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JESUS CHRIST

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plus persuasif el plus important ! Soulignant ce dernier trait, on serait tenté de voir le si^^ne de Jonas dans sa prédication, d’opposer à son luessaife bien accepté le niessasfe incompris de Jésus. L’application du sigue porterait d’abord sur la prédication, indirectement sur toute la carrière publique du.Maitre, miracles et résurrection coiiipris. La majorité des exégètes libéraux et nombre de catholiques se sont orientés dans cette voie i. Us font remarciuer que l’incident des trois jours dans le poisson n’a guère pu fournir un signe aux Ninivites ; que le contexte dans saint Malliicu, xii, 4’» et le texte de saint Luc, xi, 2930, opposent la foi des Ninivites croyant à la prédication do Jonas à l’incrédulité des Juifs en face de la prédication de Jésus ; que l’exemple de la reine du Midi s’expliquerait mieux ilans cette liypotlièse.

416. — Le verset 40 de saint Matthieu : ( signe de Jonas » doit s’entendre avant tout de la résurrection 2.

417. — Sans vouloir contester la probabilité de la première interprétation, nous avouons préférer celle-ci. La violence manifeste qu’autrement on fait subir au texte : « car, tout ainsi que Jonas…, ainsi le Fils de l’homme, iiT-î/j /y : p-- o^-r^i… ii, ne se justifierait ([ue par la quasi-impossibilité de garder aux expressions leur signification habituelle. Or cette impossibilité n’existe aucunement. Ni la nature du <i signe », ni la parole de Luc, xi, 30, qu’on allègue à ce propos (a De même que Jonas a été un signe pour les Ninivites, ainsi sera le Fils de l’homme pour cette génération-ci »), ne l’imposent le moins du monde. Je dirais presque : au contraire ! La comparaison porte sur l’ensemble de la mission de Jonas, histoire et message. Le c signe », c’est la figure suscitée dans le souvenir des auditeurs de Jésus par la mention de Jonas. Celte menlion évoquait, avec

1. Le grand.Maldonat l’avait déjà ouverte, au moins comme une issue possible et plausible. Parmi les critiques lib**i-aux, on peut consulter par exem[)le Ed. Revss, Hîst’iire évangéhque, 1876, p. 287. Plus radicaux, quelques mofIerns traitent d’infeVpolation pure et simple tout ce qui a li-ait au d signe de Jonas ». -insi.. Loisy, à titre conjectural (Les Evangiles Synoptitjups, I. 1007, p. y94). En ce cas, dit-il, il faudrait renvoyer l’intei-polution « à une époque foit ancienne, voisine de celle où la rédaction des Syno[>tiques peut être considérée comme af rètée définitivement ». B.’eiss admet que le si^rie est la résurrection ; Joh. Weiss, le jugement ù venir ; Ad. Harnack, la [irédicûlion au sens large du mot : « Un prophète est venu !))

Parmi les auteurs catholiques qnî ont vu dans la prédication du Sauveur, prise d’ensetnble, le sij^ne de Jonas, il faut mentionner.i.Sl., lfred Durand, Pourquoi Jr^ts a parlé en paraboles, dan » les Etudes du 20 juin 1906, t. (^ VIT, p. 7fi’t et note ; et A. van IIoonacker, les Douze petits Prophètes, Paris, lïlOS, p., 520-32.5.

2, En ce sens, avec des nuances diverses, et après tous les Rnci**ns..l. Kn.vuenbaufr. Commentnrius in Mattltæum, I Paris, 1802, p. 501 ; TheodorZAHN, Das Evangelium des Maltkæus ausgelegl", Leipzig, 1910, p. 473.

l’épisode miraculeux des trois jours el trois nuits passés dans l’abîme, et cette dramatique survie, célébrée par le cantique du prophète, l’édifiant exemple des Ninivites se convertissant en foule à la voix de Jonas. L’histoire connue de tous fournissait ainsi, par ses deux points saillants : la miraculeuse aventure, l’étonnante conversion, tous les éléments d’un f signe », d’un maclial, d’une parabole prophétique conforme au génie d’Israël et à l’économie de la manifestation messianique. Il y avait là ombre et lumière, comparaison et contraste, clarté pour les âmes droites et aveuglement pour les méchants. Comme le vieux prophète arraché aux portes de Shéol fut, par sa prédication et tout son effort (quelles raisons de se faire croire donna-t-il aux Ninivites, nous n’en savons rien et peu importe ici), le signe dans lequel les gens de la grande cité reconnurent, pour leur salut, l’appel divin, ainsi Jésus ressuscité, et prêché comme tel, sera le « signe de contradiction » autour duquel s’accomplira le grand partage au sein de la génération qui l’écoutait. Celle génération veut des signes ? — Le signe qui lui sera donné, c’est le message pascal scellant et entérinant, au nom du Père céleste, toute la prédication de Jésus, et produisant celui-ci devant tous comme le nouveau Jonas, échappé de l’étreinte de la mort. Mais la génération des fils d’Israël sera moins docile à l’appel de Dieu, moins habile à discerner les signes des temps, que l’auditoire de Jonas. Les Ninivites se lèveront au dernier jour pour condamner ceux qui auront péché contre une telle lumière. Tout le passage est donc prophétique et le second Jonas, c’est Jésus ressuscité ; encore que, au moment de la prédiction, il touche déjà du doigt et souligne douloureusement l’esprit charnel el chimérique qui se manifeste el provoquera bientôt, dans la généralion qui l’entoure, n l’adultère » définitif, suivi de la répudiation et du châtiment divin.

Celte interprétation, qui tient compte de l’exégèse traditionnelle, est aussi la seule littérale. Elle acquiert une nouvelle probabilité de l’étude suivante, sur le signe du Temple réédi/ié.

Le signe du Temple réédiflé

418. — Jésus vient de chasser les vendeurs du Temple :

Les Juifs répliquèrent donc et lui dirent : « Quel sij ; ne nous montrez-vous, qui [vous autorise à] agir ainsi.’» .lésus répondit en ces termes : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai [de ses ruines], » Les Juifs dirent en conséquence : « Ce temple a été élevé en quarante-six ans, et vous, en trois jours, vous le relèverez ? u (Mais lui parlait du temple de son corps. Quand donc il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit ceci, et ils crurent à l’Ecriture et aux paroles que leur avait dites Jésus.) Jo., 11, 18-23.

Pendant l’interrogatoire, la nuit que Jésus fat litre ; on cherche des témoignages contre lui :

Finalement deux [faux témoins] s’avancèrent, disant : Cet homme a dit : (( Je puis dctroire le Temple de Dieu et après trois jours le réédifier. » Ml, , xxvi, 61.

Et quelques-uns se levant déposaient faussement contre lui. disant : « Nous-mêmes l’avons entendu dire : Je détruirai ce temple fait de main d’homme et après trois jours j’en réédificrai un autre, non faitde main l’homme ! » Et. même ainsi, leurs témoignages n’étaient pas concordants. Me., XIV, , ">7-59.

Sur le Calvaire :

Et ceux qui passaient-là le bafouaient en branlant la tète et en disant : u Toi, l’homme qui détruis le Temple et le réédiûes en trois jours, sauve-toi [donc] toi-même, si