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JONAS

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patriarclie espère toujours (xiii, iC ; xvi, ig-ao ; xix, 23-25 ; etc.) ; il garde au Conil de son cd’ur le culte et le respect de Dieu (xxviii, 28) ; quoi qu’il advienne, il ne demande que de rester lidéle à.léliovali (vi, 10 ; XVII, 9 ; XXI, 16 ; XXVII, 4-<o) (ef. I.owTii, De sacra //ebræor. pticsi, p. 270, éd. Koscnmiiller). On a exagéré pareillement ses audaces vis-à-vis du ciel. Quelques vivacités de langaj ;e lui écliaiipenl sans doute, mais comme il s"en rcpent avec amertume (vu, 20, 21 ; IX, 2 ; XIV, 4)1 II confesse d’ailleurs ([u’il est puni justement et que l’équité du Seigneur est souveraine ; il en appelle au tribunal du Très-Haut, sollicite son verdict avec conliance, parfois même en des termes dont l’àpreté dénonce l’intime conviction qu’il a de n’être pas coupable des crimes qu’on lui reproche (sxii. 2-1 i).Enlin, on a calomnié Job en l’accusant de scepticisme. Dire qu’il nie la rémunération future, c’est se tromper ; le contraire ressort de ses discours (cf. XI, 14-20 ; xxvii, 8 et suiv.). Il ne prétend nullement que tout soit lini après la mort ; au contraire, il parle souvent du mystérieux séjour où les âmes descendent après le trépas (cf. iii, iS-ig ; vii, g ; x, 21, 22 ; XI, 8 ; XIV, 13-22 ; xvii, 13-16 ; xxi, 13 ; xxiv, 19 ; XXVI, 5, 6 ; xxviii, 22 ; xxx, 23 ; xxxi, 12) ; à l’entendre, la mort n’est point l’éternel oubli, c’est un sommeil et un repos (m, 1 3 ; vii, 2 r ; xi, 18 ; xiv, 12 ; xxi, 26 ; xxvii, 19). Voilà pourquoi il conserve au fond de son âme l’espérance de la résurrection (xix, 23-27 voir Rose, Etude sur Job, xix, 23-27 dans Iiei hihl., t. V, pp. 39-55). Que si, par conséquent, , Iob seinl/le une fois ou l’autre professer une doctrine contraire, on devra lire ses paroles à la lumière des lieux parallèles ou même simplement du contexte (tlomp. ^0//, VII, 6, g et VII, 7, 8, 10 ; x, ig et xvi, 23. Voir encore Joli, 111, 16 ; VII, 8, 21 ; XXIV, 24, coll. Gen., xui, 13 ; ps. ciii, 16 ; Jerein., xxxi, 15 ; etc.).

V. Historicité du poème de Job. — Le livre de Job est un poème où l’auteur a mis beaucoup du sien, c’est évident ; mais nous tenons le fond de cette composition littéraire pour historique. — Historiques les amis de Job, Eliphaz, Baldad, Sophar et Eliu, puisqu’on indique avec soin leur patrie (iv, i ; viii, 1 ; XI, i ; xxxii, 2), et qu’on connaît leur famille. Eliu était lils de Barachcl, de la famille de Ram (xxxii, 2) et descendait de Nachor, frère d’Abraham (cf. Gen., XXII, ai) ; Eliphaz était de la race d’Esaii ; Baldad se rattachait à Abraham i)ar Gélhura ; quant à Sophar, nous ne pouvons préciser sa descendance parce que nous ne savons rien de la province de Xaaina d’où il était originaire. — Historiques, les discours de Job et de ses amis quant au fond, c’est-à-dire quant à l’ensemble des doctrines et au mouvement des idées ; même aussi quant à la forme générale, en ce sens que les discours de chacun des personnages ont bien réellement le ton personnel qui les distingue dans le poème : Eliphaz parle comme un sage qu’il prétendait être (cf. Job, iv) ; Baldad très vif s’emporte (viii, 2 et suiv.) ; Sophar demeure court parce que moins renseigné ; Eliu, le plus jeune, (xxxii, 4-6) est dilfus et Imaginatif ; Job, l’homme juste et craignant le Seigneur, sait faire le départ des choses ; le plus éloquent de tous est Jéhovali. Mais il reste vrai que le poète a ajouté le rythme prosodique, l’ordre dans lequel chaque discours se présente, et nombre de figures poétiques tendant à rendre la phrase plus saisissante ou seulement à l’embellir. — Historique enfin la théophanie de xxxviii-xLi, xLii, 7, 8 ; car tout nous autorise à le penser : les analogies bibliques, les faits réels auxi [uels cette théophanie se rattache, les circonstances qui raccompagnent, l’absence de raisons sérieuses à opposer. Pourtant le doute est permis ; voir sur ce

point saint Thomas, Exposilia in Job, éd. de Parme, t. XIV, p. 126.

