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FRANC-MACONNERIE

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le Conseil <le l’Ordre, qui préside à l’orienlation et à la direolifin de la maçonnerie ; ii°) d’un Grand Collège des liite.’i, qui préside au culte des traditions, au maintien des doctrines ; 3°) d’une Conr de Cassation, pouvoir jvuliciaire qui remplace les ateliers des juges inquisiteurs ». Le Conseil de l’Ordre, composé de 33 membres, a un bureau de 6 membres et se]) ! commissions permanentes : selon le mot du sénateur Dbsmons, son ancien président, il sert « d’intermédiaire entre les loges du Grand-Orient et le pouvoir civil j>. C’est donc lui qui imprime à la politique gouvernementale cette direction spéciale qui rend de plus en plus vraies les paroles prononcées par le F.-. LuciPiA, le l décembre iSgft, à la loge de la Fraternité des Peuples : « On dit partout maintenant que nous ne sommes pas en Républicpie, que nous sommes en Franc-Maçonnerie ; le mot est de l’éA’êque GoutheSouUiril. Eli bien I Il aurait raison, cet évêque, si Franc-Maçonnerie et République n’étaientpas précisément la même chose. » (Bull, du Gr.-. Or.-., 1895, p. /167.)

Combien de membres représentent les 684 loges françaises’^jjLes annuaires ne donnant pas de cliillVes, il faut s’en tenir à de vagues appréciations comme celle de la Lumière maçonnique, où on lit(février 1910) que « la loge latine se réduit à 40 membres ». Cela ferait 26.5O0 maçons, sans compter les maçonnisés. Les loges étrangères sont beaucoup plus peuplées (76 à 80 membres dans la loge anglo-saxonne, 130 dans la loge germanique) ; mais chez nous le groupe est d’autant plus virulent qu’il est plus concentré :

« Il n’y a guère que nous, maçons latins, qui nous

soyons manifestés jusqu’ici comme un facteur indiscutable du progrès humanitaire, — dit la f.umi’ere marunnirjue (même numéro). — Nous avons modifié quelquc cliose dans le monde, et ce n’est pas iiiii, puisque nous ne sommes pas encore sortis de l’ère des tâtonnements du début. « 

A l’étranger, la maçonnerie manifeste, en effet, des tendances bien dirt’éi’cntes : elle s’est adaptée aux milieux dans lesipiels elle s’est développée, et, dans tel pays protestant ou monarchique, elle paraît être restée avissi « déiste », qu’elle l’élait chez nous au XVIII’siècle, et aussi royaliste qu elle était impérialiste sous l’Empire. La haine antireligieuse ne [uédomine que dans les i.300 loges des » a.ys latins et catholiques, loges qui subissent du reste d’une façon plus ou moins étroite riniluenec du flrand-Orient français : telles les loges de la maçonnerie italienne,

« plus que toute autre sœur de la maçonnerie française » (O. Wiirni, I.e f.ifre de l’Apprenti, p. 9ri) ; telles

aussi celles de la maçonnerie espagnole « qui se distingue par son activité » (il/id.. p. 97). — Chez les autres nations, les diverses puissanccs maçonnitiues,

— il y a de par le monde 107 Grands-Orients ou Grandes Loges, — reslent autonomes au point de vue de leurs doctrines comme de leur action, et présentent entre elles presque autant de dill’crences qu’il en existe entre les sectes protestantes.

En Allemagne, les 54.200 maçons (divisés en 13 puissances) ont rompu avec notre Grand Orient lors de la suppression du « Grand Arcliilecle ». La Grande-Mère Lope Nationale aux Trois Globes (lô.SSg membres) et la Grande Lo^e Nationale des Francs-Maçons d’Allemai^ne (13.844 membres) n’accordent l’initiation qu’aux [irofanes chrétiens. Leurs travaux consistent soit dans l’étiule (h^ l’histoire maçonnique, soit dans celle de la philosophie maçonnique, telle qu’elle a été exposée au xviiie siècle ]iar Lessing, HkkdivM, FicuTE, etc. La haute bourgeoisie libérale, qui fréipienle les ateliers, favorise toutefois le mouvement populaire qui s’est dessiné contre l’autocratie prussienne : « L’empereui-Guillaume II nestiias Fr.’.

