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JKSUS CHRIST

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images apocalyptiques (qu’il connaît et qu’il emploie) constituait le fonds religieux des prophéties escliatologiques. Pour lui, le jugement du Fils a déjà commencé de s’exercer : le Fils, pas plus que le Père, ne cesse son travail dirin (Jo., v, 17). La prédication de Jésus est en eirel, pour chaque homme venant au monde.l’occasion du choix décisif : mis en contact avec elle, chacun se juge soi-même et, selon la qualité de ses œuvres, vientà la lumière ou se perd dans les ténèbres. La sentence linalc qui, au dernier jour, dans l’éclat d’un appareil inouï, séparera le troupeau humain en groupes irréductibles, cette même sentence se prononce déjà dans le secret du chois humain, semence de vie éternelle jmur les uns, germe de mort pour les autres (Jo., v, 21 sqq.). Cette option n’est pas le fruit d’un instinct spontané, aveugle, irréfléchi : dans chaque élu capable de l’entendre, l’appel du Père se consomme par un libre choix. Le témoignage des œuvres, merveilles de sainteté ou de puissance, le témoignage de l’Esprit, l’exaltation du Fils de l’bomræ mort et ressuscité : autant de motifs de bien choisir, et qui rendent inexcusable celui qui choisit mal. Mise en demeure de se prononcer, la génération contemporaine de Jésus, dans la masse de ses représentants officiels, a fait son choix, qui est mauvais. Elle n’a pas été attirée par le Père. Elle a préféré des intérêts humains à la gloire de Dieu. Laissez-les faire, ils sont déjà condamnés ; sans doute a le salut vient des Juifs » ; en posant sa tente sur la terre d’Israël, le Verbe incarné est venu « chez les siens ». Mais l’heure arrive que toutes les barrières charnelles s’abaisseront devant les adorateurs en esprit et en vérité ; l’heure est venue à laquelle Dieu se choisit, au lieu et place de ceux qui se sont endurcis, des ûls d’adoption, aussi nombreux que ceux qui ont a reçu le témoignage de Fils unique ». L’événement premier est ici montré dans ses résultats déhnitifs, acquis lorsque Jean écrivait, au soir de la génération primitive. L’adoption par toute l’Eglise chrétienne de l’évangile johannique et de l’interprétation qu’il donne sur ce point, tout en jetant un jour singulier sur l’état d’esprit des croyants à cette époque’, n’élude pas pour autant les paroles prophétiques rapportées par les.Synoptiques. En approfondissant le coté intérieur et spirituel des prédictions, Jean n’abolit pas les autres, et l’inlluence des graves avertissements du Maître n’a pas cessé de s’exercer.

S94. — Les mêmes devoirs de vigilance continuent de s’imposer dans l’attente de la venue du Fils de l’homme, — de celle qui consommera sa gloire et le jugement du monde. L’accomplissement éclatant des prédictions concernant la ruine et la dispersion d’Israël, est un garant de la vérité des autres. La réalité du don prophétique de Jésus reste donc, en tout ce qu’on peut vérilier, au-dessus de toute contestation fondée.

1. Celte acceptation, pratiquement sans conteste, de l’évaneile tardif de Jean est un indice, entre autres, du grand fait constant qui réduit à leur valeur les affirmations ))assionnées des « eschalologistes » à outrance ; fait que M. Maurice Blokdfi. résume dans ces lignes : ic S’il est vrai que la génération apostolique a vécu dans le désir et la certitude du retour procliain de Jésus, si c’est là ce que les celles directs de la prédication du Maitre avaient répété comme lessentiel du message primitif ; si le ressort initial du dévouement au Sauveur et des sacrifices consentis a été l’espoir escompté du triomphe béatifiant, comment donc la foi a-t-ellc survécu à I immense déception ? Comment s’est-elle épurée, fortifiée, propagée avec une rapidité et une extension déconcertante au moment où ill.semblait faillir aux promesses qui paraissent >ux « esrhatologistes ») être la cause humaine de ses premiers succès ? 1) Histoire et Dogme, la Gbapelle-Montligeon, 1904, p. 27.

