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JEAANE D’ARC

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Boussac, de (îraville, de Hais el de (^ulan allcreril clierclirr la Sainlc Ampoule qui élail conliée à l’abbc de Saint-Denis. L’abbé la porta solennellement sous un dais et la remit à l’archevêque Heffnaull qui, entouré de son clergé, l’alla déposer au milieu du maitre-aulel. A gauche el à droite du jeune roi se tenaient les six pairs ecclésiastiques et les six pairs laïques. Devant Charles Vil, le sire d’Albret portait l’épée de connétable. A côté, on voyait Jeanne d’Arc, son étendard à la main (i^ juillet 1429).

C)iiand Charles VU eut été sacré et couronné, Jeanne d’Arc se jeta à ses pieds, embrassa ses genoux et lui dit en versant d’abondantes larmes :

« Gentil roi, maintenant est exécuté le plaisir de

Dieu qui voulait que vinssiez à Reims recevoir votre digne sacre, montrant que vous êtes vrai roi et celui à qui le royaume doit appartenir. >> Et pendant qu’elle parlait, les seigneursprésenls pleuraient comme elle. Et tous, mieux que jamais, crurent que ce qu’elle avait fait, elle l’avait fait de par Dieu.

A Reims, il fut doux à Jeanne de revoir et d’embrasser Jacques d’Arc son père. Le roi lui ayant octroyé pour les villages de Greux et Doiuremy l’exemption de toutes tailles et impôts, Jacques d’Arc put en porter à ses concitoyens la bonne nouvelle.

IV. — Après le sacre. Seconde partie de la mission de Jeanne d’Arc

Jeanne avait tenu les promesses faites à Poitiers ; mais il lui restait autre chose à faire : poursuivre l’cinivre du relèvement de la France, l’expulsion totale de l’Anglais, qui ne pouvait être achevée que les armes à la main ; et enfin payer à Dievi par sa captivité, son procès et sa mort, le prix de cette rédemption délinitive du pays.

Le roi, que Jeanne vient de faire couronner, ne tardera pas à la délaisser. Prêtant l’oreille à ses favoris, il espérera de la diplomatie les résultats qu’il n’eut dû attendre que de la force des armes ; el la Pucelle, persistant à combattre quand même pour rester lidèle à sa mission, tombera sous les murs de Compiégne entre les mains de ses ennemis.

Jeanne eût été heureuse de pouvoir après le sacre s’en retourner dans son petit village : le langage qu’elle tint à Regnault de Chartres ne permet pas d’en douter, a En quel lieu. Jeanne, pensez-vous mourir ? » lui demandait le prélat en traversant Crespy-en-Valois. — « Où il plaira à Dieu, répondit la jeune lille ; car je ne suis assurée ni du temps ni du lieu plus que vous-même. > Et elle ajouta : « Que je voudrais qu’il plût à Dieu, mon Créateur, que je m’en retournasse maintenant, quittant les armes, el que je revinsse servir mon père et ma mère, et garder leurs troupeaux avec mes frères. » {Procès, t. iii, p. 1 4-15 : déposition de Dunois, témoin de la scène.) Lorsque Jacques d’Arc prit congé de sa fille à Reims, Jeanne eût pu le suivre, si elle avait voulu ; et elle l’eût suivi si ses voix l’eussent laissée libre. Mais elle ne l’était pas. Après le sacre, ses voix ne la blâmèrent jamais d’avoir continué de porter les armes. Au contraire, en lui rappelant qu’une gloire supérieure lui était réservée, en l’exhortant à ne point « avoir souci de son martyre ; qu’elle s’en viendrait à la gloire du paradis ii, elles donnaient à sa conduite une entière approbation.

