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JliSUS CHRIST

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faits extraordinaires dont il est question appartiennent à la substance même d’une liistoire véridiijue. Leur réalité n globale » (et quoi qu’il en soit d’un épisode en particulier ou de quelque détail) s’impose donc à tout esprit non prévenu. Elle s’impose au point que, parmi nos adversaires, ceux qui comptent n’osent plus la rejeter en bloc’, et opèrent un discernement dans la matière miraculeuse pour des raisons qui ne sont ni littéraires, ni liistoriques.

De plus, ces mêmes faits, à lesconsidérer en gros, et dans l’interprétation commune que leur ont donnée amis et ennemis, sont en connexion certaine, parfois explicite, toujours manifeste, avec la mission divine de Jésus de Nazareth.

Après cela, il ne reste plus qu’à examiner si ces faits merveilleux sont vraiment des signes divins. Cet examen doit se dédoubler, nous l’avons vu. Est-il certain que, dans le cas, il y a eu miracle, « effet qui excède la force naturelle des moyens qu’on y emploie » ? Cette conclusion n’estelle pas ébranlée par les objections subtiles qu’on tire, en notre temps, de l’action des forces peu connues, de la suggestion, de la " foi qui guérit » ? — Et enlin, la carrière thaumaturgique du Christ étant reconnue surhumaine, est-elle assez noble, signiliante, spirituelle et digne de Dieu, pour que nous puissions honnêtement voir en elle un signe, une autorisation divine, un sceau providentiellement imprimé sur la mission de Jésus ?

Réalité des miracles comme tels

380. — Laissons ici de côté les merveilles accomplies en faveur du Christ, et marquant d’une trace lumineuse les origines, les tournants principaux et la Un de sa vie terrestre. Ne parlons que de celles qu’il a faites. El, pour restreindre noire enquête, adressons-nous à un seul des Synoptiques, le troisième.

Dès le début de la prédication du Seigneur, à Capharnaiim,

Il y avait dans la synagogue un homme en piiîsstince d’esprit impur, et il criait à grande voix : « Laissez. Qu’y a-t-il entre nous et vous, Jésus de Nazareth ? Etes-vous venu nous perdre ? Je sais qui vous êtes : le Saint de Dieu. » Jésus lui dit avec rudesse : « Tais-tui : sors de cet homme 1 » Et l’ayant jeté par terre au milieu, le démon sortit sans lui faire aucun mal. Et tous, saisis d’épouvante, se disaient les uns aux autres : « Quelle est cette parole-ci ? Il comrrande aux esprits impurs, d’autorité, avec puissance, et ils sortent ! m Lc, iv, 33-37.

Immédiatement après,

S’étant levé, [Jésus sortit] de la synagogue et entra dans la maison de Simon. La belle-mère de Simon était malade dune grosse fièvre, et ils le prièrent pour elle. Se penchant sur elle, il commanda j » la fièvre, qui la quitta. Et incontinent fia miraculée] se leva et les servait.

.u soleil tombant, tous ceux qui avaient des infirmes atteints de nialaJics variées les lui amenèrent : et lui, imposant les mains à chacun d’eux, les guérit. Et, de beaucoup, des démons sortaient, criant et disant : « Vous êtes le Fils de Dieu. » Et les menaçant, il ne les laissait pas parler… U., ! v, 38-41^

331. — A ces premières merveilles, d’autres vont succéder, de toute sorte :

Quond Jésus" eut fini de parler, il dit à Simon : a Poussez au large et vous jettertz vos filets pour la pèche. » — «.Maître, répondit Simon, nous avons peiné

1. Voir par exemple le témoignage de M. Percv G.tBD-NEK, Exploratio eviin^elica-, London, 1907, p. 22^1.

2. P.scAL, /’enjc’ïj, Section XIII, éd. BruDschvicg ma/or, III, p. 2112.

toute la nuit sans l’ien prendre, maïs sur votre parole je jetterai les filets. » Et l’ayunl fait ils prirent une masse énorme de poissons, et leurs filets se lompaieiit. Et ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir leur prêter main-forte. Ils vinrent et remplirent les barques à les couler bas. Ce que voyant, Simon Pierre tomba

