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ISLAMISME ET SES SECTES

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prit l’aspect d’un parti politique et militaire. Les croyants et leurs adversaires eurent recours aux armes. Les comljats curent la proi)orlion de petites escarmouches entre tribus ; les ell’ectifs engagés claienl faibles, un millier d’hommes à peine dans les i|uatre premières années de l’hégire. Il y eut un combat à Bedr, où il !) Musulmans délirent, auprès des puits, g50 Koréïehiles. lue autre rencontre eut lieu l’année suivante à Ohod. Les Koréïehiles avaient 3.000 hommes, dont 700 munis de cuirasses, que commandait.Vbou Sofyan, l’ancêtre des khalifes Oméyades, l’ennemi le [dus acharné de Mahomet. La lutte demeura indécise. Deux ans après il se forma contre les croyants une coalition comprenant des Koréïchites, des tribus juives et diverses tribus arabes, païennes ou chrétiennes. On appelle cette campagne l’alTaire du fossé : les coalisés, arrêtés devant Médine par un fossé qu’avaient construit les Musulmans, se débandèrent au bout de quelque temps pour vaquer aux nécessités de la vie pastorale. Ces petits combats rendirent en somme Mahomet maître de la région de Médine.

Six ans après l’hégire, le prophète désira faire le pèlerinage de la Mecque. Il passa un traité avec les Koréïehiles qui le lui permirent pour l’année suivante. Il employa celle année-là à réduire les Juifs des environs de Médine ; il prit leurs châteaux et les expulsa.

La septième année, Mahomet entra à la Mecque en pèlerin ; il y revint l’année suivante à la tête de 10.000 Musulmans, et y rentra en conquérant, mais sans coup férir. Il soumit ensuite diverses tribus en .Arabie, et détruisit leurs idoles, qui étaient des pierres ou des souches. Puis il s’avança jusqu’aux conGns de la Syrie, avec l’idée de combattre Us armées d’HéracIius ; mais le projet n’eut pas de suite cette fois.

Revenu à la Mecque, Mahomet j’accomplit un nouveau pèlerinage très solennel, et il fit ses adieux au peuple sur le mont Arafat. Il rentra à Médine, où il s’occupa de préparer la guerre contre les Grées ; mais bientôt il tomba malade et mourut entre les bras de sa jeune femme Ayéchah (13 Rébi 63a). Son corps fut enseveli parles soins d’Ali, et déposé dans un tombeau à Médine.

Un grand nombre d’historiens arabes ont raconté la vie de Mahomet : TABAni, Maçoudi, Abou’l-Fkda, etc. Parmi les ouvrages spécialement consacrés à ce sujet, les plus célèbres sont ceux d’IsN Ishak (trad. allemande par Wiisteni-eld, 1858-60), et de Wakidi, trad. allemande abrégée par Wellhause.v, 1882. — La vie de Mahomet a été écrite, en Occident, par : SrnENGER, Das l.ebenund die lelire des Muhannnad, a’éd., 1869 ; KnBnL, Das Lehen des Muhammed, 188^ ; Mum, Tlie life of Mahomet, 1858 ; Nôli)Eke, Das lehen Miihammeds, 1863. — L’étude critique des traditions les plus anciennes semble devoir moditier quelque peu l’iilée que l’on s’est faite jusqu’ici de la vie et du caractère du prophète arabe. V. en ce sens une sorte d’article programme de H. Lammens, Qoran et tradition, comment fut composée ta vie de Slahomet, 1910.

— Sur les débuts de l’islam, et sur la tradition, v, les belles études de I. Goldziuer, Miihammdanisclie Studien, ainsi que la monumentale publication du Prince de Theano, Annali delV islam, igoS et suiv.

