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JESUS CHRIST

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vient, et à mon serviteur : « Fais ceci », et il le fait. » Entendant ceci, Jésus admira cet homme, et se tourtiânt vers la foule qui l’accompagnait, il dit : n Je vous le dis, même en Israël, je n’ai pas trouvé une foi semblable ! d Et les commissionnaires, étant retournés à la maison, trouvèrent le serviteur en bonne santé.

Et il an-iva qu’ensuite il allait à la ville appelée Nain, accompagné par ses disciples et une fouie nombreuse. Gomme il approchait de la porte de la ville, voici qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère — qui était veuve — et une foule considérable [de gens] de la ville était avec elle. Et la voyant, le Seigneur eut compassion d’elle et lui dit : « Ne pleure plus. » Et, s’avannant, il toucha la civière. Les porteurs s’étant arrêtés, il dit :

« Jeune homme, je te le dis, lève-toi ! » Le mort se dressa

sur son séant et commença de parler, etf.Iésus] le rendit à sa mère. El la crainte s’empara de tous [les témoins], et ils glorifiaient Dieu… /.r, , vii, 6*^-16.

333. — Peu après, surviennent les envoyés du Baptiste : en leur présence, Jésus guérit plusieurs i malades, délivre des possédés, rend la vue à beau- ! coup d’aveugles, Lc, iii, 21. Suivent divers enseignements, le touchant épisode de la pécheresse repentante, et Texposition des paraboles concernant le Royaume de Dieu.

Il advint en un de ces jours qu’il monta on barque avec ses disciples et leur dit : « Passons sur l’autre rive du lac. o Et ils s’embarquèrent. Et comme ils naviguaient [Jésus] s’endormit. Et un tourbillon de vent s’abattit sur le lacet [leur barque] s’emplissait d’eau et ils étaient en péril. S’approchant donc ils le réveillèrent, disant :

« Maître, maître, nous sommes perdus ! n Mais lui, s’étant

levé, gourmauda le vent et la trombe d eau, et ils s’apaisèrent, et le calme se ht. Il leur dit ; « Où est votre foi ? » Eux, pleins de frayeur et stupéfaits, se disaient les uns aux autres : « Qui donc est celui-ci qui commande aux vents et au flot — et ils lui obéissent ? » Lc, viii, 22-26.

Dans la région de Gérasa vivait un redoutable énerguniène, qui avait brisé les fers dont on essayait de l’entraver. Nu, hurlant, gitant en sauvage dans les tombeaux, ce malheureux offrait dans sa personne, en même temps qu’un danger public, le raccourci de la tyrannie maléfique des esprits qui le possédaient. A l’apparition de Jésus, un court dialogue s’engage entre eux et le Maître : sur un dernier mot de celui-ci, l’homme est délivré, tandis que la bande évincée pousse au lac un grand troupeau de porcs qui paissait dans ces environs. Les gardiens s’affolent, vont prévenir à la ville et atix champs. En face de cette perte matérielle, qui mettait en une lumière vive la malfaisance des démons, tout en étant plus que compensée par la guérison du terrible possédé, que chacun pouvait voir, dans son sang froid et convenablement vêtu, aux pieds du Maître, les gens de Gérasa subirent avant tout Timpression d’une grande terreur et demandèrent à Jésus de s’éloigner, Lc, viii, a6-38.

334. — A peine le Maître est-il de retour.

Voici que vintun homme du nom de Jair. chef delà synagogue. Tombant aux pieds de Jésus, il le priait d’entrer dans sa maison : il avait une fille unique, àgér- de douze ans (]ui te mourait. Comme Jésus s’y rendait, les foules [le serraient] a l’ëtouffer. Or une femme qui avait depuis douze ans un flux de sang habituel et n’avait pu être guérie par personne, s’approcha par derrière et toucha la houppe de son manteau, et aussitôt le flux de sang [dont elle souffrait] s’arrêta. Jésus dit ; » Qui est-ce qui m’a touché ?)> Et comme chacun s’en défendait, Pierre dit : « Maître, les foules vous pressent et vous écrasent ! » Mois Jésus dit : (( Quehpi’un m’a touché, car j’ai senti qu’une vertu soi-lait de moi.)) Voyant donc la chose découverte, tremblante, la femme vint et tombant à ses pieds proclama devant tout le peuphi la raison pour laquelle elle l’avait touché et comment elle avait été guérie sur-le-champ. Mais lui : (f Ma fille, dit-il, la foi t’a sauvée ; va en paix, » Comme