M.-, comme le fut son éminent grand-père, le F.-. Guillaume I", — lit-on dans le I/erold berlinois du 29 nov. 1908. Pour la Maçonnerie, cela vaut mieux, car ce qu’elle devient maintenant, elle le devient par sa propre force : mais nous souhaitons à l’empereur de trouver toujours autour de lui des hommes ne craignant pas de lui dire ce qui est nécessaire, avec la franchise et fraternité maçonniques, des hommes pouvant ne pas être des niMres, pourvu qu’ils soient pénétrés de notre esprit. » — Remarquons que les deux Grandes Loges citées tout à l’heure ont pour protecteur le prince de Prusse, Frédéric-Léopokl…

Les trois Grandes Loges d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande avaient pour » patron » ou « grand protecteur » S. M. Edouard Vil. — Le prince royal, duc de Connaught, étailGraud-Maitredela’ïro/jf/e Lo^e l’nie d’Angleterre. Georges V sendile marcher sur ces traces. D’illustres personnages figurent parmi les grands officiers. En principe, il faut attester qu’on croit en Dieu pour cire initié. « Dans les loges anglaises,

— écrit dédaigneusement le M.’. Hiram (Acacia de juin 1908, p. 4’7)> — on dit une sorte de messe maçonnique, on prononce par cœur des phrases catéchistiques, … après quoi on va s’asseoir à une table brillamment et plantureusement servie. » Leurs 220.000 adeptes y discutent aussi « des questions politiques, philosophiques et sociales », et r « on y pratique en grand l’éducation mutuelle ».

Dans les 14-459 ateliers des Etats-Unis, les pratiques sont plus opposées encore à celles des loges j latines : « Les maçons américains, — écrit le F.-. O. Virtli dans le I.it’re de l’Apprenti, p. 98, — sont des piétisles fervents et professent pour la Rible une vénération quelque peu superstitieuse. » Ajoutons que dans ce pays « démocratique », on a la manie des hauts grades, et qu’on recherche beaucoup le 32 degré (Prince du Royal Secret). I En 1902, au Congrès maçonnique international de Genève (voir le compte rendu de.M. Paul NorunissoN dans le Correspondant du 25 mai 1903), à la question du programme : « En dehors de tonte obédience et de tous rites, sur quelles bases un rapprochement entre les différentes puissances maçonni ques est-il possible ? », le rai>porlcur, F.’. Jacob (grand-maître adjoint de VAlpinu) constata de suite fpie « la maçonnerie universelle manquait de cohésion et d’unité ». Tandis que les délégués du Grand-Orient entendaient repousser » tout fanatisme i, c’est-à-dire toute croyance religieuse, le délégué de l’Australie alliinuiil que la Franc-Maçonnerie n’aurait une base solide que si elle s’appuyait « sur le roc de la croyance en un Dieu grand et éternel qui nous a révélé tout le devoir de l’homme ». Tandis que les uns allirniaient que le patriotisme devait cire l’une des « vertus cardinales » du maçon, les autres vou-j laient qu’on se ralliât sur le terrain unique de r « amour de l’humanité ». On reconnut que les obédiences maçonniques (dont 33 seulement sur 292 avaient répondu à l’apîicl du Congrès) donnaient vis-à-vis les unes des autres r « exemple de l’intolérance », et linalement il apparut qu’elles comprenaiint deux catégories : celles qui veulent avant tout déchristianiser le monde (France, Italie, Espagne, Portugal, Suisse, Luxembourg, Belgique, Hollande. Hongrie, Egypte, Amér ; que latine…), etcellesqui manirestent un certain lra<litionalisine religieux et social (Angleterre, Prusse, Pays Scandinaves, Américpie du Noril en partie…).

Des divergences d’attitudes et de doctrines entre lesobediences maçonniques, faut-il conclure à l’inexistence de la « conjuration internationale » anticlirélicnnc dont on parle si souvent ? Nous ne le pensons pas, car quelles que soient les attaches que conserve