BiiiLiOGnAPiiiK. — Outre les commentateurs de Job dont la liste, on le sait, est très nombreuse, on pourra consulter surtout au point de vue apologétique : Le Hir, f.c livre de Job ; Ghiringliello, J)e libris poolir.is alqne prnpbeticis Auliq. Fœderis, pp. 03-194 ; Vigouroux, Les liyres saints et la critique rationaliste, l. IV ; Lesêtre, l.e livre de Job, Inlrod. ; Chauvin, l.e poi>me de Job (cours lilli.) ; VcW., Histoire de l’Ane. Test., pp. 80-g6, éd. 4 ; Gautier, Introd. à l’Ane. Test., t. H ; F. Prat, article Job, dans le Dictionnaire de la Ilible (Vigouroux).

G. Chauvin.


JONAS. Préambule. — I. Objkotions : i. Objection populaire : Jonas dans la Baleine. 2. Ohjeclion littéraire : Le cantique de Jonas. 3. Objection historique : La conversion de Ninive. 4- Objection théologique : Les sentiments du Prophète.

II. Rl’ : P0NSIÎS AUX OBJECTIONS DANS v’R’S.ÉGÈSS TRAniTIONNEI. I.E.

III. Solution d.vns 1, ’iiYroTiiÈsE d’un écrit didactique.

IV. Ahcuments tour et contre i.’histohiciti’. : Le témoignage de IVotre-.’^eigneur. La tradition des Pères de l’Eglise. Textes importants de S. Grégoire de A’azianze et de Théophylacte. Preuves intrinsèques.

V. Conclusions. VI. BiBLiooRArniE.

Prkambule. — L’histoire de Jonas est bien connue ; à peine est-il besoin de la rappeler brièvement. Ce prophète, ayant reçu l’ordre d’aller prêcher contre Ninive, prend la fuite sur mer dans une direction opposée. Le vaisseau subit une tempête ; par le sort on découvre qu’il en est la cause, et on le jette à la mer. Il est avalé par un grand poisson, du sein duquel il adresse à Dieu un chant de reconnaissance. Au bout de trois jours, rejeté vivant par le poisson, il reçoit de nouveau l’ordre d’allerà Ninive ; à sa prédication, la ville entière et le roi se convertissent. Jonas est allligéde voir que Ninive nest pas ruinée ; et Dieu lui explique ses desseins de miséricorde au moyen d’une comparaison sensible.

On le verra dans la conclusion I, mais il est bon de le dire dès maintenant, pour écarter les diflicultés qui pourraient surgir dans l’esprit de quelques lecteurs : par crégèse traditionnelle on n’entend point une exégèse liée à la Tradition dogmatique, mais simplement l’exégèse commune dans l’Eglise catholique, ce qui est essentiellement différent.

I. Objections. — i. Objection populaire : Junas dans lu baleine. — « Voici un des faits contre lesquels les incrédules et les prétendus esprits forls se récrient avec plus d’insolence ; ils triomphent en relevant les impossibilités qu’ils croient remarquer dans l’histoire de Jonas… » Ainsi débute la dissertation de doin Calmet « sur le poisson qui engloutit Jonas ». L’aventure du prophète sert de thème à des plaisanteries plus ou moins spirituelles, tout à fait à la portée du vulgaire. Voltaire n’a pas manqué de rexi)loilcr. Renan regardait le livre de Jonas comme <( le seul livre de la littérature hébraïque à propos duquel on soit amené à prononcer le mot de drôlerie » (Histoire du peuple d’Israil, t. lll, p. 51 i)- r)e temps en tcmpsun journaliste, uneonférencier, pour ridiculiser la Bible qu’il ignore à fond, se contente de montrer Jonas et la baleine, une fois de plus, et.