il parlait encore, survint quelqu’un de chez le chef de la synagogue, disant ; « Ta dlle est morte, ne tourmente plus le Maître. » Mais Jésus, ayant entendu, répondit [a Jair] : (t Ne crains pas, aie seulement la foi et elle sera sauvée, » Venant donc à la maison, il ne laissa entrer personne avec lui, hormis Pierre, Jean et Jacques, avec le père et la mère de l’enfant. Tous criaient et se lamentaient sur elle. Mais lui : « Ne pleurez pas, car elle n’est pas morte, mais elle dort ! » Et ils riaient de lui, sachant qu’elle était morte. Mais lui, la saisissant par la main, 1 appela disant : (( Eniant, lève-toi. » Et l’esprit revint en elle, et elle se leva sur-le-champ, et il ordonna de lui donner à manger et ses parents furent dans le ravissement. Lc, viii, 41-56 ^

Et appelant les Douze, il leur donna tout pouvoir et autorité sur tous les démons, et pour guérir les maladies, et il les envoya prêcher le Royaume de Dieu et guérir… Et les apiUres étant revenus lui racontaient tout ce qu’ils avaient fait. Et les prenant avec lui il se retira en une ville nommée Bethsaide. Mais les fuules l’ayant su l’accompagnèrent : il les accueillit, leur parla du Royaume de Dieu et guérit ceux qui en avaient besoin. Le jour commençaità s’incliner : s’approchant [donc] de lui, les Douze lui dirent : « Renvoyez la foule, afin qu’ils aillent dans les bourgs et hameaux des environs se mettre à 1 abri et trouver des subsistances, car ici nous sommes dans un désert. » Il leur dit : « Donnez-leur à manger vous-mêmes. » Mais eux : c( Nous n’avons pas plus de cinq pains et de deux poissons ; — ou bien faut-il aller et acheter pour tout ce peuple de la nourriture ? n Car il y avait là environ cinq mille hommes. Il dît à ses disciples : » Faites les s’étendre par tables decinquante environ. » Ils accomplirent ce [qu’il leur ordonnait] et les firent tous s’étendre. Lors, prenant les cinq pains et les deu.x poissons, ayant regardé le ciel, il les bénit, les rompit et les donna aux disciples pour être servis à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta ce qui restait en trop : douze corbeilles de morceaux. Lc, ix, 1-2, 10-lS.

335. — Dans la série de miracles que nous venons de transcrire (ils se pressent dans cinq chapitres d’un seul de nos évangiles) on aura remarqué la place tenue par les expulsions de démons. Place considérable, d’autant que le reste de nos récits n’est pas moinsexplicite sur ce point. Marc en partieulierle met dans un extraordinaire relief. A ce propos, quelques explications ne paraîtront donc pas inopportunes, le genre de merveilles auxquelles il est fait allusion ici étant fort particulier’.

Les expulsions de démons

3â6- — Il est d’abord certain que les évangélistes n’ont pas prêté sur ce point à Jésus des croyances communes de leur temps, que le Maître n’aurait pas partagées. Sur peu de sujets son attitude est plus nette : en dehors des quatre faits d’expulsion narrés en détail et faisant partie de la double ou de la triple synopse (l’homme de la synagogue de Capharnaiim, il/c., i, 28-28 =i/.c., IV, 33-37 ; l’énergumène de Gérasa, 3//., VIII, 20-34 : =i^/c., v, 1-20 ^=Ac., VIII, 26-39 ; ’^ *^’*^ de la Chananéenne, Mt., xv, ai-28=r 3/c., vii, 24-30 ; l’enfant possédé par un démon qui le rendait sourd et muet, Mt., xvii, i^-ai = : Mc, ix, 18-29 = : Lc, ix. 37-42), presque tous les rappels généraux de l’activité miraculeuse de Jésus comportent distinctement cet élément à côté de guérisons proprement dites.

1. La matière a été récemment traitée, du point de vue anglican, par W, Menzies Alexvnder, Dcnionic possession in the Sc^v Testament, Edinburgh. r. » 02. Je cite cet auteur pour son mérite propre, et aussi parce qu’il semble avoir échappé au prof. J. Smit, dont le mémoire De Dæmoniaris in historta eranî^elica^ Rome, 1913, est une véritable somme de la question. Je me suis beaucoup servi de cet ouvrage, où l’on trouvera, entre autres, une liisloire complète de l’exégèse touchant ce point particulier et l’indication de presque tous les travaux antérieurs.