Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 2.djvu/574

Cette page n’a pas encore été corrigée

1135

ISLAMISME ET SES SECTES

1136

royaume de Dieu attendu avec la lin du monde ne prouvent pas un conflit de doctrines empruntées, mais les elForts impuissants de leur pensée, juxtaposés par exemple dans le livre d’Hénocb. La date des morceaux les plus anciens de ce livre peut être fixée vers 150 ; les Gàthas existaient-elles alors ? Les conjectures dans Hénoch sont d’une réflexion fort avancée sur ces problèmes.

II faudrait assigner des points particuliers. La résurrection est le principal. Xous avons dit déjà qu’il est difficile de faire remonter très haut la croyance des Perses. Elle leur est venue ensuite de la réforme et pour la compléter. Dans Israc ! , elle fait partie, d’après les Pharisiens contemporains de Jésus, de la foi nationale, et elle s’appuie sur des textes qu’on ne peut pas en tout cas faire descendre aussi bas que 150 av. J.-C.

D’une façon générale, on constate que les Perses ont été bien plus entraînés par les Sémites qu’ils n’ont eux-mêmes agi sur leurs sujets conquis. Le phénomène des temps historiques ne serait même que la suite d’une action plus énergique encore, exercée par les Sémites sur les Iraniens et les Hindous quand ils ne formaient encore qu’un seul groupe, si l’opinion d’ÛLDENDERG (La religion du Véda, p. 508) était conlirraée, que l’idée morale s’est fait une place dans le panthéon hindou et a pris corps surtout dans un chœur de dieux lumineux, d’origine probablement étrangère, car, pour ces dieux lumineux, Varuna et Ahura avec Milhra, l’origine étrangère serait, selon le morne savant, une origine sémitique.

Mais nous arrivons iciàun domaine trop inexploi é et trop éloigné de l’objet de cette étude.

Bibliographie. — Outre les ouvrages cités plus haut, on pourra consulter : AVeisbach, Die Keiliiischriften der Achameniden, Leipzig. 191 1 ; F. "WolIT, Aesta, die heiligen Biicher der Parsen, iibersezt auf der Grundlage von C. Barlholomae’s altiranischen Wôrterbuch, Strassburg, 19 10.

A. V. W. Jackson, Zoroasler, the prophet 0/ ancie/U/ran, New-York, 1899 ; de Harlez, Introduction à l’histoire de l’Avesta, Paris, 1881 ; Casartelli, Philosophie religieuse du Mazdéisme sous les Sassanides. Louvain, 1881 ; le même, article Avesta, dans The cathulic Encrclopædia ; Hovelacque, L’Avesta, Zoroastre et le Mazdéisme, Paris, 1880 ; Lelimann, Les Perses, dans L’Histoire des religions, deChantepie de la Saussaye, trad. franc., Paris, 1904 ; Moulton. Zoroastrianism, dans A dictionary of the Bit/le : Carnoy, La Hetigion des Perses, dans Chrislus, manuel d’histoire des religions, Paris, 1912 ; Labourt, Iraniens et Perses, dans Où en est iliistoire des religions, Paris, 191 1 ; enfin on trouvera d’excellentes indications, peu favorables à l’antiquité de l’Avesta, dans les ouvrages de M. Gumont sur Mithra.

Fr. M.-J. Lagrange, O. P.


ISLAMISME ET SES SECTES (L’). — I. Les origines ; Mahomet. — II. Le Coran. — III. Doctrine. — IV. Organisation. — V. Mystique ; Confréries. — VI. Sectes philosophiques. — VII. Le Chiisme et les religions qui en sont dérivées.