II. Le Coran. — Le Coran est la prédication de Mahomet, recueillie fragmentairement i)ar ses adeptes. Mahomet lui-même n’écrivait pas ; ses auditeurs inscrivaient les passages de ses discours qui les avaient le plus frappés, sur des tablettes, des omoplates de chameaux, des feuilles de palmiers ou des pierres ; beaucoup de croyants apprenaient par cœur

des fragments de sa prédication ; ceux qui ensavaienl de longs passages étaient appelés les « porteurs du Coran v. D’ailleurs Mahomet lui-même conçut le Coran comme un livre, bien qu’il n’en ait pas reçu la forme durant sa vie.

Peu de temps après sa mort, beaucou[) de « porteurs du Coran » périrent dans une bataille ; et Omar, craignant que le texte corani<iue ne vint à se perdre, conseilla à Abou Bekr, alors khalife, d’en faire rassembler les fragments. Une première recension fut faite par les soins d’un jeune homme, Zéïd lils de Tàbit, qui avait été secrétaire du Prophète. Cette rédaction ne fut pas la seule ; il y en eut d’autres, dues à des recenseurs plus ou moins autorisés. Alin d’éviter les contestations qui pouvaient naître de la présence de divers textes, le khalife Otmàn lit établir par un conseil une rédaction, basée sur celle de Zéïd, et il ordonna ensuite de brûler toutes les autres.

Ce procédé réduit à peu de cliose l’exégèse coranique. On ne peut guère discuter que sur les points diacritiques, les voyelles, et quelques rares variantes, presque toutes peu importantes, conservées par les traditionnistes. Les Chiites ont tenté d’ajouter au Livre saint une soui’ate (v.Nôldeke, Gescliiclite des Qorâns, ii. 221).

Le Coran se compose de 114 suiirales, c’est-à-dire chapitres ou fragments. Ces sourates ont toutes un titre ; elles sont disposées par ordre de longueur, les plus longues en tête, selon l’usage adopté par les orientaux pour les divans des poètes. En étudiant avec soin les indices contenus dans le texte, on arrive à rétablir l’ordre chronologique pour une partie des chapitres. Il en est qui contiennent des faits dont la date est connue par la tradition historique, d’autres peuvent être classés par l’allure générale du discours : les plus lyriques, les plus enthousiastes, sont les premiers (v. Nôldeke, Geschichte des (Jonins, 2° édit., 1909).

Le Coran a été aussi divisé en heures (aonràd) pour l’usage des Musulmans jjieux. On voit, dans les manuscrits, au-dessus de certains mots, des signes qui indiquent les accents de la psalmodie. Le Livre saint ne doit être ni traduit ni imprimé ; la France en a pourtant fait imprimer en Algérie une édition à bon marché pour les indigènes.

D’après la doctrine de l’islam, le Coran est la parole de Dieu ; il était communiqué au Prophète par l’archange Gabriel. La révélation a parfois varié au cours de la prédication raahométane ; on admet, en théologie musulmane, que certains versets ont été abrogés par une révélation ultérieure. Le Coran, parole de Dieu, fut censé incréé et éternel comme Dieu ; c’est la doctrine orthodoxe. Des rationalistes, appelés Motazclites, ont pensé que le Coran était éternel pour le fond, mais que, dans la forme, il était créé. Le khalife Mamoun admit cette opinion et l’érigea en dogme. Deux de ses successeurs, Motassem et Wàthlq, persécutèrent même les docteurs pour leur imposer cette croyance ; mais l’un d’eux, qui subissait la torture en présence de Wàthiq, sut toucher ce khalife et le ramener à l’orthodoxie. Les su[)plices furent aussitôt a|)pliipiés aux partisans de l’opinion contraire (W. P.vTTON, Jlimed tlin llanlial and tlie Milina).

Le Coran a été souvent commenté par les docteurs arabes. Les principaux commentateurs sont’lABAni, ([ui fut en même temps un grand historien. Iîkïuavvi, et ZAMAKHCHAni, qui fut aussi un moraliste délicat et un philosophe à tendances rationalistes. Leurs commentaires ont été impriuus, mais non traduits.

— L’édition stéréotype du Coran est celle de Fi.iiGKL. Parmi les traductions, on peut citer celles de Kazi-MinsKi en français, de Rodwell et de Sali ; en anglais.