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JESUS CHRIST


la liste glorieuse. Tous ont vu le Christ ressuscité : leur parole, leur foi, Irur vie entière peuvent servir de garants à ceux qui, par eux. ont cru.

364. — A côté de ce témoignage, si ferme et si dense en sa brièveté voulue, il faut placer les récits touchant la résurrection, tels que nous les ont gardés les évangiles. La plupart, et probablement tous, dans leur forme actuelle, ont été rédigés après les épîtres aux Corinthiens et indépendamment d’elles : ils nous disent plus et moins que celles-ci. Une rapide allusion à l’apparition du Seigneur à Pierre, mise par Paul en un relief singulier (Le, xxiv, Z !) ; rien de l’apparition à Jacques’. En revanche, plusieurs apparitions circonstanciées, dont Paul ne souille mot.

Soit à cause de leur importance, soit à cause des ditficultés qu’ils soulèvent, ces récits réclament une particulière attention. Après les avoir cités dans leur intégralité, nous étudierons brièvement leur caractère et leur condition littéraire. Puis, ayant rapproché les fragments anciens qui peuvent, à côté d’eux, présenter quelque intérêt, nous formulerons les résultats historiques de notre enquête.

B. — Les récits évangéliques de la résurrection

365. — Après le sabbat, à l’aube du premierjour dusabbat [notiveau, Marie de Magdala vint, avec l’iuitre Marie, voir le tombeau. Et voici un grand tremblement de terre : un ange du Seigneur, descendu du ciel, s’avança, fit rouler la pierre [qui fermait le sépulcre] et s’assit dessus ; sa face [brillait] comme 1 éclair, et son vêtement était blanc conuiie neige. De la peur qu ils en eurent les gardes furent terrifiés et comme frappés de mort. Or l’ange, s’adressent aux femmes, dit : « Vous, ne craig : nez pas : car je sais que vous clierchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici ; il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez, vovez la place où il gisait. Et vite, allez, dites aux disciples qu il est ressuscité des morts, et voici qu’il vous précède en Galilée. l » à. vous le verrez. Je vous ai dit. n

Et s’en allant d’auprès du monument, avec crainte et grande joie, elles courureut annoncer [la chose] aux disciples. Et voici que Jésus se présenta au-devant d’elles et leur dît ; « Salut ! » Elles, s’approcbant, embrassèrent ses pieds, et se prosternèrent [ainsi^ devant lui..-Vlors Jésus leur dit : « Ne craig"nez pas ; allez, annoncez à mes frères qu’ils aillent en Galilée, et là ils me verront. »

Comme elles allaient, quelques-uns des gardes vinrent en ville et annoncèrent aux princes des prêtres tout ce qui était arrivé. S’étant [donc] réunis en conseil avec les anciens, [ceux-ci] prirentune forte somme qu’ils donnèrent aux soldats en disant : « AflSrmez : ses disciples sont venus la nuit et l’ont pris, pendant que nous dormions. Et si la chose arrive aux oreilles du procurateur, nous [le] calmerons et nous vous empêcherons d’être inquiétés. » Eux prirent l’argent et firent comme on le leur avait dit. Et cette version s’est répandue chez les Juifs jusqu’à ce jour.

1. L’Evang-ile selon les Hébreux, sorte de doublet roman* ce, très ancien, de notre premier évangile, se chargea de combler cette lacune par un récit d’allure fort suspecte. Texte rapporté par S. Jluôme, de Vi/i* ir/lusirihus. Il ; dans les Aniilegomena-d’Erwin pKErscnEN, Gîessen, 1905, Uebràerevan^eîiiini, frag. 18, p. 7-8 : « L’Evangile qu’on appelle selon les Hébreux, que j’ai naguère traduit en grec et en latin et qu’Origène utilise souvent, raconte, après la résurrection du Sauveur : Après ai’oir donné le suaire au serviteur du prêtre, le Seigneur nUa vers Jacques et lui apparut, car Jacques avait fait te serment de ne pas goûter de pain à partir de l’heure où il avait bu le calice du Seiîfneur jusqu’au moment où il le verrait ressusciter des morts. Et. un peu plus loin ; u Apportez, dit le Seigneur, une table et du pain. » Et aussitûtaprès on ajoute : // prit le pain^ le bénii^ le rompit et en donna à Jacques le juste et lut dit : u Mon frère^ mange ion pain, car le Fils de l’homme est ressuscité des morts. »

Or, les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que leur avait marquée Jésus, et le voyant ils se prosternèrent, maie quelques-uns doutèrent. Et s’approchant, Jésus leur parla en ces termes : x Toute puissance m’a été donnée, au ciel et sur terre. Allez donc et faîtes de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur enseignante garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle [présent]. » Mt.^ xxviii.

