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JANSENISME

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elle vint alors en aide à ceux qui Tavaicnl prccé(Jeminenl patronnée. Ils se perpétuèrent donc, grâce à elle, jusqu’à la Constitution civile du clergé.

Depuis la Réforme, l’Eglise catliolique de Hollande était administrée par de simples vicaires apostoliques : Pibrrk dk Neghcassel, l’un d’eux (1686), souscrivit à Konie le formulaire d’Alexandre VII, ce qui ne l’cmpêclia pas, à son retour dans les Provinces-Unies, de protéger les chefs du Jansénisme, et, dans un de ses ouvrages : * Anior poeni-Icns de recto usu clavium (Utreclit, 1683). de favoriser çà et là leurs erreurs. Son successeur, Pierre KooDE, archevêque de Sébaste, suivit en tout ses errements, sauf dans la signature du formulaire qu’il refusa. Il s’attacha ouvertement au parti (1702). Aussi fut-il déposé par Clément XI (3 avril 1704). Lorsqu’il mourut (18 déc. 1710), ses tenants, quesiiellistes comme lui, ne reconnurent ni les vicaires apostoliques ni les nonces envoyés par le Pape, mais ils se rattachèrent aux vicaires généraux qu’avait désignés Kodde, ou à un groupe de sept ecclésiastiques qui prétendait constituer le chapitre cathédral d’Utrecht, supprimé dès le temps de la Réforme.

C’est ce chapitre irrégulier qui consomme le schisme par l’élection d’un archevêque d’Utrecht, Cornélius SrEKXovEN (27 avril i’j23), mais cette nomination n’est pas ratiUée par le Souverain Pontife. Steenoven découvre néanmoins un prélat consccrateur, Dominique Varlet. Ce Varlet, un évêque missionnaire suspens doublé d’un Janséniste obstiné, consacre de même les trois successeurs de Steenoven, <.n 1725, 1734 et i^Sg. Le dernier d’entre eux, Pierre.Ican Meindartz, rétablit, de sa propre autorité, les anciens évêchés de Haarlem et de Deventer. Quoique ces entreprises soient déclarées nulles par le Pape, Meindartz n’en persiste pas moins et il assure de la sorte, avec le fonctionnement de son Eglise, une succession d’évêques qui a continué jusqu’à nos jours.

Les Jansénistes hollandais ne s’avouent pas scLismatiques : ils ne se sont jamais séparés de Rome, assurent-ils ; c’est Rome plutôt qui s’est séparée d’eux. Aussi ils lui notilient soigneusement les élections de leurs évêques ou les décrets de leurs conciles. Le Pape répond par des annulations ondes excommunications, dont ils ne tiennent aucun compte, ce qui prouve combien leur soumission est illusoire et combien justement l’Eglise romaine les renie. Par la doctrine, ils se prétendent orthodoxes, enseignant la pure croyance de l’Eglise, celle de saint Augustin, et réprouvant le Jansénisme condamné, celui des cinq propositions, qui, à les entendre, n’aurait jamais été défendu par personne. Mais ce n’est là qu’une apparente réprobation, digne en tout point des beaux jours du Jansénisme, puisqu’ils récusent obstinément la bulle i’nigcnitus, dont lisent appelé dès 1719, et que, dans les actes de leur assemblée de 1 703, ils ont remplacé, à la mode janséniste, les cin(i propositions par des articles équivo<iues qui en retiennent la substance. Rien qu’à lire lalettre par laque lie ils ont adhéré, le 31 octobre 179’ ! , aux décisions du synode janséniste de Pistoie, on est édifié sur leur orthodoxie. Enfin, dans l’essai de rapprochement tenté près d’eux par un nonce de Léon XII, en 18a6, ils ont nettement refusé de faire une adhésion pure et simple aux constitutions d’Innocent X, d’Alexandre VII et de Clément XI contre le Jansénisme ; on ne leur demandait cependant que de souscrire le formulaire d’Alexandre Vil, brièvement complété par une acceptation de la bulle l’nigenitiis. Cette fois encore, leur attitude et leur réponse ont été de bons jansénistes.