« ux genoux de Jésus, disant : « Eloignez-vous de moi, car

je suis un pécheur. Seigneur ! » Car I épouvante l’avait saisi, lui et ses compagnons…

Et comme [Jésus] était dans une ville près du lac], voici un homme plein de lèpre : à la vue de Jésus il se prosterna, la face en terre, disant : « Seii^neur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir, u Etendant la main, [Jésus] le toucha en disant : « Je le veux, sois purifié ». Et aussitôt la lèpre disparut, et il lui recommanda de r ; e le dire à personne… Mais le bruit se faisait de plus en plus autour de lui, et l’on venait en foule l’entendre et se faire guérir de ses infirmités. Mais lui se retirait dans des lieux solitaires et [y] priait longtemps.

Et il arriva un de ces jours-1^, comme il enseignait :

— il y avait là assis autour de lui des Pharisiens et des docteurs de)a Loi venus de tous les bourgs de Galilée, de Judée et de Jérusalem, et la puissance du Seigneur [lahvc] était avec lui, pour guérir’. Et voici des gens portant sur un lit un homme qui était paralysé : ils chercliaienl à l’entrer et à le mettre en face de lui. Et ne trouvant pas le moyen de l’entrer à cause de la presse, ils montèrent sur le toit et desce.-.dirent l’homme avec sa couchette, à travers les tuiles, [et le mirent] au milieu, en face de Jésus. Voyant leur foi, il dii : « Homme, tes péchés te sont remis. » Tous les scribes et les Pharisiens commencèrent à ratiociner, disant : « Qui est cet homme qui blasphème ? Qui peut remettre les péchés, hormis Dieu seul ? » Mais Jésus, ayant pénétré [le sens de] leurs raisonnements leur dit : « Pourquoi ra’sonnez-vous ainsi dans vos cœurs ? Quel e>t le plus ai ?é de dire : Tes péchés te sont remis.

— ou de dire : Lève-loi et marche ? Or, pour que vous sachiez que sur terre le Fils de l’homme a pouvoir de remettre les péchés ii, — il dit au paralytique ; o Je te le dis, lève-loi, prends ta couchette et va chez loi. » El s’étant levé incontinent, aux yeux de tous, il prit [le lit] sur lequel il irisait et retourna chez lui en louant Dieu. Le, V, 3-10 ; 12-U -, I7--2R.

333. — Un peu plus lard, c’est un homme dont la main desséchée est guérie, par simple commandement, dans la synagogue, un jour de sabbat. Lc, vi, 6-12. Puis, après le choix des Douze,

Etant descendu avec eux, il s’assit dans une plaine et [avec lui] un grand nombre de ses disciples et une grosse foule de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et des confins de Tyr et de Sidon. qui étaient venus l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. Et ceux qui étaient molestés par des esprits impurs étaient guéris, et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une vertu sorlait de lui et les guérissait tous. Lc, vi, 17-20.

Après le discours considérable qui suit, et le retour à Capharnaiim, on apprend qu’un centurion a un de ses serviteurs, un de ceux qui lui étaient précieux, à toute extrémité. On intercède auprès du Maître : le centurion est ami d’Israël, il a même édifié une synagogue. Or, tandis que Jésus se dirige vers la demeui-e de cet homme, voici des amis du solliciteur qui se présentent :

<i Seigneur, disent-ils au nom du centurion, ne vous mettez pas en peine ; je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; aussi ne me suis-je pas estimé digne de venir vers vous. Mais dites un mot, et que mon serviteur soit guéri. Car moi, je suis un homme constitué sous une autorité et j’ai sous [la mienne] des soldats. Et je dis à celui-ci : « Va », et il » a, à cet autre : « Viens ». et il

1. Sur la traduction (et le texte quelle suppose et qui semble critiquement presque certain ; Jjvotut ; Kjptyj v £’? ri 117$^t v.-jzoj) voir par exemple.K. Plu.mmeb. The Gospel according to S.Luht^, Edinburgh. réimp. de lilOS, p. 152.