I. Lea origines ; Mahomet. —

Avant Mahomet, l’unité politique des arabes n’était i>as constituée. La Mecque était une ville importante, centre commerçant et religieux. Son sanctuaire ancien, appelé la Kaahah, était un lieu de pèlerinage fréquenté par les tribus de race arabe. Ce pèlerinage était en même temps une foire. Les Mecquois envoyaient leurs caravanes dans la Syrie du Sud, et ^ ers la Mésopotamie du côté de Hîrah ; dans ces deux régions les Arabes avaient des colonies avancées. Le Yémen, au sud de la Mecque, était possédé par les Persans au moment de la naissance du prophète. Auparavant il avait été gouverné par une dynastie chrétienne de princes abyssins. La population était chrétienne ou païenne ; les ofliciers persans étaient mazdéens. Le paganisme de l’Yémen nous est connu par les inscriptions hiniyarites ; c’est une conception religieuse assez limitée, d’un caractère doux.

Au nord de la Mecque florissait Médine, alors appelée Yatrib : le nom de Médine (Médinet en-nabi) lui fut donné après l’hégire et signifie « ville du prophète ». Les Juifs étaient assez nombreux dans la ville et dans les bourgs des environs. Au nord-ouest de la péninsule arabique avait fleuri naguère la civilisation nabatéenne qui était alors éteinte ; on en voit d’assez beaux restes à Médaïn Sàlih et à Pétra ; les Arabes ne la connaissaient plus que par des légendes. Le centre de r.rabie était sillonné par des tribus païennes nomades ; le sud et l’est nous restent obscurs. Des Judéo-chrétiens existaient en petit nombre parmi les Arabes ; on en a quelques indices, par exemple les poésies d’Omaya Ibn Abi-Salt. La langue arabe était apparue assez récemment et mystérieusement. Elle avait déjà une pléiade de poètes fort admirés des diverses tribus, dont le plus célèbre est Antar.

Maiicmet naquit en 5-o à la Mecque. Il appartenait à la tribu Koréïchite, la plus iniportanle de la cité. Il était fils posthume, et petit-fils d’Abd-el-Mottalib, qui fut le véritable prince de la Mecque pendant de longues années. Un oncle prit soin de lui et réleva dans le commerce. On dit que dans sa jeunesse il alla conduire une caravane en Syrie, pour le compte de Khadidjah, une riche veuve, et qu’il rencontra dans ce voyage un moine chrétien avec lequel il s’entretint. Ce récit a été contesté ; mais il esteertainement vrai au moins pour le fond ; c’est-à-dire qu’il est visible que Mahomet eut une certaine connaissance de la vie monastique chrétienne. A son retour il épousa Khadidjah.

Il eut des relations avec Zéïd fils d’Amrou ; c’était un judéo-chrétien qui voulait restaurer la religion d’Aliraham. Mahomet médita en ce sens, se retirant fréquemment dans une grotte du mont Ilirah, voisine de la Mecque. Sa prétendue mission lui fut donnée à l’âge de quarante ans. Comme il était en contemplation au mont Ilirah, il eut une vision ; l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire l’angeGabriel, fondit sur lui, en lui disant : « prêche » ou « récite)> (iqra), et il lui inculqua des versets signifiant : Allah est Dieu unique, et tu es son prophète. ».llah était le nom donné à Dieu par les Judéo-chrétiens.

Les débuts de la prédication de Mahomet furent diflîciles ; elle ne fut d’abord accueillie que de quelques personnes, parmi lesquelles Khadidjah et Abou Bekr ; le prophète eut à soutenir les railleries des Koréïchites, ses parents, et les controverses des Juifs. Au bout d’une dizaine d’années, menacé dans sa sécurité, il dut quitter la ville. Il s’en alla avec quelques fidèles à Médine où il avait des synqiathies. Celte fuite est restée fameuse sous le nom d’hégire (émigration). C’est de ce jour que date l’ère musulmane. Il est oniciellement fixé, selon le calendrier ottoman, ni 16 juillet 622. Les croyants qui accompagnèrent Mahomet dans cette émigration sont vénérés par la tradition musulmane ; on les appelle mohadjirs, et les amis qu’eut Mahomet à Médine s’appellent Ansàr (compagnons).

Dès son installation à Médine, la secte nouvelle