Tome II.

L’Eglise d’I’trecht subsiste encore. Elle a protesté contre la définition dogmatique de l’Immaculée Conception (1851) et contre celle de l’Infaillibilité pontificale (1870). Dès lors elle s’est unie aux Vieit.icatholiques (1872) et, dans cette réunion, s’est quelque peu accrue. En 1807, elle comptait 37 ecclésiastiques, y compris les 3 évêques, et un peu plus de 5.000 laïques ; en 1907, les Vieux-catlioUques romains de Hollande, c’est le nom qu’ils se donnent, atteignaient le nombre de 8.573, avec 31 prêtres et 37 communautés ou paroisses.

Sur ce groupement religieux, son histoire, son caractère nettement janséniste et son état actuel, voir Allmang, L’Eglise jansénisle d’l’trechl ; Malet, L’Eglise fieillc-cathulif/ue d’Utrechl ; s Aken, Le schisme janséniste de Hollande.

E. Le Jansénisme italien (1780-17y4)ETLESYNODB DE Pistoie (1786). — Le caractère principal du Jansénisme parlementaire, en France, fut l’ingérence du pouvoir civil dans le règlement des affaires religieuses, comme l’administration des sacrements ou l’acceptation de la bulle en tant que règle de foi. De ce Jansénisme parlementaire et, en même temps, du Joséphisme, a été tout voisin le Jansénisme italiei} dont l’épisode central est le synode de Pistoie.

Imitant les prétentions de son frère Joseph II, le grand-duc de Toscane, Léopold, s’ingère dans Je gouvernement ecclésiastique et tend à le réformer. Dans ce but, il adresse sur la police extérieure de l’Eglise une lettre circulaire aux évêques de Toscane (7 janv. 1780). Parmi ces évêques, celui de Pistoie et Prato, Scipion Ricci, exerce de l’influence sur le grand-duc. Il entre dans les vues de Léopold et, sur une invitation de sa part, il convoque un synode. L’ouverture en est faite à Pistoie, 18 sept. 1786, et^ deux cent trente-quatre prêtres y prennent part.-Les résolutions de l’assemblée, apparemment rédi-’gées à l’avance par le professeur Tamburini, présentent un résumé fidèle de la doctrine janséniste, , telle qu’elle s’est graduellement transformée. Ainsi les décrets concernant la foi et l’Eglise, la grâce et 1, : ’. matière des sacrements, renouvellent clairement les erreurs de Baïus, de Jansénius et de Quesnel. D’autres articles recommandent plusieurs ouvrages censurés comme les Réflexions morales, ou blâment certaines formes de prières et des dévotions usitées dans l’Eglise, entre autres la dévotion au Sacré Cœur. Enfin, le Synode remet des pétitions au grand-duc, réclamant de son autorité diverses rél^ormes relatives aux empêchements de mariage, aux serments, aux fêtes chômées, à la délimitation des paroisses, à la réduction et l’unification des ordres religieux, à la réunion d’un concile national. Par ces décrets audacieux et sa façon de procéder, le synode de Pistoie n’est pas sans avoir du retentissement.

Léopold, encouragé par ce premier succès, songe à préparer le concile : il réunit donc les évêques de Toscane, mais leur assemblée est la contre-partie du synode (23 avril-5 juin 1787). Les trois évêques de Pistoie, de Colle et de Chiusi favorisent seuls les idées nouvelles. Force est au grand-duc d’abandonner son projet de concile.

Publiés en italien d’abord (1788), puis traduits en latin (Acta et décréta synodi dioeces. Pisloriensis, 1791), les actes du conciliabule de Pistoie sont, sur l’ordre de Pie VI. sérieusement examinés : la bulle Auclorem fidei (28 août 179/1) les condamne bientôt. Quatre-vingt-cinq propositions, extraites de ces actes et décrets, sont insérées dans la constitution et rangées sous l^ ! ^ titres, chacune portant sa qualification propre. Sept d’entre elles sont notées comme

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