« Alors Jésus-Christ vient dire aux hommes qu ils n’ont

point d’autres ennemis qu’eux-mêmes, que ce sont leurs passions qui les séparent de Dieu, qu il vient pour les détruire el pour leur donner sa gr.’ice, afin de faire d’eux tous une Kglise sainte, qu’il vient ramener dans cette Kglise les païens el les Juifs, qu’il vient détruire les idoles des uns et la superstition des autres. A cela s’opposent tous les hommes… Tout ce qu’il y a de plus grand sur la terre s’unit : les savants, les sages, les rois. Les uns écrivent, les autres condamnent, les autres tuent. Et nonobstant toutes ces oppositions, ces gens simples et sans lorce résistent à toutes ces puissances et se soumettent nicme ces rois, ces savants, ces sages, et ôtent l’ido-Ifttrie de toute la terre. Et tout cela se fait par la force qui l’avait prédit’. »

4. — Jésus thaumaturge

395. — Pour être un signe certain et sortir son plein elîet apologétique, le miracle doit, nous l’avons vu, réaliser certaines conditions. L’application de ces règles peut se faire à tout événement merveilleux, qu’une seule des conditions vienne à manquer, c’est assez pour éliminer du domaine apologétique tout un ensemble de faits ou de présomptions, quel que soit par ailleurs leur intérêt. On a beaucoup |iarlé naguère des « miracles » revendiqués par la petite école qui professe un panthéisme émanatiste à nuance bouddhique sous le nom de « nouvelle théosophie «. Au récit des prodiges qui s’accomplissaient dans le sanctuaire d’Adyar, près de Bénarès (Indes anglaises), la Société des Itecherches psychiijues.de Londres, s’émut. Elle délégua surplace une commission composée d’observateurs rompus à ce genre d’enquête ; un rapport détaillé fut rédigé par M. R. Hodgson. On peut le lire dans les Proceedingsde la Société - ; il conclut nettement à l’inanité des faits prétendus. La vérité historique manque aux « miracles de la théosophie ».

596. — D’autres fois, les faits extraordinaires, à les supposer réels, n’authentiquent pas la mission du thaumaturge ou n’autorisent pas, du même coup tout ce qu’il enseigne, faute d’une connexion établie entre ceci et cela. C’est en ce sens qu’on interprétera, si on les croit véritables, les prodiges accomplis par le pope Jean lUitch Sergueieff.plus connu sous le nom de Père Jrande Cronstadt^ ; ces merveilles, opérées généralement au moyen de l’eucharistie, n’étaient jamais présentées par le thaumaturge comme liées à la vérité de 1’  « orthodoxie » russe, qu’il professait^. Sur ce point donc, la vérité de connexion historique fait complètement défaut.

597. — llarriveenfinqueles faitssont réelsetliésà un mouvement religieux qu’ils tendent manifestement à autoriser. Tels furent les bizarres prodiges, mis hors de doute par un grand nombre de témoignages contemporains et concordants, opérés par les Com’iilsioriiiaires jansénistes, à partir de l’jSo environ’.

1. Pascal, Pensées, secl. xii, éd. Brunschvicir major, III, p. 225..

2. Proceedini*5 of the Society for psychicaï Research^ LonWnn, décembre 1884 : Report on Phænomena connected ivith ihensopky, -’^ 200-401. — Sur la tliéosophie en pfénéral, Le lotus bleu, par l’auteur du présent article, Paris, 1905, et G. C. Maktindai.f, T/iensophy, London, î9Vi.

3. Voir contre : E. M. de Vor.ilK, Le miracle de Kont~ chans/ioié, dans Journal des Débats du 8 octobre Î901 ; et surtout A. Ratel, Echos d’Orient ^ IX (janvier 1906), p. 44 sqq. ; plutôt pour : A. Stærck, dans la Préface de Ma vie en Dieu- du P. Jean dk Cronstadt, Paris, s. d. [1905].

4. Sur toute la question, J. Poricky, dans Slavorum Lilteræ thrologicae. Prague, III, 190*, p. 69 sqq.

5. Voir dans ce Dictionnaire, l’article Contclsion-NAiRcs de Mgr G. J. M’affelært, vol. I, col. 705-713.