégorique que ce témoignage d’un savant protestant, Henry BakclaySwete : « L’ancien canon latin représente véritablement la collection des Livres saints en langue grecque, transmise aux premières communautés chrétiennes à Antioche, à Alexandrie et à Rome. Si Origène et les Pères grecs qui suivent Origène lixent le nombre des Livres à 22 ou 24, ils ne suivent pas la tradition primitive de l’Eglise, mais l’opinion critique desavants chrétiens qui s’étaient informés auprès de maîtres juifs. Une tradition plus ancienne est représentée par la série des écrivains chrétiens, commençant à Clément de Rome, qui ont cité les livres « Apocryphes » [nom donné par les protestants aux deutérocanonicjues ; es guillemets sont de M. Swele], sans avoir l’air de soupçonner qu’ils ne faisaient point partie du canon. Ainsi Clément de Rome met l’histoire de Judith au même rang que celle d’Estlier… » (An Introduction lo the Old Testament in Greek, 1900, p.224.)

Historicité. — « L’Histoire de Judith, dit dom Bernard de Montfaucon, a toujours passé pour une des plus embarrassées de l’Ecriture, Il n’en faut point d’autre preuve que le grand nombre de manières dilférentes dont les interprètes l’ont expliquée, et qui, au lieu de l’éclaircir, l’ont rendue plus obscure qu’elle n’était auparavant « (La Vérité de l’Histoire de /(((/(((/ ; , 1692, premières lignes de la Préface). De nos jours encore, les auteurs les plus conservateurs reconnaissent sincèrement ({e « ce livre, tel que nous lepossédons aujourd’hui, présente au point de ue historique de très grandes dillicultés » (SchoepekrPelt, Histoire de V.incien Testament, t. II, l’éd., 1904, p. 302).

Nabuchodonosor. nommé une vingtaine de fois dans le livre de Judith, y est donné pour a roi des Assyriens » (cela est dit expressément au moins six fois) ; sa capitale est Ninive. Or. il n’y a pas eu de roi d’.Vssyrie du nom de Nabuchodonosor, dei)uis 980 av. J. C. jusqu’à la fin de l’empire assyrien (la série complète des rois d’Assyrie pour cette époque est fournie par les inscriptions cunéiformes). C’est après la ruine de Ninive (607) que Nabuchodonosor est devenu roi de Babylone (605-562) ; et il n’a pas fait la guerre aux Mèdes ni ])ris Ecbatane. De plus, la date de Nabuchodonosor ne s’accorde pas avec iv. 3 et V, 19(LXX ; Vulg., v. 28) : les Juifs sont revenus de l<i captivité ; ils ont purifié le tenq)le, l’autel et les vases sacrés ; donc après 538. Il n’j' a pas eu de roi des Mèdes nommé Ar])liaxad. Gomment Holoplierne, perse, comme son nom l’indique, est-il général assyrien ? Enfin, celle délivrance mer eilleuse du pays Israélite n’est mentionnée nulle part dans la Bible. L’héroïne Judith n’y est pas nommée ailleurs, ni par Philon. ni par Josèplie. La ville de Béihulie est également inconnue.

François Lenormant Irouvail « fantastique » la géographie du livre de Judith. — « Même en concédant que les noms de lieux |)euvenl avoir été déformés par les traducteurs et les copistes, il n’en demeure [las moins qu’en matière de topographie le livre de Judith soulève une série de problèmes