366- — Le sabbatpassé, Marie de Magdala, Marie [mère’de Jacques et Salomé achetèrent des parfums jtonr aller lui faire les onctions [d’usage Et de très bonne heure, le premier jour du sabbat [nouveau], elles viennent au monument, comme le soleil était déjà levé. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre hors de la porte du monument ?)> Et avant regardé, elles virent que la pierre — qui étuit fort grande — avait été roulée de côté. Et entrant dans le monument, elles virent un jeune homme assis à droite, revêtu d’une robe blanche, et elles furent saisies de stupeur. Mais il leur dit : u Ne sovez pas [ainsi" saisies. Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié. Il est ressuscité, il n’est pas ici. Voyez la place où on le déposa. Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée. Là vous le verrez comme il vous l’a dit. r Lors, sortant, elles s’enfuirent du monument, prises d’un tremblement, hors d’elles-mêmes. El elles ne dirent rien à personne ; elles avaient peur’… .Vf., XVI, 1-8.

367. — Etant ressuscité le matiu, le premier jour du sabbat [nouveau], il apparut d abord a Marie de Magdala, , de qui il avait chassé sept démons. Elle, s’en allant, l’annonça à ceux qui avaient été avec lui et qui étaient dans l’affliction et dans les larmes. Or ceux-ci, entendant dire qu’il vivait et qu’elle l’avait vii, ne crurent point. Après cela il se manifesta, en une forme différente. à deux d’entre eux qui cheminaient, allant à la campagne : à ceux-ci’les autres disciples] ne crurent pas non plus. Fioalement il apparut aux Onze eux-mêmes, comme ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur parce qu’ils n’avaient pas cru à ceux qui l’avaient vu ressuscité.

Et il leur dit : a Allez dans le monde entier, et prêchez l’Evangile à toute créature. Qui croira et sera baptisé sera sauve ; qui ne croira pas sera condamné. Or voici les signes qui accompagneront [la parole de^ ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démous j ils parleront des langues nouvelles : ils saisiront [impunément ^ les serpents et s’ils boivent quelque breuvage d& mort, il ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux malades, qui seront guéris, w

Or donc le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu, et eux, s’en allant, prêchèrent partout, avec l’assistance du Seigneur qui confirmait leur parole par les miracles qui l’accompagnaient 2. 3/c., XVI, 9-20.

1. Marc décrit admirablement le premier moment, tout à l’étonnement et à la crainte. Nous savons que les femmes se ressaisirent, que la joie se mêla, comme il arrive, à l’effroi initial, et les rendit capables de transmettre leur message. Voir H. B. Swete, The Gospel according io S. Mark’^, p. 398-390.

2. C’est délibérément que j’ai distingué, des huit premiers versets, ce qn’on est convenu d’appeler la (( finalede Marc ». Ou sait que létat de la question textuelle n’autorise pas à assimiler, sans plus, les versets 9-20 aux premiers.’Là-dessus, entre autres, la dissertation du P. Lagba : sck, Evangile de saint Mare, ^, p. ^2fi-439.) D’autre part, ce morceau est incontestablement canonique ; et on décretrécent de la Commission biblique (26 juin r-’ll) ne permet pas à des catholiques d’affirmer comme une vérité démontrée — ce qui d’ailleurs serait, du simple point de vue critique, fort téméraire — que saint Marc n’est pas l’auteur de ces versets. (Sur le sens et la portée du décret, Ferdinand Prat. La Question synoptique, d&ns les Etudes du 5 décembre 1912. p. 598-015.^

Il ne peut étro question de discuter ici la question d’auteur. Qu’on attribue ces versets à nne reprise postérieure, .