Campnofir de t’/te-di’-Finnce. — Le jeune roi ne partit pas le lendemain du sacre pour le prieuré de C.orbigny, où il devait selon l’usage loucher les écronelles. Il ne le fit que le 20. Les 18 el 19 juillet se passèrent à recevoir les ambassadeurs <lu duc de Bourgogne, qui venaient faire des ouvertures de paix. Le jour même du sacre, la Pucelle avait écrit à

Philippe le Bon pour l’engager à se rapprocher du roi. One trêve de quelques jours fut conclue entre les représentants de Philippe et ceux de Charles VIL Le 30 juillet, on prit la route de l’Ile-de-France. Aucune action sérieuse ne marqua cette campagne. Sauf la tentative sur Paris, il n’y eut que des démonstrations se bornant à de simples escarmouches. La renommée faisait plus en faveur du prince qui venait d’être sacré que la force des armes. Jusqu’au 1 4 août, les deux armées, française et anglaise, passèrent leur temps à des marches et contremarches. Le duc de Belhl’ord semblait olTrir la bataille, puis tout à coup se dérobait. Le 17 août, Compiégne se rendait au roi, qui le lendemain y entrait solennellement. Il en fut de même de Beauvais, malgré l’opposition de son évêque, Pierre Cauchon. Le 28 août, donnant suite au système inauguré à Reims, les conseillers du roi, Regnault deChartrcs à leur tête, concluent à Compiégne avec les ambassadeurs de Philippe une trêve qui devait (inir à Noël.

L’échec de Paris. — Ce n’étaient point des trêves de ce genre qui pouvaient procurer une paix durable : la Pucelle comptait ne l’obtenir que par le bout de la lance ». Elle avait suivi le roi à son entrée dans Compiégne le 18 août. Le 23, elle en partait avec le duc d’Alençon et l’élite de l’armée et, le 26, entrait dans Saint-Denis sans coup férir. Paris était l’objectif de la campagne. Charles Vil ne refusait pas de s’y porter ; mais il ne se pressait pas. Après divers messages et instances personnelles du duc d’Alençon, il se décide, el le 7 septembre il vient diner à Saint-Denis. L’attaque est résolue pour le lendemain, fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge.

Des douze mille hommes que couqjrenait l’armée royale, on forma deux corps, l’un de réserve sous les ordres du duc d’Alençon, l’autre d’allaque sous le commandement de la Pucelle : le point attaqué devait être la porte Saint-Honoré. Le 8 au malin, le plan arrêté s’exécute : l’artillerie bal en brèche les remparts. Vers raidi, la barrière du boulevard est en feu, Jeanne commande l’assaut et le boulevard est emporté. Restent les remparts, dont deux fossés, l’un à sec, l’autre rempli d’eau. La jeune guerrière réclame des fascines pour combler le fossé et escalader les remparts. Les fascines n’arrivent pas. On ne cesse pas néanmoins de combattre. En gravissant le revers du second fossé, un Irait d’arbalète atteint la Pucelle à la cuisse. Elle refuse de quitler le terrain du combat, espérant toujours en l’arrivée des secours indispensables. — « Qu’on s’approche des murs, s’écrie-t-elle, el la ville est à nous. Que le roi se montre seulement I » Le roi ne se montra pas, les capitaines laissèrent Jeanne combattre jusqu’au soir avec ses hommes d’armes. Il fallut l’emmener de force, disant : s Par mon marlin, si on l’eût voulu, la place eût été prise. » Elle voulait reconiniencer l’attaque le lendemain et le surlendemain. Le 9 septembre, un ordre formel du roi l’obligeait à se replier sur Saint-Denis. Le 10, elle trouva rompu, toujours par ordre du roi, le pont que le duc d’Alençon avait fait jeter la nuit sur la Seine pour attaquer Paris par la rive gauche. La campagne était terminée. A la force des armes succédaient les habiletés de la diplomatie. Le 13, Charles VII et la Pucelle quittaient Saint-Denis. Avant son départ elle dépose en tf.r-i’o(o dans la basilique sa blanche armure et une épée enlevée a un Anglais. Le 21 septembre, elle arrivait avec Charles à Gien.

Campagne de la Loire. — Compiégne, — Jeanne au pniii’oir des Antilo-Bourgiiignons. — Le premier acte de Charles VII, à son arrivée à Gien, fut de licencier l’armée. Réduite à l’inaction, la Pucelle vint à Orléans, Bonrges, Jargeau, Montfaucon en Berry. Au